Retour des conditions estivales et de la vitesse grand V pour les suivis à faire : la croissance de la vigne et des mauvaises herbes, l'épamprage, la prévention des maladies, la surveillance des insectes. Bien se préparer avant la pluie et les traitements par temps chauds.
MÉTÉO, PHYTOTOXICITÉ, ETC. : MISES EN GARDE
Des conditions de chaleur sont au programme pour les prochains jours. Attention aux produits que vous utilisez et aux moments auxquels vous ferez vos applications. Des symptômes de phytotoxicité peuvent apparaître lors de périodes de chaleur et d'humidité élevées. Plusieurs produits, dont le soufre, ne sont pas recommandés au-delà de 25 à 27 °C ou en période d’humidité excessive qui ralentit le séchage des produits sur les plants de vigne.
Avant d'appliquer différents produits antiparasitaires, qu'ils soient approuvés en agriculture biologique ou conventionnels, vérifiez les étiquettes pour connaître les interactions et les risques de phytotoxicité qui peuvent survenir; particulièrement lors des applications par temps chaud, à la suite d'un mélange de produits (ex. huile et soufre) ou avec certains cépages plus sensibles. Le site SAgE pesticides est un bon outil pour s'informer sur les produits et mettre ou remettre la main sur les étiquettes des produits. En cas de doute, des tests sur de petites superficies devraient être faits.
Assurez-vous également de faire une rotation des matières actives (groupes de résistance) utilisées.
De plus, plusieurs matières actives sont en ré-évaluation par Santé Canada. Les patrons et doses d'utilisation permis peuvent changer. Référez-vous aux étiquettes et/ou consultez le bulletin d'information No 1 du 6 mai 2021, rédigé par l'agronome Caroline Turcotte.
Finalement, si vous êtes certifié en tant que producteur biologique, avant d'appliquer un produit antiparasitaire, vérifiez auprès de votre certificateur si ce que vous souhaitez appliquer est présent dans sa liste de produits permis. Les différents certificateurs n'acceptent pas tous les mêmes produits. Des changements (ajouts, retraits) ont lieu tous les ans et en cours de saison. Pour vous guider dans vos choix, vous pouvez consulter le bulletin d’information Spécial phytoprotection bio 2020.
DÉVELOPPEMENT PHÉNOLOGIQUE
Depuis le 1er mars, c'est le début des calculs d'accumulation de degrés-jours sur les sites les plus chauds de la Montérégie : jusqu'à 150 degrés-jours en base 10 (DJ10) se sont maintenant accumulés. Des pointes et pousses vertes ainsi que des débuts d'inflorescences (‘Frontenac rouge’ et ‘Marquette’) sont maintenant visibles sur les sites les plus chauds de la Montérégie et des Laurentides.
Depuis la semaine dernière, le développement foliaire a explosé. De très belles conditions estivales sont encore prévues pour quelques jours.
Pour un aperçu de l'accumulation des degrés-jour dans votre région, consultez le document Degrés-jour vigne saison 2021.
Consultez Agrométéo pour un visuel provincial de l'état d'avancement du développement des cépages à débourrements hâtifs et semi-tardifs ainsi que d'autres modèles bioclimatiques sur la vigne. Attention à la date de début des calculs. Certains modèles débutent le 1er avril, alors que pour la vigne, les degrés-jours sont accumulés à partir du 1er mars.
MALADIES
Épamprage et prévention des maladies
Les spores de mildiou passent l’hiver dans le sol, sur les parties infectées l’année précédente (surtout les feuilles). Au printemps, lorsqu’elles sont matures, les spores sont disséminées sur les parties vertes de la vigne, par les éclaboussures, lorsqu’il pleut. C’est la raison pour laquelle les premiers symptômes du mildiou (taches jaunes puis sporulations blanches) sont souvent observés sur des pampres près du sol.
Le retrait des rameaux non fructifères (pampres) et de certains bourgeons permet d’optimiser l’aération et l’activité photosynthétique des vignes. Pour obtenir les meilleurs résultats tout en optimisant les opérations, l’épamprage et l’ébourgeonnage devraient être pratiqués au stade « 1 à 2 feuilles déployées ».
Réaliser ces opérations trop tôt ou tard en saison n’est pas optimal pour la culture ni pour les finances. Des méthodes mécaniques et chimiques sont disponibles pour réaliser l’épamprage.
Si vous n'avez pas le temps de faire tout le vignoble avant la pluie, concentrez-vous sur les zones où il y avait du mildiou l'an dernier.
L’adoption de bonnes pratiques d’épamprage dès les premières années suivant la plantation de la vigne rendra les travaux d’autant plus faciles lors des saisons subséquentes. Avec l’épamprage et l’ébourgeonnage, on vise à conserver entre 10 et 25 rameaux par mètre linéaire (le double pour les conduites Scott Henry et Smart Dyson) selon le cépage, l’âge des plants et leur vigueur.
Avec les conditions estivales des derniers jours et la pluie prévue vers la fin de la semaine, il est temps de commencer à penser à protéger vos vignes, surtout si vous avez des antécédents de maladies et/ou des cépages réputés plus sensibles à celles-ci.
Voici les maladies pour lesquelles une attention particulière devrait être portée avant la pluie :
Mildiou
Les stades critiques sont « débourrement » jusqu’à la « nouaison » (EL03 à EL27). Pour les cépages sensibles ou les parcelles avec un historique de mildiou, les traitements devraient être faits en prévention avant le développement de la maladie ou lorsque des conditions favorables sont prévues (température entre 18 et 25 °C, pluie). Les champignons qui causent le mildiou ont le potentiel de produire plusieurs cycles d’infection-sporulation. La stratégie de lutte optimale vise donc à bien maîtriser les infections primaires du printemps, à partir du débourrement des vignes, de façon à éviter sa propagation et, ensuite, à réduire les traitements après la nouaison.
Anthracnose
Les stades à risque vont de « première feuille déployée » (EL7) à « véraison » (EL 35). Les traitements contre l'anthracnose peuvent être faits avant la pluie sur les cépages sensibles et/ou les parcelles dans lesquelles la maladie était présente durant les 2-3 dernières années. Toutes les opérations qui contribuent à réduire l'humidité dans la parcelle aident à diminuer la pression de la maladie (drainage, taille, relevage, ébourgeonnage, épamprage, désherbage, etc.)
Pourriture noire
Le stade critique va de « pointe verte » (EL5) à « véraison » (EL35), la vigne est particulièrement sensible au printemps lorsque la vigne est en croissance rapide. Cette maladie affecte les organes en développement (feuilles, vrilles, baies, etc.). Les baies deviennent graduellement résistantes, de 3 à 5 semaines après la floraison. S'il y a un historique de pourriture noire et que des pluies sont prévues, débutez la protection dès le stade « pointe verte » (stade 5). Sur les cépages moins sensibles, les traitements effectués contre le mildiou et le blanc contrôlent la pourriture noire.
Excoriose
Le stade critique va de « pointe verte » (EL5) au stade « 2 à 3 feuilles étalées » (EL9). Lors de conditions humides et pluvieuses, les spores sont éjectées des pycnides présents sur les bois et dispersées sur de courtes distances par la pluie et les éclaboussures d’eau. Au Québec, les cépages ‘De Chaunac’ et ‘Sainte-Croix’ sont très sensibles à sensibles, alors que ‘Baco Noir’, ‘Maréchal Foch’, ‘Seyval blanc’ et ‘Vandal-Cliche’ sont moyennement sensibles.
Blanc
Les stades critiques sont de « 4 à 5 feuilles déployées » (EL12) jusqu’à « véraison » (EL35). Les traitements contre le blanc peuvent être faits en prévention dès les premiers signes de la maladie, en pré et postfloraison. La maladie peut toucher toutes les parties des plants : feuilles, tiges, vrilles et fruits. Les premiers symptômes pourraient être visibles dès la floraison, principalement dans les secteurs ombragés du vignoble.
Parmi les cépages moyennement sensibles on retrouve ‘Seyval’, ‘Vandal-Cliche’ et ‘De Chaunac’, tandis que les cépages tels ‘Chancelor’, ‘Chardonnay’, ‘Riesling’ et ‘Geisenhein 318’ sont considérés comme très sensibles.
Pour la gestion des bois de taille et la prévention des maladies, consultez l'avertissement No 2 du 6 mai 2021. Pour connaître les traitements phytosanitaires associés aux différents ravageurs rencontrés et leurs risques, consultez SAgE pesticides.
INSECTES
Les premières galles de phylloxéra ont été aperçues dans des vignobles de la Montérégie et de la Mauricie. Pour lutter contre cet insecte, il est possible d'intervenir avec des huiles d'été dont certaines sont homologuées en production biologique. En plus d'être efficace contre le phylloxéra, cette application aura aussi un effet contre le blanc et certains acariens.
Attention, certaines conditions doivent être présentes pour assurer l'efficacité des applications d'huile :
- Température supérieure à 15 °C.
- Peu ou pas de vent.
- Pas de gel avant et après l'application.
- Ne pas utiliser en association avec les matières actives captane, folpet et cuivre de 10 à 14 jours AVANT et APRÈS l’application.
- Ne pas utiliser en association avec des produits à base de soufre jusqu'à 30 jours AVANT et APRÈS l’application.
FERTILISATION AU SOL ET FOLIAIRE
Au printemps, la croissance de la vigne est alimentée par les réserves accumulées les années précédentes et emmagasinées dans les bois. À l’approche de la floraison, le besoin des vignes devient plus important, et les racines deviennent actives. C’est à ce moment qu’il faut appliquer les engrais au sol, selon les besoins de la vigne et l’analyse de sol. Le bore et le magnésium sont des éléments particulièrement importants qui peuvent nécessiter des applications d’engrais foliaire dans plusieurs situations.
Le bore favorise pour sa part la fécondation des fleurs et la nouaison. Une bonne alimentation en bore réduit les risques de coulure et de millerandage. Étant donné que le bore est peu mobile dans les plantes, on recommande généralement 2 à 3 applications foliaires avant la nouaison.
Il existe de nombreux fertilisants foliaires, dont plusieurs sont acceptés en agriculture biologique.
POUR PLUS D'INFORMATION
- Affiche de production fruitière intégrée pour la vigne
- Agri-Réseau vigne et vin
- Agrométéo
- Bien préparer votre pulvérisateur
- Bulletin d’information Spécial phytoprotection bio
- Formulaire pour une demande d’analyse au laboratoire
- Gestion raisonnée des principales maladies de la vigne au Québec
- Guide d’identification des principales maladies de la vigne
- Justification et prescription agronomiques
- Programme Prime-Vert
- SAgE pesticides
- Webinaire « Protégez vos cultures, protégez votre santé »
BONNE SAISON 2021!
| Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Karine Bergeron, agronome, et Evelyne Barriault, agronome, révisé par Elisabeth Fortier, agr., M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du réseau Vigne ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
