Météo : températures et précipitations variables. Développement de la culture : opérations de défanage qui s’accentuent; début des chantiers de récolte pour entreposage à plus long terme; quelques défauts à la récolte. Maladies : quelques nouveaux cas de mildiou; progression plus au ralenti de maladies de faiblesse dans des parcelles non défanées; suivi de pourritures de tubercules. Insectes : rien de spécial à signaler. Dernier avertissement régulier de la saison.
Pour la période du 6 au 12 septembre, les températures ont été chaudes au début pour chuter le 8 septembre, puis remonter à des valeurs au-dessus de la moyenne par endroits en toute fin de période. Des nuits fraîches et même froides ont été observées dans des secteurs du nord, mais aussi du sud, avec par exemple des minimums de -1 à 2 °C du 8 au 10 septembre au Témiscamingue, et 3 à 5 °C le 10 septembre dans Lanaudière. À noter des nuits plus douces dans le secteur est de la province (voir le sommaire agrométéorologique). Des précipitations ont eu lieu sur quelques jours, surtout les 7 et/ou 8 septembre, avec des cumuls plus importants dans le nord-ouest (ex. : près de 50 mm au Témiscamingue) et dans certains secteurs à l’est de la province (ex. : 30-50 mm en Gaspésie) (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Le vent a de nouveau soufflé avec vélocité sur certains secteurs, les 7 et 8 septembre, comme dans la région de Québec avec des rafales jusqu’à 65 km/h. Pour la période qui débute (13 au 19 septembre), selon Environnement Canada, des températures chaudes à très chaudes sont prévues partout au Québec, majoritairement sous le soleil, et sans précipitations.
Le défanage pour la récolte d’entreposage est terminé ou se poursuit selon la région et le producteur. Une sénescence accélérée ou naturelle dans des parcelles améliore l’efficacité du défanant utilisé. Les entrées de tubercules pour l’entreposage à plus long terme ont débuté dans des secteurs plus au sud (ou le seront bientôt selon la température). Des collaborateurs continuent à rapporter des parcelles avec une biomasse foliaire plutôt active dans plusieurs régions, toujours en lien avec le cultivar et/ou la régie de production (ex. : rotation, fertilisation, qualité du sol). Pour ces champs, une récolte plus tardive est prévue afin de maximiser le remplissage des tubercules. Des relevés de rendements en provenance de collaborateurs indiquent des valeurs plutôt intéressantes, mais variables selon la parcelle, le cultivar et la région. Un manque de calibre est mentionné par endroits. La gestion des champs affectés par des pourritures de plantons se poursuit, en particulier pour les secteurs du sud et du centre de la province. Des producteurs continuent d'arracher et de sortir les tubercules en terres fortes qu'ils ne veulent pas entreposer. Les autres problèmes mentionnés la semaine dernière demeurent stables et la plupart du temps acceptables pour le moment comme la gale commune, du verdissement, du cœur creux, des fissures de croissance et de la difformité.
Avec le temps très chaud par endroits dans les prévisions, un suivi des températures de l’air et du sol sont à prévoir, de même qu’en entrepôt. Par temps trop chaud, une suspension temporaire des chantiers de récoltes en après-midi pourrait avoir lieu. Plus d’informations sont disponibles à ce sujet dans l'avertissement N° 18 du 6 septembre 2024, section « Développement de la culture ». Également, des producteurs pourraient avoir à refroidir des entrepôts ou profiter des nuits plus fraîches pour bien ventiler les tubercules en début d’entreposage.
MALADIES
Mildiou de la pomme de terre
De nouveaux cas de mildiou de la pomme de terre ont été rapportés en cours de période au Québec, dans 3 parcelles en pomme de terre, dans la région de la Montérégie. Ces cas demeurent à très petite échelle, avec un défanage réalisé rapidement à la suite de la découverte de la maladie. Pour la saison en cours, des symptômes de l’activité du champignon ont été recensés dans 3 régions situées au sud et au centre de la province (Montérégie, Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches). Pour les cas plus anciens, ils demeurent localisés et ils n’ont pas progressé, alors qu’un défanage complet de la parcelle infectée avait été réalisé pour la majorité d’entre eux.
Même à cette période-ci de la saison, un suivi des champs à vocation plus tardive devrait se poursuivre jusqu’à leur défanage complet. Même en présence de conditions chaudes et avec peu ou pas de précipitations, une hygrométrie élevée la nuit (longues périodes de rosées le matin) pourrait favoriser la sporulation du champignon, si un inoculum est présent dans l’environnement. Une protection fongicide demeure alors nécessaire.
Pour des mesures à prendre en présence de mildiou, l’avertissement N° 17 du 30 août 2024, dans la section « Maladies », peut être consulté.
Selon le site Web USA Blight (PlantAid), quelques nouveaux cas ont été rapportés en cours de période dans l’État de New York. La maladie est présente dans les États américains suivants : Maine, New York, Vermont, Michigan, Pennsylvanie, Tennessee et Washington. D’autres sources mentionnent également des cas dans les États du Wisconsin et du Minnesota. Selon d’autres sources, il n’y a pas eu de nouveaux cas rapportés ailleurs au Canada depuis ceux connus en Ontario. Le génotype US-23 est celui identifié pour les cas analysés.
Pour un suivi du mildiou avec l’utilisation de capteurs de spores, le lien Internet suivant est disponible et montre les captures de spores dans différentes provinces : Alerte Air. On peut y lire des captures en août dans le Bas-Saint-Laurent et sur l’Île-du-Prince-Édouard.
Autres maladies d’intérêt
Dans des champs non défanés, des maladies de faiblesse comme la dartrose et le flétrissement verticillien continuent à accompagner le dépérissement de plants, même en présence de températures moins chaudes en cours de période. La présence de ces maladies a été confirmée par des analyses réalisées par le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ. La brûlure hâtive (tache alternarienne) a ralenti ou poursuivi lentement sa progression selon la parcelle et la région. Des producteurs ont pu constater encore cette année que des cultivars semblent plus tolérants que d’autres à ces trois maladies fongiques.
Quelques cas de tubercules atteints de rosissement des yeux sont observés par endroits, dont dans la région de Québec, pour certains cultivars reconnus comme plus sensibles. Cette maladie est plus catégorisée comme un désordre abiotique par certains intervenants. Elle est souvent associée, mais pas toujours, avec la présence du flétrissement verticillien. L’entreposage de tubercules atteints pourrait altérer leur conservation.
Plus de cas de gale commune (parfois en mélange avec de la rousselure par endroits) que prévu sont rapportés dans des parcelles de plusieurs régions, mais avec une intensité qui reste encore à préciser et variable selon le cultivar.
Concernant les cas de pourritures de tubercules, leur incidence demeure élevée dans le fond des buttes de parcelles du sud et aussi du centre de la province, dans des champs plus humides. Par endroits, on rapporte aussi des cas de tubercules en état de décomposition même sans signe annonciateur en apparence sur le feuillage. La vigilance est donc de mise lors des récoltes afin de limiter de possibles problèmes en entreposage.
Un défanage prochain de parcelles avec du feuillage encore actif fait que le contrôle des insectes et acariens n’est plus ou pas nécessaire. Cependant, localement pour des parcelles à vocation plus tardive, un suivi de certains insectes, dont les pucerons, est réalisé par certains collaborateurs, avec des populations qui se maintiennent à des niveaux tolérables. Le temps très chaud à venir pourrait favoriser l’activité du doryphore de la pomme de terre par endroits mais, en contrepartie, la baisse plus rapide de la photopériode à cette période-ci incite aussi ce bioagresseur à rechercher un site d’hivernement.
Ce communiqué est le dernier avertissement régulier de la saison 2024 qui a été à nouveau fébrile en événements météorologiques divers (par exemple, fortes pluies dans l’ouest et sécheresse dans l’est). Des collaborateurs continuent à recueillir des observations au champ et si un problème particulier ou d’intérêt devait survenir, un avertissement sera émis rapidement. Nous tenons à remercier tous les fidèles collaborateurs et collaboratrices du sous-réseau Pomme de terre du RAP de partout en province qui, chaque semaine depuis le début du mois de mai, nous ont fourni leurs précieuses observations terrain. Cela a permis de produire des avertissements qui reflètent la réalité des différentes régions.
Bonne fin de saison, avec de belles conditions pour les récoltes!
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Mathieu Côté, agronome et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.