Météo : températures passant du frais au chaud et précipitations variables. Développement de la culture : poursuite d'une bonne croissance. Insectes : activité du doryphore qui se maintient ou augmente selon la région, forte pression de la cicadelle de la pomme de terre par endroits, plus faible activité des autres insectes. Maladies : aucun cas de mildiou au Québec, mais présence rapportée en Ontario, progression de la brûlure hâtive et de quelques autres pathogènes. Journée Pomme de terre : il est encore temps de s’inscrire.
Pour la période du 28 juin au 4 juillet, des températures plutôt fraîches en début de période (28 et 29 juin) ont été enregistrées un peu partout en province, autant le jour que la nuit. Le mercure est même descendu jusqu’à 4 à 6 °C pour des secteurs plus au sud (ex. : Lanaudière). Par la suite, le mercure a graduellement monté pour dépasser les moyennes de saison et atteignant même la barrière du 30 °C par endroits (voir le sommaire agrométéorologique). Les précipitations, survenant principalement les 29 et/ou 30 juin, ont été moins importantes que pour la période précédente. Les cumuls ont été variables en province (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (5 au 11 juillet), Environnement Canada prévoit des températures le plus souvent chaudes accompagnées de risques de précipitations principalement en début et/ou en fin de période selon le secteur, sous de possibles averses orageuses.
La culture se porte bien à travers la province selon les collaborateurs, et même dans des conditions idéales par endroits comme au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Pour la primeur, les entre-rangs sont fermés en plusieurs endroits du sud et les tubercules grossissent bien avec une bonne famille en général. Un début de vraie récolte est prévu dans 12 à 16 jours dans des secteurs du sud. Pour les autres champs (destinés à l’entreposage), la pousse végétative demeure bonne et constante, avec une floraison qui apparaît de plus en plus en allant de l’ouest vers l’est. Cependant, des collaborateurs des régions du centre et de l’est mentionnent que certaines parcelles, les mêmes que la semaine dernière, demeurent moins végétatives et/ou de croissance inégale (ex. : 'Pomerelle', 'Reveille') (voir photo). Les désordres abiotiques mentionnés la semaine dernière se sont résorbés en grande partie. L’irrigation se poursuit ou débute par endroits dans des secteurs du centre et du sud de la province, en lien avec des carences en précipitations et/ou des besoins en eau à la hausse. Les chantiers de renchaussage se poursuivent dans la majorité des régions, parfois retardés par des sols encore trop humides. Le tableau ci-dessous présente le stade de développement de la primeur dans différentes régions de la province.
Régions | Stade de la culture (primeur) |
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | Fin floraison Tubercules : ND |
Outaouais | Floraison avancée Tubercules : 3-5 cm |
Lanaudière et Laurentides | Fin floraison à maturation Tubercules : 6-9 cm |
Centre-du-Québec et Mauricie | Floraison à postfloraison Tubercules : 4-8 cm |
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | Floraison Tubercules : 4-7 cm |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | Bouton floral Tubercules : 1-2 cm |
ND = données non disponibles
INSECTES
Le doryphore de la pomme de terre demeure actif dans les régions du sud et du centre de la province, alors que des larves parfois nombreuses (de tous les stades), des adultes et la ponte continuent d'être observés. Il est à noter que les produits insecticides appliqués au semis ont démontré une moins bonne rémanence en parcelles fortement infestées. On rapporte à nouveau une bonne efficacité des produits de contrôle foliaire, lorsque bien utilisés. Des plants qui se développent bien peuvent supporter plus de larves de cet insecte, mais il faut qu’il y ait le moins de défoliation possible une fois que le stade bouton floral est atteint. On rappelle qu’il faut utiliser un produit de contrôle d’un groupe chimique différent de celui utilisé lors du semis, si c’est le cas. L’activité du doryphore demeure encore faible ou sous contrôle dans des secteurs plus au nord (ex. : Lac-Saint-Jean) et à l’est (ex. : Bas-Saint-Laurent), mais l'insecte est plus présent en Gaspésie, nécessitant un suivi plus serré. Davantage d’adultes du doryphore infectés naturellement par le champignon Beauveria ont été observés par endroits ces derniers jours (voir photo). D'ailleurs, le biopesticide à base de Beauveria bassiana BIOTITAN WP peut être utilisé pour réduire le nombre de doryphores.
L’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a fortement progressé en cours de période dans les régions du sud et du centre, mais aussi plus au nord comme au Saguenay–Lac-Saint-Jean, mais moindrement. Des collaborateurs rapportent des captures allant parfois jusqu’à 100 adultes/piège/semaine, mais avec des décomptes très variables selon la parcelle. Les captures sont nettement plus élevées pour des champs sans insecticide au semis, avec la présence de nymphes et un début de symptômes foliaires pour cette régie. Les nymphes causent plus de dommages à la culture que les adultes. Cela prend plusieurs jours avant de constater des symptômes d’activité d’où la nécessité de dépister la présence de nymphes dès maintenant. Pour les parcelles avec un traitement insecticide appliqué lors du semis (groupe 4A), les captures augmentent, mais on ne rapporte pas ou peu de nymphes dans les parcelles, pour le moment. Pour les producteurs n’ayant pas encore installé les pièges jaunes englués, il est plus que temps de le faire afin de vérifier l’activité de la CPT au niveau de la ferme, pour déterminer la nécessité ou non d’une intervention.
On rapporte peu de problèmes encore pour d’autres insectes ou ravageurs :
- Punaise terne : présence d’adultes et/ou de nymphes dans des parcelles de plusieurs régions, mais sans dommages notables à la culture (sauf localement, comme en bordure de brise-vent en Gaspésie).
- Pyrale du maïs : hausse marquée de la ponte et des captures de papillons dans le secteur du Saguenay–Lac-Saint-Jean, avec un dépassement du seuil d’intervention fixé à 1 masse d’œufs/5 plants. Une intervention serait à prévoir pour certaines parcelles plus à risque d’ici une dizaine de jours environ, selon un collaborateur.
- Pucerons : les décomptes demeurent bas, soit environ 3-5 individus/piège bol/semaine dans des zones semencières. Leur activité n’est pas ou peu rapportée ailleurs en province, avec seulement quelques formes ailées sur des pièges jaunes collants.
- Vers gris : de faibles dommages sont observés en bordure de quelques champs (tiges coupées ou grugées).
- Altise à tête rouge, méloé cendré, scarabée japonais : présence localisée avec de faibles dommages foliaires.
MALADIES
Aucun cas ou symptôme du mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté au Québec depuis le début de la présente saison. Un cas suspect, dans la tomate, s'est avéré négatif à la suite de l'analyse par le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) cette semaine. Cependant, une activité du champignon a été mentionnée dans le sud de l’Ontario le 3 juillet. Cela demeure une date hâtive. Est-ce que du mildiou est possible en début juillet au Québec? D’après des statistiques disponibles, cela est déjà survenu en 2009, avec entre autres la découverte de la maladie dans des champs de la région de Québec un 8 juillet. Le modèle prévisionnel MILÉOS a continué de donner des risques au cours de la dernière période pour certaines régions en province. Il demeure donc important de maintenir une protection complète de la culture en utilisant un ou des produits en conséquence, selon la vigueur des plants (présence de nouvelles pousses végétatives), les prévisions météo à venir, les précipitations qui ont pu délaver un produit, la situation géographique de la parcelle, etc. L’eau et une hygrométrie élevée jouent un rôle important dans l’évolution de la maladie. Il ne faudra pas hésiter à utiliser un produit plus pénétrant si cela le justifie, particulièrement dans les secteurs où du mildiou a été identifié en 2023.
Le dépistage au champ devrait débuter, particulièrement pour les plants plus avancés. La découverte hâtive d’un possible inoculum primaire de la maladie est importante pour optimiser son contrôle et empêcher sa dissémination. Même en période sans précipitations, il faut porter une attention lors de la pratique de l’irrigation afin de permettre un séchage rapide du feuillage, surtout avant la nuit et vérifier si des fuites d’eau ne sont pas présentes au niveau des pivots ou des rampes (ex. : base des asperseurs, raccords). La gestion des volontaires, présents par endroits, est importante. Si vous observez des taches suspectes, il ne faut pas hésiter à contacter votre conseiller, au besoin, pour vérification, afin de bien identifier si du mildiou est présent ou non, car d’autres taches peuvent y ressembler.
Pour en savoir plus sur le mildiou, consultez la fiche Le mildiou, une maladie à surveiller.
Selon le site Web USA Blight (PlantAid), aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté au cours de la dernière période en Amérique du Nord. Il est bon de mentionner que ce site n’est pas utilisé par tous les intervenants ayant détecté la maladie.
Les symptômes associés à l’activité de la tache alternarienne (brûlure hâtive) ont progressé dans des secteurs du sud et localement du centre de la province (voir photo). Cependant, les infections demeurent généralement sur l’étage inférieur des plants et pour des cultivars de primeurs. Ces derniers, plus avancés physiologiquement, deviennent plus susceptibles à des infections, en condition de temps chaud, avec alternance de périodes sèches et humides, et/ou à la suite d’une période de stress. Un contrôle plus spécifique peut être nécessaire afin d’empêcher le champignon de trop progresser, surtout si des plants plus jeunes sont touchés. Il faut bien identifier la maladie, car d’autres taches peuvent y ressembler (voir photo).
Concernant les autres maladies d’intérêt, les collaborateurs rapportent de l’activité, mais présentement sans trop de nuisibilité à la culture :
- Jambe noire : début ou légère hausse de symptômes à la base de tiges (régions centre et sud).
- Gale commune : d’autres cas plus visibles dans des champs en cultivar de type rond, mais encore plutôt localisée (voir photo).
- Flétrissure verticillienne : un possible début d’activité (hâtive) dans des parcelles de primeurs du sud, mais aussi du centre de la province.
- Virus : une expression plus visible de symptômes associés, encore à faible intensité, pour plusieurs cultivars.
- Dartrose : un début de symptômes associés à la maladie, localement, dans Lanaudière.
RAPPEL - JOURNÉE POMME DE TERRE
Le jeudi 11 juillet 2024 aura lieu une journée Pomme de terre. Les producteurs sont particulièrement invités à cette activité gratuite entièrement consacrée à la production de la pomme de terre. Vous aurez l’occasion d’entendre plusieurs conférenciers en plus de réseauter avec vos pairs et des intervenants du secteur. Pour en savoir plus et vous inscrire, voici le lien : Journée Pomme de terre Mauricie.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.