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Régions

Grandes cultures, Avertissement No 15, 4 août 2023

Réseau d'avertissements phytosanitaires, RAP, réseau Grandes cultures, avertissement
VGOH : captures augmentent fortement, seuil atteint pour le nombre de masses d’œufs sur quelques sites. Pourriture à sclérotes : stade critique d’infection passé pour la plupart des champs. Quelques cas de pourriture phytophthoréenne du soya. Puceron du soya : augmentation très tranquille des populations et dépassement du seuil d’alerte dans un champ de Lanaudière.

 
VGOH : LES CAPTURES DE PAPILLONS AUGMENTENT FORTEMENT ET QUELQUES SITES ATTEIGNENT LE SEUIL ÉCONOMIQUE D'INTERVENTION POUR LE NOMBRE DE MASSES D'OEUFS
 J. Saguez1, J. Breault2, B. Duval2, S. Mathieu2 et C. Rieux2
   1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronomes (MAPAQ)

Les captures de papillons du ver-gris occidental des haricots (VGOH) ont augmenté dans toutes les régions du Québec. Dans plusieurs pièges, ils se comptent par centaines (voir le tableau). Cette semaine, c’est dans un piège situé à Saint-Étienne-des-Grès (Mauricie) que les captures étaient les plus abondantes, avec plus de 1 000 spécimens capturés. Elles sont plus importantes que les autres années à la même date.
 
Image Agri-Réseau

Évolution des captures moyennes de papillons de VGOH au cours des dernières années

 

Les captures de papillons ne sont toutefois qu’un indicateur de la présence de populations dans une région. Elles ne permettent pas de juger de la pertinence d’une intervention dans le champ où un piège est installé. Seul le dépistage permet de savoir si les papillons ont pondu dans les champs.

Nous sommes actuellement dans une période propice pour le dépistage des masses d’œufs dans les champs de maïs à risque qui ont atteint le stade VT. Parmi les 40 champs suivis par le sous-réseau Grandes cultures pour le dépistage des masses d’œufs, des masses d’œufs et des jeunes larves ont été retrouvées dans six champs. Par contre, le seuil économique d’intervention (5% de plants affectés) n’a été atteint que pour deux champs situés à Saint-Étienne-des-Grès, soit 5 % de la totalité des champs suivis par le RAP (voir le tableau). Quelques champs dépistés à l’extérieur du RAP ont également atteint le seuil économique d’intervention, notamment dans les Laurentides.

Pour rappel, les femelles pondent généralement sur des plants qui sont à des stades de développement entourant la floraison du maïs. Le dépistage doit être effectué sur 100 plants répartis dans 10 stations couvrant toute la superficie du champ de maïs, pendant 3 à 4 semaines consécutives. Examinez surtout les feuilles situées en haut des plants, même si des masses d’œufs peuvent être pondues sur d’autres feuilles. Le développement du VGOH à l’intérieur des œufs dure de 5 à 7 jours. Après l’éclosion, les jeunes larves mangent d’abord la coquille de leur œuf puis s’alimentent de pollen avant de migrer vers les soies.
 
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Jeunes larves de VGOH ayant mangé la coquille de leur oeuf

 J. Saguez (CÉROM)

Image Agri-Réseau

Jeunes larves de VGOH s'alimentant de pollen au niveau de la panicule

J. Saguez (CÉROM)


Le seuil d’intervention est atteint lorsque 5 % des plants sont infestés par des masses d’œufs ou des jeunes larves. Dans certains états américains, lorsque des ennemis naturels sont présents (ex.: coccinelles, punaises prédatrices, chrysopes), le seuil préconisé est de 8 % de plants infestés. Notez que les œufs peuvent aussi être parasités par des trichogrammes. Dans ce cas, leur couleur est plutôt grise ou noire et opaque.  Aucune larve ne devrait émerger des œufs parasités.

Si votre champ est semé avec un hybride de maïs exprimant la technologie Bt Vip3A, il est normalement protégé contre le VGOH. Des masses d’œufs peuvent tout de même être observées, mais les jeunes larves vont mourir après s’être alimentées du pollen et avant d’atteindre les épis. Un traitement insecticide n’est donc pas nécessaire.

Si votre champ n’est pas semé avec un hybride Bt Vip3A, qu’il atteint le seuil économique d’intervention et qu’une intervention est envisagée, la liste des produits homologués pour lutter contre le VGOH est disponible sur SAgE Pesticides. Privilégiez des produits avec des indices de risques pour la santé et l'environnement (IRS et IRE) faibles.

Pour en savoir davantage :
POURRITURE À SCLÉROTES CHEZ LE SOYA : LE STADE CRITIQUE POUR L'INFECTION EST PASSÉ DANS LA PLUPART DES CHAMPS
Y. Faucher1, T. Copley2, M.-E. Cuerrier1, Y. Dion1 et B. Duval1
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheuse (CÉROM)

Dans plusieurs régions, la floraison du soya (stades R1 à R3) est terminée. Ces stades sont critiques pour l’infection par Sclérotinia, causant la pourriture à sclérotes. Les observations les plus récentes (semaine du 31 juillet), faites aux 18 sites suivis dans le cadre du sous-réseau Grandes cultures, indiquent la présence d’apothécies à 12 sites. Par contre, pour la plupart de ces sites, le soya a dépassé le stade de la floraison ou presque, le rendant moins sensible aux risques d’infection. Seulement 3 sites sur les 18 suivis (16,7 %) ont de nouvelles apothécies et sont encore au dernier stade de la floraison (R3).

Pour les champs qui sont encore en floraison, les conditions humides et les températures fraîches induisent un risque pour cette maladie. Rappelons que le risque d’infection varie selon les conditions spécifiques de chaque champ. Référez-vous à l’avertissement N° 10 du 4 juillet 2023 pour connaître l’ensemble des facteurs de risque.

Lorsque le soya a atteint le stade R4 (présence d’au moins une gousse de 2 cm sur l’un des 4 nœuds supérieurs de la tige principale), les risques d’infection et de dommages sont réduits. Les fongicides homologués dans le soya contre la pourriture à sclérotes doivent être appliqués de façon préventive pour être efficaces. En effet, certains produits ne peuvent être pulvérisés au-delà du stade R3 du soya. Aucun fongicide n’est curatif contre cette maladie.

En semaine du 31 juillet, les premiers symptômes de la pourriture à sclérotes ont été rapportés sur le soya (voir photos). Une application tardive de fongicide en R4 ou à des stades plus avancés pourrait-elle ralentir la progression de la maladie? Il est fort probable que non, puisque l’application du fongicide pourrait difficilement atteindre les tissus les plus affectés, c’est-à-dire ceux situés dans le bas et le centre des plants de soya, en raison de l’effet parapluie causé par la densité du couvert végétal. En ce qui concerne la protection des plants sains, la même difficulté à atteindre toutes les parties des plants pouvant servir de portes d’entrée à la maladie demeure. De plus, une application terrestre pourrait causer une perte de rendement pouvant atteindre 5 % en raison de l’écrasement des plants de soya par le pulvérisateur. À partir du stade R4, les résultats d’une étude américaine ont démontré que des applications de fongicides ne produisaient pas de bénéfice économique.
 
Image Agri-Réseau

Plant de soya avec symptômes de pourriture à sclérotes

B. Duval, agr. (MAPAQ)

Image Agri-Réseau

Dépérissement des plants de soya au stade R6

IRIIS phytoprotection


Si les conditions sont favorables à la maladie, les dommages dans les champs infectés pourraient s’intensifier. À l’inverse, si le climat est chaud et sec, le développement de la maladie est ralenti. Comme un traitement au-delà du stade R4 est rarement efficace, si la maladie est constatée, il est important de mettre en place des mesures préventives lors des prochaines années, car les plants infectés produiront des sclérotes qui permettent à la maladie de passer l’hiver :
 
  • Planifier l’achat de cultivars de soya tolérants à la maladie dans les années suivant l’infection.
  • Éviter d’enfouir les sclérotes, lesquels demeureront dormants et pourront ensuite germer et infecter le soya lorsqu’ils seront remis en surface. Les sclérotes, laissés à la surface du sol, survivent moins aux conditions hivernales que ceux enfouis dans le sol.
  • Choisir, pour la culture subséquente, une culture non sensible, comme du maïs ou de préférence, une céréale, sans travail ou en travail minimum du sol, ce qui favorisera la germination des sclérotes au printemps suivant. Les sclérotes ne germent qu’une fois, autant trouver un moyen de les « épuiser ».
  • Dans les champs de soya à risque, semer à écartement large (30 pouces) et ajuster le taux de semis afin d’établir une densité favorisant l’aération entre les rangs et les plants.
Le biofongicide CONTANS WG® qui, appliqué au sol avant le semis ou à l'automne précédant l'implantation d'une culture sensible, peut réduire la charge en sclérotes. Une étude est présentement en cours au CÉROM afin de déterminer l’efficacité et la rentabilité de ce produit dans la culture du soya au Québec.

Pour plus d’information sur les stades du soya, consultez le lien suivant.
 
 
POURRITURE PHYTOPHTHORÉENNE DU SOYA : QUELQUES CAS CONFIRMÉS
Texte original rédigé en 2021 par I. Fréchette, agr. (CÉROM), B. Duval1 et T. Copley2
Révision 2023 : M.-E. Cuerrier1, T. Copley2, B. Duval1 et A. Dionne3
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheuse (CÉROM); 3. Phytopathologiste (MAPAQ)

Des cas de pourriture phytophthoréenne (syn. pourriture des tiges et des racines) ont été détectés dans des champs de soya situés en Montérégie (4), en Estrie (1) et dans le Centre-du-Québec (1). Cette maladie racinaire, causée par un oomycète, Phytophthora sojae, peut entraîner des pertes de rendements importantes dans la culture de soya. Elle se manifeste dans des endroits mal drainés ou pendant des périodes de pluie abondante. Les plants infectés flétrissent, brunissent et dépérissent, mais les feuilles restent attachées aux plants. Les racines des plants infectés sont souvent moins développées, avec la présence d’une pourriture de couleur brune, symptômes pouvant être confondus à ceux produits par d’autres maladies racinaires. Un diagnostic du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) permettra une identification précise de la maladie à partir d’un échantillon composé de plants de soya en entier.
 
Image Agri-Réseau

Symptômes de pourriture phytophthoréenne

É. Martel, agr. (Lavi-Eau-Champ)

 

Les fongicides foliaires ne sont pas efficaces contre la pourriture phytophthoréenne. Les traitements fongicides de semences ne protègent la semence et les plantules que durant une période de deux à trois semaines après le semis, alors que le plant peut être infecté à tous les stades de sa croissance, de la germination jusqu’à la maturité. En plus de privilégier les sols bien drainés et aérés, la mise en place d’une rotation de cultures avec des cultures non hôtes (maïs et blé) et l’utilisation de cultivars de soya possédant des gènes de résistance à plusieurs races de Phytophthora sojae sont les moyens les plus efficaces pour lutter contre cette maladie. Par contre, les gènes de résistance du soya doivent être adaptés à la (les) souche(s) de P. sojae présente(s) dans le champ concerné. Au Canada, il est possible de se procurer des cultivars de soya avec les gènes de résistance Rps, c’est-à dire résistant à Phytophthora sojae, 1a, 1c, 1k, 3a ou 6. Un projet de recherche de l’Université Laval a révélé que certains gènes de résistance (1a et 1c) ne sont plus efficaces au Québec, bien qu’ils soient toujours utilisés. Le choix du cultivar de soya devrait donc se faire en fonction de la sensibilité des souches de P. sojae aux gènes de résistance 1k, 3a ou 6. Pour connaître les souches de P. sojae dans un champ, AYOS Technologies offre un service de diagnostic des différents variants présents dans le sol au moyen d’un outil moléculaire.

Pour en savoir plus, notamment sur des résultats de recherche québécoise sur les souches de P. sojae, consultez le document La pourriture phytophthoréenne du soya : l’importance du choix du cultivar et l’article Avez-vous la bonne variété de soya pour lutter contre la pourriture des racines?


 
PUCERON DU SOYA : LES POPULATIONS AUGMENTENT TRÈS TRANQUILLEMENT ET DÉPASSEMENT DU SEUIL D'ALERTE DANS UN CHAMP DE LANAUDIÈRE
J. Breault1 et J. Saguez2
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheur (CÉROM)

Pour la semaine du 31 juillet, les pucerons du soya étaient présents dans 90 % des sites dépistés dans le cadre du Réseau d’avertissements phytosanitaires en Grandes cultures. Toutefois, la densité moyenne provinciale de puceron du soya par plant est passée de 6,2 à 8,3 (voir le tableau). Les populations sont généralement stables ou en légère augmentation pour l’ensemble des sites, à l’exception du site suivi à Saint-Robert (Montérégie-Est). En effet, dans ce site, le nombre moyen maximum de pucerons par plant a diminué de plus de la moitié (158 à 71 pucerons/plants).

C’est à Saint-Rémi (Montérégie-Ouest) que le nombre maximum moyen a été le plus élevé cette semaine, avec 83 pucerons par plant, ce qui est en-dessous du seuil d’alerte de 250 pucerons par plant. Selon les informations reçues par nos collaborateurs, un seul champ, situé à Lavaltrie (Lanaudière), dépisté à l’extérieur des activités du RAP, aurait atteint ce seuil (255). L’atteinte du seuil d’alerte signifie que les dépistages doivent être faits tous les 3 jours plutôt que de façon hebdomadaire pour suivre l’évolution des populations de pucerons. Pour en savoir plus, consultez la Stratégie d’intervention recommandée au Québec contre le puceron du soya.
 
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Larves de coccinelles observées dans un champ de Lanaudière (Lavaltrie)

Julie Breault, agr. (MAPAQ)

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Larves de cédidomyies et de syrphe observées dans un champ de Lanaudière (Lavaltrie)

Julie Breault, agr. (MAPAQ)

 
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Colonies de pucerons du soya et ennemis naturels observés dans un champ de Lanaudière (Lavaltrie)

Julie Breault, agr. (MAPAQ)

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Puceron momifié observé dans un champ de Lanaudière (Lavaltrie)

Julie Breault, agr. (MAPAQ)

 
Les ennemis naturels, dont les populations sont en hausse, étaient présents dans près de 80 % des champs dépistés. Ils contribuent grandement à maintenir les populations de pucerons sous le seuil d’alerte. En plus des coccinelles, on note une abondance de parasitoïdes (pucerons momifiés) qui ont été observés dans plus du quart des champs de soya avec présence de pucerons. Dépendamment des régions, le stade physiologique du soya varie du stade V9 à R5.  Lors de fortes infestations, la culture présente des risques de dommages jusqu’au stade R5. Cliquez ici pour accéder à un guide sur les stades du soya.

 

Pour identifier les insectes (ravageurs et ennemis naturels) actifs dans les champs de soya, consultez le carnet de champ des dépisteurs du RAP Grandes cultures ainsi que la brochure sur la lutte intégrée contre le puceron du soya.

Pour plus d’information, vous pouvez consulter le bulletin et visionner les vidéos suivants :
 
 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.



Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. Édition: Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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Organisation : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ)
Auteur(s) : RAP - Grandes cultures
Date de publication : 04 août 2023

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