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Les producteurs de grandes cultures biologiques cherchent à diversifier leurs systèmes de cultures en introduisant des légumes dans leur rotation. Les carottes pour le marché frais et de transformation font partie des légumes convoités par ces producteurs. Mais peu d'entre eux parviennent à les cultiver à grande échelle, car le désherbage manuel obligatoire est très chronophage et demande beaucoup d'attention et de minutie. La plantule de carotte qui émerge est toute menue et ne supporte pas la compétition avec les mauvaises herbes. De plus, le désherbage mécanique du rang est problématique, car peu d'outils peuvent s'approcher des plantules de carotte sans les abîmer. Un projet a été initié en 2019 à la Plateforme d’innovation en agriculture biologique à Saint-Bruno-de-Montarville et à l’Institut national d’agriculture biologique à Victoriaville. D’une durée de trois ans, il avait pour objectif de développer des stratégies et des moyens afin de réduire la pression des mauvaises herbes dans la carotte jumbo et nantaise et plus particulièrement sur le rang. Six expériences ont fait l’objet de l’étude : le moment d’application du fumier de poule granulé, la technique de l’occultation, le faux-semis avec ou sans travail de sol, le semis de carottes dans des bandes de compost stérile, l’impact du type d’outils de sarclage mécanique et de la distance du rang à laquelle il est passé ainsi que l’effet du renchaussage sur la qualité et le rendement de la carotte et sur les mauvaises herbes. Chaque parcelle était composée de 4 buttes d’une longueur de 6 m, distancées entre elles de 76 cm. Le dispositif expérimental était en bloc aléatoire complet répété quatre fois. Cependant, l’expérience sur le type d’outils et la distance des outils du rang était disposée en parcelles divisées (split-plot) où la parcelle principale représentait l’outil et les sous-parcelles (buttes), la distance de l’outil du rang soit 2,5, 5 et 7,5 cm et le témoin désherbé manuellement. Les résultats sur le fractionnement ou non de la fertilisation dans la carotte nantaise ne permettent pas d’appuyer l’une ou l’autre des pratiques. Bien que le fractionnement de la fertilisation eût tendance à augmenter le rendement, ce dernier n’était pas statistiquement différent de celui qui avait reçu la pleine dose au semis. La technique de l’occultation a permis de diminuer la pression des adventices vivaces jusqu’à 2 à 4 semaines après le semis sans toutefois réduire la densité des mauvaises herbes annuelles. L’essai sur le faux-semis a montré que le pyrodésherbeur pouvait être passé plus vite et consommait moins de propane lorsque les mauvaises herbes à réprimer étaient plus jeunes et petites. Le sarcleur à cages utilisé pour le faux-semis avec travail du sol a été aussi efficace que le pyrodésherbeur. Le semis de carottes dans du compost stérile a demandé moins de désherbage manuel lorsqu’il n’avait pas été contaminé par le sol apporté par le vent. Toutefois, l’irrigation du compost a été nécessaire pour la germination de la carotte. Les outils de désherbage mécanique ont été utilisés très près du rang (2,5 cm) et à des stades hâtifs de la carotte sans perte de rendement et de qualité. Le renchaussage a permis de réduire la présence de collet vert à la récolte sans réduction de rendement. L’étude a démontré qu’il est possible d’utiliser certaines stratégies ou moyens de lutte physique contre les mauvaises herbes afin de réduire leur présence dans la carotte et par conséquent, de diminuer le temps de désherbage manuel du rang.
Organisation : Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA)
Auteur(s) : Maryse Leblanc et Charlotte Giard-Laliberté
Date de publication : 31 octobre 2022