Les captures de papillons du ver-gris occidental des haricots (VGOH) ont augmenté cette semaine. Des masses d’œufs ont été détectées dans des champs dépistés en Montérégie-Ouest et probablement en Outaouais (en attente d’une confirmation). Un dépistage des œufs dans les champs de maïs à risque, et dont les panicules sont sur le point de sortir ou qui sont fraîchement sorties, est recommandé.
LE DÉPISTAGE DES ŒUFS ET DES JEUNES LARVES DU VER-GRIS OCCIDENTAL DES HARICOTS DANS LE MAÏS-GRAIN
Le tableau 1 montre les captures d’adultes de VGOH obtenues cette semaine dans les pièges à phéromone faisant partie du RAP Grandes cultures.
Cette semaine, les captures de papillons du ver-gris occidental des haricots (VGOH) ont augmenté partout, en particulier en Montérégie-Ouest et en Outaouais où des dommages ont été constatés l’an passé. 36 papillons ont été attrapés à Mirabel. À titre comparatif, des captures, parfois supérieures à 100 papillons, ont déjà été obtenues par le passé en Abitibi-Témiscamingue sans que des dommages soient rapportés. Des captures d’une quarantaine de papillons ont été atteintes en Montérégie-Est et en Montérégie-Ouest, à pareille date en 2016, alors que les dommages avaient été rapportés seulement en Montérégie-Ouest.
Le piégeage des adultes du VGOH permet de détecter la présence de ce ravageur, mais ne permet pas de prédire efficacement les pertes de rendement potentiellement causées par les larves dans la culture du maïs. Le dépistage des masses d’œufs permet de suivre leur évolution et d’avoir une estimation de la présence des larves afin d’évaluer la pertinence d’intervenir avec un insecticide.
Le tableau 2 montre les résultats du dépistage des œufs dans 4 champs en Montérégie-Ouest et d’un champ en Outaouais. Sur ces 5 champs, 2 ont atteint le seuil économique d’intervention utilisé en Ontario et au Michigan. Notez qu’une confirmation est attendue à l'effet que les masses d’œufs trouvées dans le champ à Clarendon sont bien des œufs de VGOH.
Les champs de maïs de plusieurs régions sont encore au stade physiologique idéal pour le dépistage des masses d’œufs et des jeunes larves.
Champs à risque
Il est probable que le VGOH soit capable de compléter son cycle vital au Québec, mais cela n’a pas encore été confirmé. Si tel était le cas, les champs situés dans les deux régions où des dommages ont été rapportés en 2016, soit en Montérégie-Ouest et en Outaouais, pourraient être plus à risque d’être touchés par le ravageur. Dans les États américains où il a été confirmé que les larves survivent à l’hiver dans le sol, on rapporte que les risques de dommages sont plus élevés dans les situations suivantes :
- Les secteurs avec des sols sableux.
- Les secteurs où l’on cultive à la fois du haricot et du maïs.
- Les champs où l’on cultive du maïs sans rotation.
Comme les premiers dommages économiques ont été observés pour la première fois au Québec en 2016, on peut s’attendre à ce que le ravageur progresse sur le territoire dans les prochaines années, à l’image de ce qui a été observé aux États-Unis et en Ontario. Par contre, il serait peu probable qu’on assiste à une augmentation drastique des cas d’une année à l’autre.
Il est suggéré, pour les quelques champs qui pourraient rencontrer les facteurs de risque énoncés ci-dessus, de procéder à un dépistage des masses d’œufs.
Méthode de dépistage des masses d’œufs et des jeunes larves
Les femelles pondent sur des plants de maïs juste avant l’émergence des panicules ou lorsque les panicules sont fraichement sorties. C’est durant ce stade du maïs que le dépistage des œufs doit être réalisé. Comme la ponte peut s’étaler durant deux à trois semaines, on recommande de dépister le champ à risque tous les 5 à 7 jours au cours de cette période.
Les masses d’œufs peuvent être réparties de façon inégale dans un champ, surtout si
la levée du maïs a été irrégulière et qu’il est à différents stades de développement (les plants qui n’ont pas atteint l’anthèse sont plus à risque de présenter des masses d’œufs). Il est recommandé de dépister les masses d’œufs et les larves au minimum à 10 endroits différents par champ en examinant le feuillage de 10 plants consécutifs sur le même rang (figure 1).
Les masses d’œufs se retrouvent presque toujours sur la surface supérieure des 3 ou 4 feuilles du haut du plant, le plus souvent sur la feuille étendard ou sur des feuilles qui ont encore un port dressé (photo 1). Une masse d’œufs contient en moyenne 85 œufs, mais ce nombre peut varier de 2 à 345. La meilleure façon de repérer leur présence consiste à observer chacune de ces feuilles à contre-jour par temps ensoleillé (photo 2). Par la suite, il faut examiner l’aisselle de chacune de ces feuilles, car les œufs sont parfois pondus à cet endroit. On doit noter le nombre de plants portant une masse d’œufs et la couleur de ces derniers. Lorsque les œufs sont blancs (photo 3), il faut retourner quelques jours plus tard afin d’observer si les œufs prennent une couleur violacée (photo 4), indiquant une éclosion dans les deux jours suivants. Afin de retourner observer l’état des masses d’œufs, il est recommandé d’identifier les plants atteints à l’aide de ruban ou de drapeaux.
Photo 1. Masse d’œufs à la surface d’une feuille | Photo 2. Même masse d’œufs vue à contre-jour |
Crédit : Francois Meloche |
Photo 3. Couleur et apparence des œufs le jour de la ponte | Photo 4. Couleur des œufs environ 24 heures avant leur éclosion |
Crédit : Marlin E. Rice, Université de l'Iowa |
Il est aussi possible de dépister les larves. Toutefois, les jeunes larves sont plus difficiles à repérer en raison de leur petite taille et de leur grande mobilité sur le plant. C’est en examinant attentivement les surfaces des feuilles du haut du plant et le collet des feuilles à la base des épis qu’on a le plus de chances de repérer les jeunes larves.
Pour noter vos observations, vous pouvez utiliser le fichier Excel utilisé par le RAP Grandes cultures. Si vous acceptez de nous transmettre vos résultats, merci nous les faire parvenir à rapcerom@cerom.qc.ca.
Seuil économique d’intervention et fenêtre de traitement
En Ontario et au Michigan, on recommande d’appliquer un traitement insecticide lorsqu’un seuil cumulatif de 5% de plants portant des masses d’œufs et/ou des jeunes larves est atteint. Par exemple, si vous observez 2% des plants atteints lors du premier dépistage et que, cinq jours plus tard, ce sont 3% des plants observés qui présentent des œufs ou de jeunes larves, le seuil cumulatif de 5 % est atteint. L’addition de ces deux valeurs considère que les œufs du premier dépistage sont déjà éclos et n’est valide que si le dernier dépistage est effectué au moins 5 jours plus tard. Ce seuil est basé sur l’utilisation d’équipements de pulvérisation spécialisés ou des traitements aériens qui ne causent pas ou peu de dommages à la culture lors du traitement. Des seuils d’intervention plus élevés doivent être envisagés pour tenir compte des pertes causées par le passage d’un pulvérisateur conventionnel.
La fenêtre d’intervention contre le VGOH est très restreinte. On doit traiter avant que les larves ne se logent dans les soies où elles seront difficiles à détruire. Lorsque les œufs éclosent, les larves prennent 1 à 2 jours avant de trouver les croix où elles se nourrissent pendant 3 à 4 jours, puis elles prennent 1 à 2 jours pour se rendre aux soies. Si vous dépistez avant la sortie des croix et que vous constatez que les œufs sont éclos, on recommande d’attendre que les soies soient sorties avant d’appliquer l’insecticide. Si les croix sont toutes sorties, les soies seront potentiellement accessibles aux larves. Le traitement pourrait donc être appliqué dans les 5 à 7 jours suivant l’éclosion des œufs. Cette éclosion peut être déterminée par la couleur des œufs; lorsqu’ils deviennent mauves, l’éclosion se produira dans les 48 heures.
Les dommages causés par le ravageur constatés en 2016 dans des champs affectés en Montérégie-Ouest et en Outaouais semblent avoir favorisé le développement de champignons responsables de moisissures. Toutefois, l'importance des champignons qui causent la fusariose de l’épi et la production de vomitoxine n'a pas été mesurée. La photo 5 montre les moisissures qui étaient apparentes sur la majorité des épis affectés.
Le seuil économique d’intervention dans la culture du maïs fourrager est inconnu. Comme le VGOH s’attaque uniquement aux épis et que ces derniers représentent 50 % de la matière sèche récoltée, on peut penser que le seuil économique d’intervention serait plus élevé. Par contre, on ne connaît pas l’impact que peut avoir une infestation de ce ravageur sur la qualité et la conservation de l’ensilage.
Photo 5: Moisissures se développant sur les grains mangés par une larve de VGOH Source : Stéphanie Matthieu, MAPAQ |
Méthode de lutte
Tel que mentionné plus haut, les champs de maïs qui possèdent la technologie Bt Viptera sont moins susceptibles d’être affectés par l’insecte.
Toutefois, si vous n’utilisez pas cette technologie et que le seuil économique est atteint, plusieurs produits insecticides sont homologués pour lutter contre ce ravageur. Consultez le site de SAgE pesticides en en savoir plus (cliquez ici pour accéder à la liste des insecticides homologués pour l’application terrestre et ici pour celle des produits autorisés en application aérienne). Ce site contient également de l’information sur les IRE et IRS des produits.
Il est important d’utiliser un insecticide seulement si c’est nécessaire et de le faire pendant la fenêtre d’intervention appropriée afin d’en maximiser l’effet, d’assurer la rentabilité du traitement et de prévenir le développement de résistance chez l’insecte.
Références
Baute, T., Smith, J. et Schaafsma, A. 2017 Campus Western Bean Cutworm Scouting and Management in Field Corn. Fiche technique du Ministère de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires Rurales de l’Ontario. Disponible en ligne.
DiFonzo, C. 2017. Time to scout and manage western bean cutworm in southern Michigan
Article publié par Michigan State University Extension, Department of Entomology. Disponible en ligne.
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Fréchette, agr., Geneviève Labrie, biologiste-entomologiste, Stéphanie Mathieu, agr. et Julien Saguez, biologiste-entomologiste avec la collaboration de Claude Parent, agr., Brigitte Duval, agr. et Christine Rieux, agr. Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.