La dernière semaine a été marquée par du temps très chaud et sec, excepté pour les régions près de Montréal qui ont reçu d'importantes précipitations lors des derniers jours. Là où les sols sont secs, on remarque des carences minérales, notamment la brûlure de la pointe. L'apport régulier en eau aux cultures leur permet de bien s'approvisionner en calcium et ainsi de limiter l'impact de ce problème abiotique. Dans les sols plus humides, les chaleurs intenses, combinées à une humidité relative élevée, ont occasionné de l'oedème et de la guttation. Attention de ne pas confondre les symptômes de cette dernière avec ceux causés par des maladies comme la nervation noire ou les taches alternariennes. Toutefois, comme les gouttelettes de guttation formées à la marge des feuilles favorisent l'entrée dans la plante des bactéries comme celles causant la nervation noire, l'apparition des « V » jaunes caractéristiques de la maladie à partir de la marge des feuilles peut survenir ultérieurement. Aussi, les fortes pluies, et parfois la grêle, qui sont tombées dans des secteurs près de Montréal ont causé des dommages sur le feuillage par endroits. De tels dommages (désordres physiologiques et dommages physiques) constituent des portes d'entrée potentielles pour les maladies.
Feuillage de brocoli abîmé par de fortes précipitations
Photo : CIEL
Du côté des maladies, la température et l'humidité relative élevées des derniers jours ont favorisé les infections et le développement des taches alternariennes (Alternaria brassicae, A. brassicicola). De nombreux dommages sont rapportés dans les inflorescences de brocoli et de chou-fleur, tandis qu'on observe des taches foliaires, parfois très petites (infections récentes) dans l'ensemble des crucifères-feuilles/fleurs. Là où les conditions sont plus humides, on observe également une progression des maladies bactériennes, notamment la nervation noire et la pourriture molle bactérienne. Les maladies racinaires (Rhizoctonia, Fusarium, Pythium spp.) occasionnent aussi des pertes dans les zones moins bien drainées. Par ailleurs, dans certains champs qui ont souffert des conditions sèches, les symptômes de hernie des crucifères sont davantage visibles. Enfin, le mildiou, qu'on observe dans les crucifères-racines et le chou pommé, pourrait profiter des températures plus fraîches.
Avec les récoltes des céréales, les thrips sont à surveiller dans les champs de choux près du stade pommaison. On observe d'ailleurs une intensification de leur activité dans plusieurs cultures. Leurs dommages peuvent être confondus avec les symptômes d'œdème, un désordre physiologique s'exprimant sous forme de petites boursouflures qui surviennent lorsque les racines absorbent plus d'eau que ce que la plante peut en évacuer par transpiration. L'oedème s'exprime généralement sur la face inférieure des feuilles alors que les dégâts de thrips sont visibles sur les deux côtés de la feuille. Avant d'intervenir contre les thrips, il faut s'assurer de leur présence sur les choux et qu'ils soient atteignables selon le mode d'action des produits appliqués pour les réprimer.
La pression des pucerons est en hausse par endroits tandis que la cécidomyie du chou-fleur est active sur l'ensemble du territoire.
Enfin, les altises (des navets, des crucifères et à tête rouge) et les chenilles défoliatrices (piéride du chou, fausse-teigne des crucifères et fausse-arpenteuse du chou) sont trouvées régulièrement dans les champs; des interventions sont en cours par endroits et elles semblent offrir un bon contrôle dans la majorité des cas.
RAPPEL : DESTRUCTION DES RÉSIDUS ET IMPLANTATION DE CULTURES DE COUVERTURE
Après la récolte de vos cultures ou l'abandon d'un champ, il est recommandé de déchiqueter et d’enfouir les résidus. Cette opération permet d'empêcher les ravageurs et les maladies de se développer et/ou de compléter leur cycle, ce qui constitue une stratégie efficace pour limiter leur impact sur les crucifères de la saison, mais également sur les crucifères qui seront cultivées dans les années à venir. D'ailleurs, parmi les stratégies préventives de lutte contre la nervation noire, il est recommandé d'enfouir rapidement les résidus de culture pour accélérer leur décomposition.
Après la destruction des résidus de culture, il est aussi recommandé de couvrir les sols en semant des plantes de couverture (culture simple ou mélange de plusieurs espèces de plantes). En plus d'améliorer la santé et la conservation des sols, leur implantation (travail du sol) et leur développement contribuent à la valorisation des éléments fertilisants et à la bonne gestion des ennemis des cultures, notamment en compétitionnant avec les mauvaises herbes et en interférant dans le cycle de développement de certains ravageurs et maladies. Il faut toutefois attendre les bonnes conditions de sol et météorologiques pour semer les cultures de couverture afin qu'elles germent rapidement et puissent croître de manière optimale. Faites appel à votre conseiller horticole pour vous aider dans votre choix de culture de couverture à implanter.
Cultures de couverture d'avoine et de pois fourrager semées après une récolte de brocoli
Photo : CIEL
Si vous avez des doutes sur les symptômes que vous observez, votre conseiller ou les experts du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ pourront vous aider. D'ailleurs, afin d'encourager le secteur de l'agriculture biologique et la relève agricole à faire appel à ses services, le LEDP offre gratuitement des analyses à ces clientèles.