Météo : poursuite de la chaleur et de l’humidité, avec des précipitations variables. Développement de la culture : bonne croissance, début des récoltes. Maladies : aucun cas de mildiou, mais poursuite de conditions favorables au champignon; progression constante de la brûlure hâtive dans le sud de la province; autres maladies en légère hausse. Insectes : doryphore encore actif dans plusieurs régions; cicadelle de la pomme de terre : captures significatives et apparition de dommages; un peu plus d’altises et d’autres insectes.
Pour la période du 12 au 18 juillet, le temps chaud et très estival s’est poursuivi à travers toute la province. Le mercure a atteint des valeurs élevées le jour (avec quelque 30 ºC et plus), autant dans le secteur sud (ex. : Montérégie, Lanaudière) que plus à l’est (ex. : Bas-Saint-Laurent) et aussi plus au nord (ex. : Lac-Saint-Jean). Les nuits ont été chaudes et souvent humides, dépassant quotidiennement la moyenne historique pour la date en plusieurs endroits (voir le sommaire agrométéorologique). Les cumuls de précipitations ont été peu élevés en général dans les secteurs de la production de pomme de terre, et de manière hétérogène à travers la province, et encore une fois aussi à l’intérieur d’une même région, à la suite d’averses ou d'orages dispersés. Des quantités plus importantes ont été enregistrées dans les secteurs plus au nord et plus au sud (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (19 au 25 juillet), selon Environnement Canada, un changement de masse d’air apportera des températures plus près des valeurs de saison, avec passablement de soleil et des précipitations faibles à légères selon le secteur, surtout en début et en fin de période.
Le temps chaud et souvent humide a procuré de bonnes conditions de croissance à la culture. La plupart des parcelles présentent des plants vigoureux, avec des entre-rangs fermés ou presque, et un développement en avance sur une saison « normale ». La phase de grossissement des tubercules suit bien son cours, avec un nombre de tubercules par plant assez élevé par endroits (variable selon le cultivar). Le tout s’annonce donc prometteur, mais il reste encore du chemin à parcourir d’ici les récoltes pour l’entreposage. La pratique de l’irrigation se poursuit (sud de la province) ou débute (est de la province), surtout à la suite du temps chaud et particulièrement sec pour cette dernière région. Ailleurs, les conditions du sol s’assèchent de plus en plus, plutôt graduellement. Les récoltes dans la primeur ont débuté ou se sont accentuées dans les secteurs du sud et du centre de la province. Les rendements sont à la satisfaction des producteurs avec une belle qualité en général, sauf pour quelques cas de gale plus prononcés par endroits. Les chantiers pour le renchaussage de la culture sont terminés (ou presque) ou ne peuvent plus se faire par endroits, car les plants sont maintenant trop développés. Des collaborateurs rapportent une hausse notable de la pression de certaines mauvaises herbes dans certaines parcelles. Le tableau ci-dessous présente, pour la dernière fois cette saison, le stade de développement de la primeur dans différentes régions de la province.
Régions | Stade de la culture (primeur) |
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | Maturation ou sénescence Tubercules : ND Début récolte |
Outaouais | Début sénescence Tubercules : 7-9 cm Prévision récolte : 24 juillet |
Lanaudière et Laurentides | Postfloraison à sénescence Tubercules : 7-11 cm Début récolte |
Centre-du-Québec et Mauricie | Postfloraison à sénescence Tubercules : 6-10 cm Début récolte |
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | Postfloraison à début sénescence Tubercules : 6-10 cm Début récolte par endroits |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | Floraison à fin floraison Tubercules : 4-6 cm |
ND = données non disponibles
Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté ou confirmé au Québec depuis le début de la présente saison, autant dans la tomate que la pomme de terre. Comme pour la semaine précédente, les risques de développement et de sporulation du champignon ont été élevés en cours de période qui se termine (confirmés par MILÉOS, un logiciel prévisionnel utilisé par des producteurs au Québec), et ce, dans plusieurs régions de la province. On rappelle que même si des précipitations sont moins fréquentes ou importantes, des conditions d’humidité élevée (ex. : longue période de mouillure du feuillage, hygrométrie de l’air supérieure à 89 % la nuit sur une certaine période) favorisent le développement du champignon. Le choix du produit de contrôle ainsi que son application doivent bien se faire pour assurer une protection complète de la culture. Le dépistage au champ doit se poursuivre partout par des visites régulières pour y détecter toutes traces possibles de la maladie. La découverte hâtive d’un possible inoculum primaire de la maladie est importante pour optimiser son contrôle et empêcher sa dissémination à plus grande échelle.
Si vous suspectez la présence du mildiou dans votre région, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller agricole ou l’avertisseur du RAP Pomme de terre. Il est aussi possible pour les producteurs de soumettre un échantillon au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ pour une identification, sans frais.
Pour en savoir plus sur le mildiou, consultez la fiche Le mildiou, une maladie à surveiller.
Une liste des produits homologués pour le contrôle du mildiou est disponible sur le site Web de SAgE pesticides et/ou celui du Profil ontarien pour la protection des cultures.
Selon le site Web USA Blight (PlantAid), aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté au cours de la dernière période en Amérique du Nord, ce qui limite le nombre à 2 depuis le début de l’année. Cependant, ce site n’est pas nécessairement utilisé par les intervenants ayant détecté la maladie (comme pour les quelques cas répertoriés en Ontario dernièrement, dans la pomme de terre et la tomate).
Les symptômes reliés à l’activité de la brûlure hâtive (tache alternarienne) ont continué à progresser, mais de manière variable dans des champs du sud de la province, mais encore peu ailleurs, sauf un peu plus dans le Bas-Saint-Laurent. Des taches sont maintenant dépistées en hausse dans l’étage médian de plants. Ce sont toujours des cultivars reconnus comme plus sensibles qui sont affectés, en plus d’avoir atteint généralement un stade plus avancé de leur développement. Une intervention avec un produit considéré plus spécifique contre cette maladie est le plus souvent nécessaire dès que des premiers signes de la maladie sont repérés dans l’étage médian des plants.
Concernant les autres maladies d’intérêt, voici un résumé des observations recueillies de certains collaborateurs en province :
- Jambe noire : symptômes associés à son activité en hausse ou stabilisée selon le secteur, à la base de tiges, pour plusieurs cultivars, mais à un niveau acceptable.
- Gale commune : présence variable rapportée lors de "check spots", avec une intensité variable, mais généralement acceptable.
- Flétrissure verticillienne : hausse graduelle ou apparition de symptômes associés au champignon, pour des parcelles de cultivars reconnus comme plus sensibles (ex. : 'Envol', 'Norland', 'Goldrush'), et pour des secteurs du centre de la province.
- Virus : des rapports indiquant une hausse des symptômes associés, dans plusieurs secteurs de la province, de manière parfois bien notable, avec un impact qui reste à évaluer sur la culture. Le PVY a été confirmé à nouveau par le LEDP cette semaine.
- Dartrose : nouveaux symptômes associés à la maladie dans le secteur de Lanaudière et maintenant du centre de la province, pour des parcelles à des stades plus avancés physiologiquement.
- Moisissure grise : incidence en hausse (sans surprise) dans le fond des allées de champs plus végétatifs, mais aussi sous la forme de taches foliaires sur du feuillage lors d’une chute de fleurs causant une pourriture en se décomposant (à ne pas confondre avec du mildiou, entre autres).
- Moisissure blanche (pourriture sclérotique) : début de légers symptômes à la suite des conditions chaudes et humides, localement, pour des champs plus végétatifs, dans le secteur centre de la province pour le moment.
Le temps chaud et humide a continué à être favorable au doryphore de la pomme de terre avec la présence de tous les stades de l’insecte dans des champs de plusieurs régions. L’activité larvaire demeure cependant variable selon la parcelle, avec maintenant plus d’intensité dans l’est de la province. Donc, la nécessité d’une intervention ou non doit être déterminée selon les résultats du dépistage et en lien avec l’intensité de la pousse végétative. L’efficacité des dernières interventions phytosanitaires pratiquées est rapportée comme bonne, mais parfois variable selon le bon positionnement ou non du traitement. Des adultes estivaux sont maintenant plus présents dans des secteurs du sud, mais aussi du centre de la province, principalement dans des rangs de bordure. Cela est souvent en lien avec une migration en provenance de parcelles voisines en rotation (volontaires de pomme de terre). Ces adultes demeurent à surveiller, car ils peuvent causer une défoliation rapide des plants, davantage que les adultes printaniers. Également, ces adultes de 2e génération vont générer une autre génération de larves dans des secteurs du sud de la province, mais partiellement dans ceux du centre, selon la météo en cours. Par endroits, des prédateurs de larves du doryphore sont à l’œuvre (voir photo).
Tout comme le doryphore, l’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) demeure élevée par endroits. Pour la dernière période, les décomptes de captures des adultes sur les pièges collants en provenance de collaborateurs indiquaient des valeurs dépassant souvent le seuil indicatif retenu (soit plus de 25 individus/piège/semaine), dans des champs des régions du sud, du centre et même plus au nord. Des nymphes sont présentes principalement dans des parcelles sans insecticide au semis, ainsi que des symptômes foliaires associés à leur activité. Étant donné la forte pression soutenue de la CPT cette année (et pas seulement dans la pomme de terre), il est important de vérifier régulièrement les captures sur les pièges jaunes englués et surtout de vérifier la présence de possibles nymphes sous le feuillage des plants, principalement en bordure des champs. Les symptômes de l’activité de la CPT ne disparaissent pas vraiment en cours de saison, mais peuvent être dilués par le développement d’une bonne biomasse foliaire. On observe des symptômes foliaires plus hâtivement et de manière plus marquée en régie biologique cette année (voir photo). Plus d’informations sur ce bioagresseur sont disponibles en consultant ce bulletin d'information, entre autres pour bien différencier les deux types de cicadelles habituellement capturées dans les pièges.
Pour les autres ravageurs d’intérêt, quelques-uns sont maintenant plus actifs que la semaine dernière. On peut mentionner :
- Punaise terne : adultes présents dans la tête des plants dans plusieurs régions, mais avec peu de dommages de nutrition présentement.
- Pucerons : interventions en zones semencières qui se poursuivent, avec des populations généralement peu élevées, sauf un peu plus en Gaspésie. Présence variable, mais à la hausse en parcelles commerciales, avec un suivi en cours par endroits, pour des parcelles sans insecticide appliqué au semis.
- Altise à tête rouge : plus d’activité rapportée, et ce, dans plusieurs secteurs de la province, avec des dommages foliaires à la hausse par endroits, principalement en bordure de champs, et souvent pour des sites avec un historique connu nécessitant parfois un contrôle en visant aussi d’autres ravageurs (ex. : Lanaudière, Capitale-Nationale).
- Pyrale du maïs : présence de tous les stades de l’insecte dans le secteur du Saguenay–Lac-Saint-Jean, avec plus de tolérance par endroits malgré des populations parfois notables, car présence d’une bonne biomasse foliaire cette année. Ailleurs en province, la présence de ce ravageur n’est rapportée que dans le secteur du Bas-Saint-Laurent et à une faible incidence présentement.
- Psylle de la pomme de terre : aucune capture réalisée dans le cadre des activités d’un piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |