Météo : pluie abondante dans plusieurs régions. Développement de la culture : croissance variable en province, avec certaines parcelles affectées par l'excès d’eau; poursuite des récoltes de primeurs avec de bons rendements. Maladies : premier cas de mildiou dans un champ en Montérégie, conditions favorables au champignon en plusieurs endroits; progression de la brûlure hâtive, de la flétrissure verticillienne et de la dartrose; évolution variable d’autres pathogènes. Insectes : poursuite de l’activité du doryphore; activité à la baisse de la cicadelle de la pomme de terre; populations de pucerons localement plus élevées; autres insectes peu ou pas problématiques.
Pour la période du 9 au 15 août, c’est le passage de la tempête Debby qui a retenu l’attention, avec son centre longeant la vallée du Saint-Laurent, les 9 et 10 août. Des cumuls élevés de précipitations ont été enregistrés en moins de 24 heures, diminuant du sud vers le nord, comme le démontre clairement la carte des précipitations suivante. Les secteurs de Lanaudière (165 à 230 mm), de la Montérégie (80 à 175 mm), de la Mauricie ainsi que du Centre-du-Québec (100 à 160 mm) ont été plus touchés. Les autres secteurs du centre ont quand même reçu de bonnes accumulations (55 à 110 mm), tandis que ceux plus à l’est et au nord ont été plus épargnés, surtout au Témiscamingue. De plus, de bonnes rafales de vent ont été enregistrées dans le secteur de Québec (jusqu’à 90 km/h sur l’Île-d’Orléans) et en Gaspésie. On peut rajouter un épisode de grêle localisé le 14 août en Montérégie. Du côté des températures, elles ont généralement débuté dans la fraîcheur pour se terminer dans la chaleur, un peu moins chaudes vers l’est (voir le sommaire agrométéorologique). Pour la période qui débute (16 au 22 août), selon Environnement Canada, les températures chaudes en cours laisseront la place à du temps plus frais, surtout à partir de lundi. Des précipitations plutôt légères et dispersées sont prévues en début de période, mais plus significatives dimanche ou lundi selon la région.
Le passage de la tempête Debby a laissé des traces fort marquées derrière elle, mais de manière bien différente selon la région. Dans les secteurs du sud plus arrosés (particulièrement dans Lanaudière), les producteurs sont encore à évaluer les dommages à la culture. De premiers rapports font état de nombreuses rigoles et crevasses dans certains champs, avec des tubercules déterrés et des buttes affaissées. Des accumulations en eau sont encore présentes dans des champs, avec un drainage lent à la suite d’une nappe phréatique élevée. De la pourriture de tubercules est observée, mais il est encore trop tôt pour en évaluer l’importance. Dans des régions plus centrales, comme celle de Québec, la tempête a laissé moins de quantité en eau (importante quand même), mais le sol a généralement bien absorbé le tout, sans avoir de zones trop érodées ou inondées, ce qui a finalement été bénéfique compte tenu du stress hydrique des jours précédents. Plus à l’est, les précipitations n’ont pas été suffisantes et l'irrigation est encore nécessaire par endroits, lorsque possible. En plusieurs endroits, la forte pluie a contribué à un évasement plus rapide de plants et même à du dépérissement, dont pour le cultivar 'Chieftain'. Cependant, des parcelles présentent encore un développement végétatif actif, pour des cultivars plus tardifs, avec une floraison terminée. Le remplissage des tubercules se fait encore bien à peu près partout, sauf peut-être dans des secteurs plus à l’est. Des premiers cas de cœur creux sont rapportés (voir photo), mais beaucoup moins que la saison dernière à la même période. Du côté des récoltes (primeurs) qui ont repris, les rendements continuent à être généralement très bons dans le sud de la province, avec un défanage pour en conserver la qualité. Le défanage permet aussi d’éliminer des mauvaises herbes qui avaient pris le dessus sur la culture.
MALADIES
Comme mentionné dans l’alerte N° 1 du mercredi 14 août, un premier cas de mildiou de la pomme de terre est rapporté pour cette saison, en Montérégie, dans une parcelle en pomme de terre. Le génotype US-23 a été identifié par le Laboratoire d'expertise et de diagnostic (LEDP) du MAPAQ. Aucun autre cas ou symptôme n’a officiellement été rapporté en province depuis. En présence de mildiou dans un champ, selon l’importance de l’infestation et le stade d’avancement de la culture, des options allant du défanage localisé (avec un produit homologué à cet effet) à un défanage généralisé de la parcelle sont à envisager. Dans le cas d’une intervention localisée, il faut défaner également sur une bande tampon d’un minimum de 4 à 5 mètres autour des plants touchés. Ces plants en apparence sains peuvent être infectés. Cela peut prendre de 3 à 6 jours avant que des symptômes de la maladie deviennent visibles après une infection. Donc, un suivi très rapproché (ex. : visites aux 2-3 jours) est nécessaire dans cette situation.
Les producteurs, du secteur où se situe le cas confirmé de mildiou, mais aussi dans les autres régions du sud et du centre de la province, doivent intensifier le suivi de leurs champs pour détecter toute trace possible de la maladie, surtout dans les parcelles avec des plants « encore verts ». Même si peu de précipitations sont survenues depuis celles du 9 août, des conditions d’humidité élevée (longue période de mouillure du feuillage, hygrométrie de l’air élevée la nuit sur une certaine période) ont pu favoriser le développement du champignon, avec des risques identifiés par MILÉOS. Avec le temps plus frais à venir, accompagné de précipitations, les risques de développement et de sporulation du champignon seront élevés dans certaines régions de la province. La saison de croissance n’est pas terminée et une protection régulière devrait être maintenue en intégrant des produits phytosanitaires dits pénétrants ou systémiques (en rotation selon leur groupe chimique), en adaptant la fréquence d’application et le choix du produit selon les conditions météorologiques en cours et celles à venir.
Si la présence du mildiou est suspectée dans votre région ou dans un de vos champs, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller agricole ou l'avertisseur du RAP Pomme de terre.
Selon le site Web USA Blight (PlantAid), un nouveau cas de mildiou a été rapporté dernièrement et plus près de notre secteur, soit dans le nord du Maine (Presque Isle, Aroostock County). Le génotype US-23 a également été identifié. Il n’y aurait pas de nouveaux cas rapportés ailleurs en cours de période, en plus de ceux déjà connus au Canada (soit en Ontario, avec des symptômes rapportés comme sous contrôle à la suite du temps plus sec) et aux États-Unis (Michigan, New York, Washington).
En plus du mildiou, qui devrait être surveillé en priorité par les producteurs, d’autres maladies sont présentes et peuvent demander un suivi selon le stade d’avancement de la culture :
- Brûlure hâtive (tache alternarienne) : les conditions en cours de période ont été réunies pour une hausse des symptômes dans des parcelles (plants sénescents ou en dépérissement, alternance de temps humide et sec, bonnes rosées, etc.). La pression demeure variable selon la parcelle et le cultivar. À cette période-ci, une intervention ne serait justifiable que pour des parcelles à vocation plus tardive. Les espèces Alternaria alternata et A. solani ont été identifiées en laboratoire.
- Flétrissure verticillienne et dartrose : hausse des symptômes dans des parcelles de plusieurs régions, contribuant à un dépérissement accéléré des plants. Ce sont des maladies de faiblesse, donc avec des conditions présentement propices à leur développement.
- Jambe noire : selon la région, progression ou stagnation des symptômes, toujours bien présents dans des parcelles. Présentement, les collaborateurs ne rapportent pas de tubercules infectés par les bactéries associées.
- Virus : comme déjà mentionné, des champs avec de plus forts symptômes semblent plus affectés par un dépérissement hâtif, pour certains cultivars. Le PVY a été à nouveau identifié lors d’analyses faites en Laboratoire.
- Moisissure grise (Botrytis) et moisissure blanche (pourriture sclérotique) : hausse des infections par endroits, dans le fonds d’allées et localement sur des tiges pour des champs avec encore une bonne biomasse foliaire, mais aussi parfois à la suite de la chute de fleurs sur le feuillage.
- Gale commune : de nouveaux cas rapportés lors de la récolte, parfois bien notables mais localisés, avec de la variabilité selon la parcelle et le cultivar.
- Pourritures de tubercules : leur présence est mentionnée dans des zones de champs qui ont été ou qui sont encore saturées en eau. Un suivi est en cours.
INSECTES ET ACARIENS
Le doryphore de la pomme de terre demeure actif dans des parcelles de plusieurs régions. Les populations sont variables selon le champ, en lien avec un contrôle récent ainsi que le succès ou non du contrôle de la 1re génération. Malgré la saison qui avance, des interventions ont ou pourraient être encore nécessaires pour des parcelles à vocation plus tardive, autant contre des adultes que des larves trop agressives, afin de conserver le plus de feuillage sain possible. Selon le dépistage, un traitement de bordures seulement pourrait être suffisant.
L’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) demeure à surveiller par endroits. Mais en général, des collaborateurs rapportent une baisse des captures (moins de 10 individus/piège/semaine). Moins de nymphes sont aussi dépistées, sauf localement, le plus souvent en lien avec un contrôle effectué dernièrement. Les symptômes foliaires de leur passage dans des parcelles demeurent plus notables cette année, surtout en bordure de certains champs.
D’autres ravageurs sont présents dans des champs à travers la province :
- Pucerons : poursuite de leur activité à la hausse, particulièrement dans des parcelles sans intervention depuis le début de la saison, et ce, dans plusieurs régions. Avant de déclencher un contrôle, un dépistage permet de cibler les parcelles plus à risque, car leur présence n’est pas toujours généralisée sur une ferme et un traitement n'est peut-être pas justifiable selon l’avancement de la culture. Ce sont surtout des champs « plus verts » qui sont infestés présentement. Également, l’usage d’insecticides du groupe 3A (ex. : PERM-UP, POUNCE) contre d’autres ravageurs peuvent contribuer à une prolifération des pucerons en affectant l’activité des prédateurs et autres auxiliaires, déjà bien actifs dans certaines parcelles (contrôle biologique naturel en cours).
- Punaise terne : présence d’adultes et de nymphes dans des parcelles de quelques régions, sous le seuil de nuisibilité retenu pour la période.
- Altise à tête rouge : activité stabilisée ou à la baisse dans quelques régions, avec peu de nouveaux dommages foliaires.
- Pyrale du maïs : populations plutôt stables et sans impact notable sur la culture (ex. : Bas-Saint-Laurent).
- Scarabée japonais : peu de nouvelles observations, et peu de défoliation du feuillage (ex. : Lanaudière).
- Tétranyque à deux points : peu de hausses d’activité dans les quelques parcelles déjà porteuses (ex. : Capitale-Nationale), avec un impact pratiquement nul.
- Psylle de la pomme de terre : aucune capture dans le cadre des activités d’un piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |