Météo : températures moins chaudes et précipitations significatives. Développement de la culture : pousse végétative active, certains désordres présents. Insectes : activité du doryphore qui s’accentue, cicadelle de la pomme de terre à surveiller, autres insectes avec un début ou une faible activité. Maladies : aucun cas de mildiou, mais risques présents, faible présence ou progression d’autres pathogènes. Mauvaises herbes : poursuite d’interventions de postlevée par endroits, test de résistance.
Pour la période du 21 au 27 juin, la forte chaleur a pris fin abruptement avec un retour à des températures plus fraîches au début (dont à moins de 20 ºC le jour par endroits), mais à la hausse par la suite pour dépasser les moyennes de saison par moments (voir le sommaire agrométéorologique). Le fait marquant de la période a été les fortes précipitations survenues principalement dans les régions du sud et du centre de la province avec des cumuls impressionnants en cours de période. C’est surtout durant la journée du 23 juin qu’une robuste dépression a déversé de fortes quantités, soit de 40 à 90 mm en général, et même jusqu’à 110 mm par endroits (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (28 juin au 4 juillet), Environnement Canada prévoit des températures plutôt fraîches au début, mais augmentant par la suite, avec des précipitations principalement les 29 et 30 juin avec des quantités plus importantes dans des secteurs du sud et du centre de la province.
Après une dernière semaine éprouvante pour les plants de pomme de terre, les conditions météo de la dernière période ont favorisé une bonne pousse végétative, et ce, partout. Le développement foliaire est rapide avec des entre-rangs qui se ferment dans la primeur. Les fortes précipitations du dimanche 23 juin ont permis de bien réhumidifier les sols aidant ainsi la culture à bien récupérer. Cependant, dans le secteur du Saguenay–Lac-Saint-Jean, des averses moins généreuses nécessitent un suivi pour l’irrigation. Plusieurs parcelles sont en fleurs ou près de l’être dans les secteurs sud et centre. Des températures plus près des moyennes de saison le jour et parfois fraîches la nuit sont présentement favorables à la tubérisation, plus en sol humide (voir photo). Cependant, des collaborateurs rapportent à nouveau des parcelles avec des plants moins végétatifs ou de croissance encore inégale, pour certains cultivars (ex. : 'Goldrush', 'Pomerelle', 'Reveille', 'Caribou'). Des nécroses de chaleur sur le feuillage sont encore visibles par endroits, entre autres dans la 'Goldrush' (voir photo), sans impact sur la culture. Des dommages foliaires sont aussi mentionnés, probablement à cause de contaminants atmosphériques (voir photo). Également, quelques cas de croissance secondaire (voir photo) sont mentionnés dans le Bas-Saint-Laurent et au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ce désordre physiologique serait associé à des conditions trop chaudes et sèches. Certains cultivars y seraient plus prédisposés. Les opérations de renchaussage/buttage se poursuivent dans la majorité des régions, plus ou moins rapidement selon la météo. Le tableau ci-dessous présente le stade de développement de la primeur dans différentes régions de la province.
Régions | Stade de la culture (primeur) |
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | Floraison à fin floraison Tubercules : ND |
Outaouais | Floraison Tubercules : ND |
Lanaudière et Laurentides | Floraison à fin floraison Tubercules : 5-8 cm |
Centre-du-Québec et Mauricie | Floraison Tubercules : 3-6 cm |
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | Floraison Tubercules : 3-6 cm |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue |
Plants : 25-35 cm
Tubercules : initiation
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ND = données non disponibles
La pression de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) demeure très variable selon la parcelle et la région. Les populations sont en général plus élevées que la saison dernière à la même période. Il est donc important pour le producteur d’installer des pièges jaunes englués dans ses champs pour en améliorer le suivi. Par endroits, des captures à plus de 50-75 adultes/piège/semaine sont rapportées localement, entre autres dans le centre de la province. La présence de nymphes sous le feuillage est observée, de même que quelques légers symptômes foliaires. Des interventions sont prévues, localement, et ce, pour des parcelles SANS insecticide au semis. On rappelle que des plants en santé supportent mieux de possibles attaques des CPT.
Concernant d’autres ravageurs d’intérêt, voici des observations rapportées :
- Une activité à la hausse de la punaise terne et de dommages associés, souvent en bordure de parcelles (ex. : Gaspésie, Capitale-Nationale, Mauricie). Il faut bien identifier l’insecte en présence, car les symptômes de certains désordres abiotiques peuvent porter à confusion.
- Aucune nouvelle mention d’activité ou d’évolution de vers gris (Centre-du-Québec, région de Québec).
- De faibles captures (0-2 individus/semaine) de pucerons dans des pièges-bols en zones semencières et également sur des pièges jaunes englués (Capitale-Nationale).
- Un début de ponte de la pyrale du maïs dans le secteur du Saguenay–Lac-Saint-Jean avec peu de papillons capturés dans des pièges jusqu'à présent. La race en présence (univoltine ou bivoltine) reste à préciser.
- L’arrivée (plutôt hâtive) des premiers adultes de l’altise à tête rouge localement (Chaudière-Appalaches), ainsi que de quelques méloés cendrés (Mauricie, Capitale-Nationale).
Aucun symptôme de mildiou de la pomme de terre n’a été observé au Québec depuis le début de la saison. Avec le temps plus humide depuis les précipitations du 23 juin, la baisse des températures, la bonne pousse végétative dans les champs (plants bien verts) et la présence de la maladie dans plusieurs régions en 2023, un suivi serré doit se maintenir même si les risques d’infection peuvent varier selon la région. Des averses orageuses représentent un des moyens de dispersion des spores du champignon. Le choix du produit de contrôle relève le plus souvent du cas par cas, mais il ne faudrait pas hésiter à utiliser un produit plus pénétrant si cela le justifie, même en ce début de saison, particulièrement dans les parcelles plus avancées et dans les secteurs où du mildiou a été identifié en 2022 et/ou 2023. Des prévisions météo qui ne se réalisent pas toujours peuvent compliquer la gestion des interventions par moments. Les volontaires (dont les repousses de plants de pomme de terre dans des parcelles en rotation) et les rebuts de tubercules doivent être bien gérés. Si vous observez des taches suspectes, il ne faut pas hésiter à contacter votre conseiller, au besoin, pour vérification.
Selon le site Web USA Blight (PlantAid), aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté au cours de la dernière période en Amérique du Nord. C’est la même situation pour les autres sites consultés où un suivi de cette maladie est disponible (Canada, États-Unis).
Les symptômes associés à l’activité de la tache alternarienne (brûlure hâtive) n’ont pas vraiment évolué depuis la semaine dernière (sud et centre de la province). Les quelques infections demeurent toujours confinées au feuillage de l’étage inférieur de plants de certains cultivars hâtifs. Les bonnes conditions de croissance des plants présentement limitent les risques de développement du champignon.
Le contrôle préventif de la dartrose se poursuit dans des parcelles avec des plants plus avancés. Il est encore trop tôt pour en observer des symptômes. Les quelques cas de jambe noire mentionnés la semaine dernière ont peu évolué. Plus de présence de plants virosés est rapportée par des collaborateurs et pour plus de cultivars selon leur provenance, mais à un niveau plutôt faible. De premiers cas de gale commune ont été signalés tout dernièrement dans la région de Québec, sur de petits tubercules.
Le contrôle des adventives se poursuit par endroits en situation de postlevée de la culture, pour certaines espèces en particulier. Mais les interventions deviennent moins nécessaires (avec herbicides) ou possibles (avec sarclage mécanique) avec la fermeture des entre-rangs. Il faut bien lire les étiquettes des produits disponibles pour vérifier la sensibilité des mauvaises herbes au désherbant choisi.
Dans certaines régions, les traitements en prélevée ont eu une efficacité variable, selon les températures et les précipitations reçues. Le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ, en collaboration avec le RAP Pomme de terre, démarre une surveillance des mauvaises herbes résistantes à certains herbicides, particulièrement du groupe 5 (ex. : métribuzine), dans la culture de la pomme de terre. Le chénopode blanc est principalement visé. De 2017 à 2019, un inventaire de cette mauvaise herbe résistante à la métribuzine a été fait dans la culture de la pomme de terre dans les provinces maritimes et 46 % des 191 champs de pommes de terre échantillonnés contenaient des populations de chénopode blanc résistantes. Au Québec, une population résistante a été identifiée dans un champ de pommes de terre en 2023 et son contrôle a été faible.
Le chénopode blanc est une espèce annuelle pouvant produire jusqu’à 70 000 semences par plant et ces graines demeurent ensuite viables dans le sol pendant plus de 50 ans. Les individus résistants peuvent donc devenir rapidement la population dominante dans un champ si des herbicides du groupe 5 sont utilisés de façon répétée. Connaître le portrait de cette résistance permettrait une meilleure surveillance du territoire et permettrait aux entreprises collaboratrices de mieux prévoir leurs interventions phytosanitaires.
Si vous soupçonnez des populations de chénopodes blancs ou d’autres plantes résistantes aux herbicides du groupe 5 (atrazine et métribuzine), vous pouvez contacter votre conseiller ou le RAP Pomme de terre pour qu’un échantillon puisse être acheminé au LEDP. La détection de la résistance est importante pour assurer une lutte intégrée de vos adventices.
Pour plus d'information :
- Comment soumettre un échantillon au LEDP
- Portrait de la résistance des mauvaises herbes aux herbicides au Québec (mise à jour).
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.