CHRYSOMÈLE DU HARICOT DANS LE SOYA : FAIBLES POPULATIONS ET PEU DE DOMMAGES AUX GOUSSES
S. Boquel1, V. Samson2 et M.-E. Cuerrier2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)
Les résultats de dépistage de la chrysomèle du haricot réalisé dans les champs de soya de la Montérégie-Est et Ouest ainsi que dans Lanaudière montrent de faibles populations et peu de dommages aux gousses. En effet, les populations de chrysomèles varient de 0,05 à 3 individus par coup de filet dans les champs suivis. Les dommages aux gousses sont également faibles avec un maximum de 2,7 % des gousses endommagées. C’est en Montérégie-Ouest, au site de Saint-Urbain-Premier, que les valeurs maximales ont été atteintes. Toutefois, ces valeurs restent en dessous des seuils d’intervention proposés par l’Université de Purdue (voir le tableau ci-dessous). Le suivi de l’évolution des populations et des gousses endommagées est tout de même suggéré dans les champs de cette région.
Par ailleurs, la période à risque (R5 à R7) et de dépistage arrive bientôt à sa fin : une fois les gousses jaunies, elles deviennent peu attrayantes pour la chrysomèle et sont ainsi moins susceptibles d'être endommagées. Consultez le document suivant pour de l’information détaillée sur les stades du soya.
Pour en savoir plus sur la chrysomèle du haricot et son dépistage, consultez l’avertissement N° 16 du 11 août 2023, la fiche technique La chrysomèle du haricot dans le soya ou encore la vidéo La chrysomèle du haricot : biologie, dépistage et stratégies d’intervention.
GARDEZ L’ŒIL OUVERT : UN PLANT D’AMARANTE DE PALMER IDENTIFIÉ EN ONTARIO
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheuse (CÉROM)
L’amarante de Palmer (Amaranthus palmeri) a récemment été retrouvée en bordure d’un champ de maïs sur une ferme située dans le comté de Wellington dans le sud-ouest de l’Ontario (consulter le bulletin d’information N° 2 du 1er septembre 2023 du RAP Malherbologie pour de l’information complémentaire). Bien que la plante ait été observée en 2007 le long d’une voie ferrée, c’est la première fois que sa présence est rapportée en milieu rural dans la province ontarienne. Au Québec, la plante n’a pas encore été observée. Originaire du sud-ouest des États-Unis et du Mexique, l’amarante de Palmer est maintenant abondante dans les États du nord des États-Unis. Sa présence de plus en plus nordique démontre qu’elle pourrait bien s’adapter aux conditions climatiques du Québec.
Comment distinguer l’amarante de Palmer des autres espèces d’amarantes?
Caractéristiques | Description |
Pubescence de la tige | La tige est glabre (absence de poils). |
Forme et couleur des feuilles | Les feuilles sont de forme ovale à rhombique (en forme de losange). |
Longueur du pétiole | Le pétiole est plus long que le limbe de la feuille. Ce caractère peut facilement être vérifié au champ en repliant le pétiole sur la feuille (photo 2). |
Structure de l’inflorescence | Les fleurs femelles et les fleurs mâles se retrouvent sur des plants différents (espèce dioïque). Les fleurs femelles comportent des bractées rigides, rendant l’inflorescence très piquante au toucher. |
Tige et hauteur du plant | La tige est plus large et robuste chez l’amarante de Palmer que chez les autres amarantes. Les plants peuvent mesurer jusqu’à 3 m de hauteur (photo 3). |
Le début de l’automne est le moment parfait pour dépister les amarantes puisqu’elles sont généralement plus hautes que la culture. Si vous avez un doute sur l’espèce d’amarante retrouvée dans un champ, ou si vous trouvez une amarante avec les caractéristiques listées ci-haut, n’hésitez pas à envoyer une photo à mauvaiseherbe@mapaq.gouv.qc.ca. Les malherbologistes du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ vous indiqueront s'il est nécessaire d'envoyer un échantillon pour effectuer un test d’identification moléculaire. De plus, le LEDP offre gratuitement un service d’identification et de détection des résistances aux herbicides chez toutes les espèces d’amarantes. L’identification de la plante est la première étape à entreprendre dans le cadre d’une démarche de gestion intégrée des mauvaises herbes. Une fois l’identification confirmée, les stratégies de lutte les mieux adaptées à l’espèce en question peuvent être mises en place.
Finalement, des mesures de prévention, comme le nettoyage de l’équipement usagé acheté des États-Unis (p. ex. : moissonneuse-batteuse), sont fortement encouragées afin de minimiser le risque d’introduction de cette espèce au Québec.
Pour plus d’information, veuillez consulter les documents suivants :
- Différenciation entre les espèces d’amarante (fiche technique, RAP Malherbologie)
- Amarante de Palmer (fiche IRIIS phytoprotection)
- Carte aide-mémoire du Conseil canadien de la santé des végétaux sur l’identification de l’amarante de Palmer
- Palmer amaranth found in Ontario (Field Crop News) (en anglais)
- Protocole de surveillance harmonisée pour l’amarante tuberculée et d’autres espèces d’amarantes
- La biosécurité dans le secteur des grains - Trousse d’information
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |