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Pomme de terre, Avertissement No 13, 2 août 2024


Météo : températures chaudes et humides, avec précipitations significatives par endroits. Développement de la culture : bonne croissance générale malgré la chaleur, plus laborieuse dans des secteurs plus à l’est. Maladies : aucun cas de mildiou, mais conditions favorables par endroits; progression constante mais prévisible de la brûlure hâtive; évolution d’autres maladies dont la flétrissure verticillienne. Insectes : poursuite de l’activité du doryphore dans plusieurs régions; pression continue de la cicadelle de la pomme de terre; pucerons et altises à surveiller; autres insectes peu problématiques pour l’instant.

 
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES

Pour la période du 26 juillet au 1er août, des températures chaudes et humides ont dominé à travers la province. Le mercure a atteint des valeurs à 30 °C et plus sur plusieurs jours par endroits, dont les 29 et 30 juillet avec 31-32 °C et même jusqu’à 34 °C dans certains secteurs du Lac-Saint-Jean. Les nuits plutôt fraîches en début de période sont devenues chaudes par la suite (voir le sommaire agrométéorologique). Des précipitations hétérogènes ont été enregistrées et seulement en fin de période, soit le 31 juillet (surtout) et/ou le 1er août selon la région. Des bandes d’averses orageuses ont particulièrement affecté la rive-nord du fleuve Saint-Laurent, entre Montréal et Québec. Par exemple, des localités de la Mauricie et de Portneuf (dans la Capitale-Nationale) ont reçu entre 60 à 85 mm en moins de 24 heures, le 31 juillet (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (2 au 8 août), selon Environnement Canada, la forte chaleur en cours laissera place à des températures près ou même sous la moyenne de saison pour des secteurs au nord et à l’est au cours des prochains jours, avec des risques d’averses ou orages dispersés de vendredi à lundi selon le secteur.

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

Les précipitations reçues en fin de période ont permis à la culture de reprendre du galon en plusieurs endroits, car des stress hydriques étaient présents. Cependant, dans les secteurs plus à l’est (Bas-Saint-Laurent, Gaspésie) moins arrosés naturellement, la pratique de l’irrigation ne suffit pas toujours à permettre une croissance favorable avec des plants qui souffrent sous des conditions chaudes et sèches, particulièrement pour des champs de primeurs. Dans certaines régions, les nuits chaudes ralentissent le remplissage des tubercules. La tubérisation est rapportée comme bonne par plusieurs collaborateurs, ce qui annonce une récolte prometteuse si des conditions météo favorables ont lieu. Avec la forte chaleur en cours, des taches nécrotiques sont en hausse dans des parcelles de certains cultivars, dont 'Goldrush' (voir photo). Pour les champs destinés à l'entreposage, les stades évoluent entre floraison (ex. : 'Mountain Gem') et début de décoloration des feuilles (ex : ‘Goldrush’). Une deuxième famille de tubercules apparait par endroits en lien avec une floraison qui s’est étirée, phénomène pas nécessairement recherché à cette période-ci. Les récoltes de primeurs se poursuivent (en mode full swing par endroits) avec de bons rendements et une qualité à la satisfaction des producteurs. Quelques cas de fissures de croissance, difformités ou cœur creux (ex. : cultivar ‘Vivaldi’) sont cependant rapportés. Le développement de mauvaises herbes s’est grandement accentué dans certaines parcelles, dépassant maintenant de beaucoup la canopée des plants. Finalement, il est bon de mentionner que les températures élevées et entrecoupées d’orages n’affectent pas seulement le bon développement des plants par endroits, mais rendent aussi plus difficile les activités de dépistage.
 
Image Agri-Réseau

Nécroses foliaires dans le cultivar 'Goldrush', pouvant être colonisées par Alternaria et autres champignons par la suite
Photo : Patrice Thibault, agr. (RLIO inc.), 30 juillet 2024

 
  
MALADIES

Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté ou confirmé au Québec depuis le début de la présente saison, autant dans la tomate que dans la pomme de terre. Le suivi se poursuit alors que des collaborateurs et autres intervenants continuent à scruter les champs de manière régulière. Les risques de développement de la maladie varient grandement à travers la province. Malgré le temps chaud et généralement sec qui a précédé les précipitations du 31 juillet, des risques ont été identifiés par le modèle prévisionnel MILÉOS. Comme déjà mentionné, des conditions humides (hygrométrie de l’air au-dessus de 89 % avec une température de l’air entre 15 et 25 °C durant au moins 10 heures) peuvent favoriser le développement du champignon. Une protection régulière doit être maintenue en adaptant la fréquence d’application et le choix du produit selon les conditions météorologiques en cours et celles à venir. Il convient de rester vigilant jusqu’au défanage complet des cultures. Le passage d’orages d’ouest en est peut aussi favoriser la dispersion des spores.

Pour plus d’information sur le suivi du mildiou, consultez l’avertissement N° 12 du 26 juillet dernier.

Si la présence du mildiou est suspectée dans votre région ou dans un de vos champs, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller agricole ou l’avertisseur du RAP Pomme de terre. Il est aussi possible pour les producteurs de soumettre un échantillon au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ pour une identification, et ce sans frais.

Selon le site Web USA Blight (PlantAid), aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté au cours de la dernière période en Amérique du Nord. La liste est restreinte à une présence localisée dans 3 états américains : Michigan, New York et Washington. Cependant, ce site n’est pas nécessairement utilisé par tous les intervenants ayant détecté la maladie (comme pour les quelques cas répertoriés en Ontario plus tôt en juillet dans la pomme de terre et la tomate).

Pour un suivi du mildiou avec l’utilisation des capteurs de spores, l'hyperlien suivant montre les captures de spores dans différentes provinces : Alerte Air. On peut y lire des captures récentes au Nouveau-Brunswick, le 26 juillet. Les capteurs de spores demeurent un des outils pouvant aider dans la prévention du mildiou.

L’activité de la brûlure hâtive est maintenant plus généralisée en province, mais elle affecte surtout les cultivars hâtifs (qui sont en sénescence) et aussi ceux en stress (ex. : sécheresse, carences minérales, dommages par des insectes) ou reconnus comme plus sensibles (ex. : 'Vivaldi'). Les cultivars plus tardifs ne présentent pas ou encore peu de symptômes de la maladie présentement, selon les collaborateurs. Les champignons du genre Alternaria (solani, alternata) se développent plus à des températures comprises entre 20 et 30 °C, avec une alternance de périodes sèches et humides, conditions présentes dans certaines régions. On rappelle que des taches nécrotiques, d’origine souvent abiotique, peuvent être confondues avec la brûlure hâtive.

L’activité d’autres pathogènes a été rapportée par certains collaborateurs en cours de période :
  
  • Jambe noire : d'anciens mais aussi de nouveaux symptômes de plus en plus visibles à la suite de l’évasement des plants sous la chaleur et/ou leur sénescence, mais sans impact sur la qualité des tubercules présentement.
  • Gale commune : présence plus marquée aux endroits ayant reçu moins de précipitations (sol sec et chaud), avec de la variabilité selon la parcelle et le cultivar (voir photo).
  • Flétrissure verticillienne : une saison active de ce côté qui se poursuit dans certaines régions (ex. : Centre du Québec, Mauricie, Capitale-Nationale), dont pour 'Goldrush', avec une progression constante du champignon dans des champs, ce qui pourrait affecter le rendement par endroits.
  • Virus : plutôt une stabilité des symptômes associés, mais une contribution à une sénescence plus accélérée de plants par endroits, avec une confirmation à nouveau du PVY (virus Y) par le Laboratoire du MAPAQ (LEDP). Présence notée dans toutes les régions de la province.
  • Dartrose : moins de symptômes rapportés que prévu, avec une présence en légère hausse dans des secteurs du sud et du centre de la province. Une fois identifiée dans un champ, la dartrose, une maladie de faiblesse ou de sénescence de plants, est difficilement contrôlable par la suite en cours de saison.
  • Moisissure grise : symptômes toujours bien présents dans des parcelles plus végétatives (fonds des allées et quelques fois sur du feuillage médian de plants).
  • Moisissure blanche (pourriture sclérotique) : toujours peu d’activité rapportée à travers la province.
 
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Symptômes de gale sur des tubercules (cultivar 'Red Prairie')
Photo : Jean-Francois Chabot, agr (Ferme Patasol), 31 juillet 2024

 
  
INSECTES ET ACARIENS

Le doryphore de la pomme de terre poursuit son activité dans plusieurs secteurs de la province, autant pour la 1re que la 2e génération de larves. Cela demeure une situation inhabituelle par endroits. Dans certaines parcelles, des larves ont disparu plutôt rapidement (à la suite de leur développement plus rapide sous la chaleur) ne laissant que des traces de leur présence. De plus, les adultes estivaux sont de plus en plus actifs et défolient rapidement les plants par endroits, le plus souvent seulement en bordures. Davantage de contrôle foliaire a été nécessaire cette année selon des collaborateurs. On rappelle que si une intervention est requise pour des individus de la 2e génération, il faut opter pour un produit de contrôle de groupe chimique différent de celui utilisé lors du contrôle de la 1re génération, et aussi tenir compte de la date du défanage prévu ou de la récolte pour justifier un traitement.

Selon le piégeage effectué par des collaborateurs, les captures de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) demeurent élevées par endroits, et ce un peu partout en province, dépassant encore significativement le seuil indicatif retenu (25 individus/piège/semaine). Mais une grande variabilité entre les parcelles est mentionnée. Une activité de nymphes est rapportée dans des champs encore non-traités contre cet insecte, autant pour des parcelles sans qu'avec un traitement insecticide appliqué lors du semis. Des symptômes foliaires reliés à leur activité (ex. : nécrose, chlorose) sont également davantage observés, mais encore principalement en bordures de parcelles (voir photo). Ces symptômes peuvent apparaitre plusieurs jours après une activité des CPT. Plus d’information disponible sur ce bioagresseur en consultant ce bulletin d'information.

D’autres ravageurs sont présents dans des parcelles avec certains qui demandent un suivi. On rappelle que si un contrôle est nécessaire pour un ravageur, l’option d’un produit pouvant contrôler également d’autres insectes est à privilégier, au besoin :
  
  • Punaise terne : présence à la hausse d’adultes dans certaines parcelles de quelques régions (ex. : Bas-Saint-Laurent), mais avec des dommages de nutrition limités et sous le seuil de nuisibilité retenu.
  • Pucerons : hausse d’activité dans des parcelles de plusieurs régions, avec des colonies se développant plus rapidement sous la chaleur, mais sans foyer de défoliation de plants. Un contrôle a débuté directement ou indirectement en visant d’autres insectes, localement, en parcelles commerciales.
  • Altise à tête rouge : plus de dommages rapportés dans des parcelles de certains producteurs (ex. : Capitale-Nationale), nécessitant un contrôle pour en limiter l’impact sur la culture, le plus souvent pour des sites avec un historique connu.
  • Pyrale du maïs : des populations localement plus élevées sont en suivi par endroits (ex. : Bas-Saint-Laurent).
  • Scarabée japonais : plus d’observations dans plus de champs (ex. : Lanaudière), mais avec des dommages foliaires limités. À noter que cet insecte est en émergence dans la production de la pomme de terre. Des dommages plus prononcés sont rapportés localement en petites parcelles de jardinage.
  • Tétranyque à deux points : tout début d’activité, très localement, sous du plus vieux feuillage, en bordure de champ (ex. : Capitale-Nationale).
  • Psylle de la pomme de terre : aucune capture réalisée dans le cadre des activités d’un piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.
 
Image Agri-Réseau

Symptômes foliaires associés à l’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT)
Photo : Patrice Thibault, agr. (RLIO inc.), 31 juillet 2024

 
  
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Tout début de colonie de pucerons sous du feuillage de pomme de terre
Photo : Maxime Brière, technol. prof, 30 juillet 2024


  
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. 


 
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

Organisation : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ)
Auteur(s) : RAP - Pomme de terre
Date de publication : 02 août 2024

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