Présentation du réseau provincial des serres sentinelles du RAP. Les tétranyques sont en hausse dans toutes les cultures, particulièrement sur le concombre. Une année plutôt calme pour les thrips, mais n'oubliez pas qu'ils se déplacent massivement lorsque l'herbe n'est pas fauchée régulièrement, le long des serres. Voyez comment les températures extrêmes (tableau) peuvent jouer un rôle dans l'échec de certains agents de lutte biologique. Détection du sphinx de la tomate en Estrie et en Montérégie. Une punaise miride appelée Microtechnites (syn. Halticus) bractatus de plus en plus présente sur le concombre, le poivron, l'aubergine et même le céleri en serre.
NOUVEAUTÉ : RÉSEAU DE SERRES SENTINELLES
Le réseau des serres sentinelles est un nouveau réseau de surveillance phytosanitaire provincial dans les serres maraîchères. Il a été mis en place par le Réseau d'avertissements phytosanitaires (RAP), au début de l’été 2020, afin de dépister les ravageurs, les maladies et autres problèmes abiotiques (désordres, carences, phytotoxicités) dans des serres de différentes tailles, régies et cultures sur l’ensemble du territoire québécois. Ce réseau est coordonné par la chercheure-entomologiste Geneviève Labrie et la chargée de projet Catherine Sylvestre, du Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel (CRAM), ainsi que par l'avertisseure et experte en serriculture au MAPAQ, Liette Lambert. Au total, une vingtaine d’agronomes et autres professionnels formant l’équipe de collaborateurs (MAPAQ, clubs, consultants) visitent une quarantaine d’entreprises serricoles dans 10 régions du Québec. Cette équipe se réunit virtuellement chaque semaine pour partager leurs observations, identifier les problématiques souvent validées par des diagnostics du Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ, discuter des meilleures pistes de solution à utiliser par les producteurs et faire le point sur les projets de recherche en cours. Le réseau permet donc de faciliter et accélérer la diffusion de l’information à l’ensemble des collaborateurs, producteurs participants et abonnés du RAP.
Équipe des sentinelles
Équipe des sentinelles
- MAPAQ : Salah Ameur, Marie-Pascale Beaudoin, Mohammed Boudache, Sam Chauvette, Liette Lambert, Guy-Anne Landry, Jenny Leblanc, Geneviève Legault, Julie Marcoux, Caroline Martineau, Joëlle Ouellet, Marc Poirier, Mahmoud Ramadan, Nicolas Tanguay.
- Conseillers (consultants et clubs) : Anne Chapdelaine (consultante), François Demers (Les productions Écolo-Max), Régis Larouche (consultant), Yveline Martin (PleineTerre), Michel Sénécal (consultant)
- CRAM : Geneviève Labrie et Catherine Sylvestre.
TÉTRANYQUES
Avec les pics de chaleur et les écarts importants d’humidité que nous avons connus en juillet, plusieurs acariens prédateurs n’ont pas pu relever le défi, sauf les plus résistants comme N. californicus. Même N. fallacis produit par la compagnie québécoise Anatis Bioprotection donne de bons résultats et gagnerait à être plus utilisé en serre, car il est tolérant, indigène et persiste, année après année, en serre froide comme en champ, pour revenir le printemps suivant. Mais pour l’acarien P. persimilis, les écarts importants tout comme le manque d’humidité auront eu raison de ses faibles performances, donnant lieu aux nombreux foyers d’éclosion observés actuellement.
De plus, des visiteurs du champ passant entre les mailles des moustiquaires s’invitent parfois dans les serres pour prêter main-forte, de manière souvent insoupçonnée. On remarque, actuellement, de plus en plus de petites larves de cécidomyies appelées Feltiella (anc. Therodiplosis), d'une couleur beige à orangée. Celles-ci ressemblent aux larves d’Aphidoletes (coloration orange plus prononcée), à cette différence qu’elles colonisent les feuilles infestées de tétranyques et non de pucerons, dans le cas d'Aphidoletes. Parce qu’elles recherchent l’humidité et la fraîcheur, on les remarquera davantage sur les feuilles de la base.
Évidemment, quand les conditions sont difficiles, il faut redoubler de prudence, vérifier l’état de vos prédateurs à l’arrivée et en augmenter le nombre, le taux et la fréquence des introductions. Pensez également à leur donner l’humidité nécessaire dès l’introduction, en brumisant le feuillage avant et après. Si les maladies ne posent pas problème, la brumisation aide grandement tout en restant une méthode simple, efficace et peu coûteuse.
Plusieurs acaricides offrent un excellent contrôle tout en étant compatibles avec l’activité des prédateurs acariens.
Pour plus d'information sur les tétranyques
- Fiche technique Tétranyque à 2 points sur tomate
- Fiche technique Tétranyque à 2 points sur concombre
- Charte de décision pour les tétranyques
THRIPS
Mais attention, si vous ne coupez pas l'herbe régulièrement autour des serres, les thrips, abondants dans cette canopée, se déplaceront rapidement vers la serre. Vous avez donc deux possibilités : vous maintenez l'herbe rase en la coupant régulièrement, ou alors vous vous préparez à une invasion en apposant des bandelettes collantes jaunes.
Pour plus d'information sur les thrips
- Fiche technique Thrips dans la tomate
- Fiche technique Thrips dans le concombre
- Fiche technique Thrips dans le poivron
- Charte de décision pour les thrips
TOLÉRANCE DES AGENTS DE LUTTE BIOLOGIQUE AUX TEMPÉRATURES EXTRÊMES
Les grandes chaleurs que nous avons connues ont eu un impact négatif sur la survie de plusieurs agents de lutte biologique, ce qui explique certains échecs. Heureusement, le retour de la fraîcheur et de l'humidité facilitera leur travail.
SPHINX DE LA TOMATE
On détecte actuellement le sphinx de la tomate (ou du tabac) sur certaines entreprises en Estrie et en Montérégie. Quelle magnifique larve que celle de ce ravageur qui se confond dans le feuillage. Toutefois, les dégâts aussi sont spectaculaires, tout comme la grosseur que la larve peut atteindre en grignotant, voire en dévorant les tomates. À noter qu’il est possible de capturer les adultes avec un piège lumineux, vendu en quincaillerie. Pour les traitements, seules les toutes petites larves sont sensibles aux Btk (Bacillus thuringiensis var. kurstaki) alors que les plus avancées, prêtes à former leur chrysalide avant de se transformer en papillon, restent insensibles au produit.
Pour plus d'information sur le sphinx
- Sphinx du tabac (sur le site Ephytia)
- Sphinx de la tomate ou sphinx du tabac (sur le site de l'OMAFRA)
UNE PUNAISE MIRIDE
Microtechnites (syn. Halticus) bractatus
Observée depuis quelques années déjà en serre dans le concombre, mais également dans l’aubergine qu’elle affectionne particulièrement, on la voit maintenant de plus en plus sur le poivron, et même sur le céleri en serre. Curieusement, elle est parfois accompagnée de la cicadelle de la pomme de terre qui cause pratiquement les mêmes symptômes sur le feuillage.
Cette petite punaise miride ressemble à l’altise (coléoptère), car l’adulte est noir et saute lorsque dérangé, tandis que la larve peut être confondue avec la punaise terne au stade nymphe.
On ne lui a pas encore donné de nom commun français, mais en anglais, elle est connue sous le nom de Garden fleahopper.
Comme toutes les punaises, c'est un insecte suceur qui s’alimente de la sève des feuilles, laissant derrière lui des excréments noirs bien visibles au revers des feuilles, et des plages de petits points blancs sur la face supérieure, lesquelles peuvent être confondues avec des dégâts de thrips, de tétranyques ou de cicadelles. Les dommages parfois intenses sur feuilles peuvent impacter le rendement à la baisse, sans toutefois causer de dégâts directs sur les fruits. Sur les jeunes plants, les dommages peuvent être plus importants avec des populations élevées. Cependant, sur les plants matures, il est rare qu’une intervention soit requise. Sinon, un savon ou une huile agira rapidement par contact, spécialement sur les jeunes larves moins mobiles. En traitement conventionnel, seul le BELEAF 50SG (flonicamide) est homologué pour une intervention sur punaises.
Pour plus d'information sur Microtechnites (syn. Halticus) bractatus
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Liette Lambert, agronome (MAPAQ), en collaboration avec le réseau des serres sentinelles (CRAM). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseure du réseau Cultures maraîchères en serre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.