Pour la période du 18 au 24 août, une météo plus normale a eu lieu dans plusieurs régions. Les températures se sont maintenues plutôt près de la moyenne de saison le jour, mais avec des nuits plus fraîches en fin de période (par exemple, 5 ºC à Deschambault le 23 août). Des écarts notables ont été parfois enregistrés pour les températures entre le jour et la nuit, conduisant à la formation de bonnes rosées le matin (voir le sommaire agrométéorologique). Les cumuls de précipitations en cours de période ont été plutôt légers, survenant principalement le 18 et/ou le 19 août, mais plus importants par endroits sous de fortes averses, dont dans le Bas-Saint-Laurent (ex. : 65 mm à Kamouraska) (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Pour la période du 25 au 31 août, selon Environnement Canada, des températures près ou sous les moyennes de saison sont prévues, avec quelques journées de précipitations en début et en fin de période, sans grandes accumulations à priori.
Des collaborateurs rapportent de la variabilité selon la région et la parcelle. Un mélange de sénescence naturelle des plants et de dépérissement est observé, de manière variable selon le cultivar, la date de semis, la régie de production, les précipitations reçues en cours de saison et la présence ou non de maladies de sol. Il y a des parcelles encore bien vertes par endroits pour des cultivars plus tardifs (ex. : 'Caribou', 'Mountain Gem', 'Reveille'). La diminution des précipitations a permis un ressuyage de sols par endroits en cours de période menant à un début de stress hydrique. Cependant, des parcelles dans l’est de la province demeurent encore saturées en eau à la suite de récentes et fortes précipitations. Le remplissage des tubercules demeure graduel et un manque de calibre pour des cultivars plus tardifs est rapporté par endroits. Des collaborateurs dénotent également un nombre de tubercules par plant allant de dans à sous la moyenne, selon le cultivar. En lien avec la présence confirmée ou potentielle de mildiou, un défanage a été ou sera planifié plus tôt que prévu pour favoriser une meilleure conservation en entrepôt. Pour la récolte de primeurs, les collaborateurs continuent à rapporter des rendements plutôt moyens en général en lien avec les conditions météo de la saison 2023. Des lenticelles demeurent bien ouvertes sur le bas de tiges et sur des tubercules, en plusieurs endroits, ce qui demeure inhabituel sur une si longue période. Également, plus de cas de gale et de cœur creux que prévu sont signalés par endroits.
Mildiou de la pomme de terre
En date du 24 août 2023, le mildiou de la pomme de terre a continué sa progression dans des secteurs du sud, mais aussi du centre de la province. Sa présence a été confirmée dans des parcelles en pomme de terre des régions suivantes :
- Entre le 25 juillet et le 17 août : Mauricie, Montérégie, Lanaudière, Outaouais, Centre-du-Québec, Laurentides et Chaudière-Appalaches
- Nouvelles régions (depuis le 18 août) : Capitale-Nationale et Laval
Malgré la diminution de la fréquence des précipitations en cours de période, une hausse du nombre de cas (nombre de parcelles et/ou d’entreprises touchées) est rapportée, mais de manière variable selon la région. Cela peut s’expliquer entre autres par la période de sporulation du champignon qui peut s’étaler jusqu’à 6-7 jours après une infection. Dans plusieurs cas, de premiers symptômes de la maladie ont été observés dans les endroits suivants :
- Allées de passage du pulvérisateur, surtout en présence d’eau stagnante.
- Bordures de parcelles en lien avec une couverture incomplète de la bouillie appliquée.
- Bordures de champs à proximité d’une microparcelle contaminée (ex. : jardinage en pomme de terre et/ou en tomate).
La saison de production n’est pas terminée et la vigilance doit demeurer. Il est important de poursuivre des visites rapprochées de tous les champs afin d’y détecter toute tache suspecte, et ce, jusqu’au défanage complet.
Il faut aussi maintenir une protection régulière des champs (avec usage de fongicides à action pénétrante, systémique et/ou antisporulant selon le cas). En présence de quelques feuilles atteintes de mildiou et/ou de mildiou près de leurs parcelles en pomme de terre, des producteurs n’ont pas hésité à devancer la date prévue du défanage du champ (incluant l'ajout d’un produit à base de cuivre pour détruire des spores présentes sur le feuillage), même si le rendement n’était pas encore celui recherché.
Pour des mesures à prendre en présence de mildiou, les avertissements N° 11, N° 12, N° 13 et N° 14, dans la section « Maladies », peuvent être consultés.
Si vous suspectez la maladie dans un de vos champs, contactez votre conseiller agricole ou votre conseiller régional du MAPAQ afin de bien confirmer la présence du champignon. Vous pouvez également envoyer des échantillons au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ.
Pour un suivi du mildiou avec l’utilisation des capteurs de spores, le lien suivant montre en temps réel les captures de spores dans différentes provinces et États : Alerte Air.
Pour en savoir plus, consultez la fiche Le mildiou, une maladie à surveiller.
Le site Web USABlight rapporte quelques nouveaux cas dans la dernière semaine pour l’État de New York (États-Unis), soit juste au sud de notre province.
Autres maladies
Brûlure hâtive
Progression toujours graduelle rapportée dans des parcelles principalement du sud et du centre de la province, à la suite du vieillissement et/ou du dépérissement de plants, avec toujours de la variabilité selon le cultivar. Une intervention avec un produit spécifique contre cette maladie dans des champs à maturation plus tardive relève maintenant du cas par cas, surtout avec la pression du mildiou qui prédomine.
Dartrose et flétrissement verticillien
Hausse marquée des symptômes apparentés à la présence d’une ou de ces deux maladies fongiques, avec le retour du temps plus sec et de la fin de cycle de plants dans des parcelles plus à risque. Des baisses de rendement sont anticipées à la suite du dépérissement prématuré de plants dans certaines parcelles. C’est le moment de prendre en note les parcelles touchées afin de sélectionner des cultivars plus tolérants à implanter pour les prochaines saisons dans les champs plus à risque.
Jambe noire
Moins de progression rapportée de la maladie, mais des symptômes plus visibles dans des parcelles de plusieurs régions à la suite de l’évasement ou du tassement des plants.
Moisissure grise et moisissure blanche
Symptômes variables selon la région, mais le plus souvent en hausse, avec présence récurrente sur feuillage et un début sur les tiges, principalement dans des champs plus végétatifs. Les infections demeurent présentement limitées.
Pourritures de tubercules
Présence à la hausse dans des sections de champs qui ont été saturées en eau sur une longue période. Des cas de pourriture molle bactérienne et de pourriture aqueuse ou pythienne ont été identifiés.
Avec l’avancement de la saison (principalement pour les secteurs du sud et du centre de la province), la sénescence des plants qui progresse et le défanage débuté ou prochain de certaines parcelles, le contrôle des insectes devient moins nécessaire ou justifié. En général, les interventions contre les différents insectes ravageurs ne sont plus nécessaires dans les 10 à 14 jours précédant la date de défanage prévue.
Doryphore de la pomme de terre
Baisse notable de son activité dans la majorité des régions, sauf pour des adultes localement, ne nécessitant aucun contrôle selon les collaborateurs.
Cicadelle de la pomme de terre
Fin du piégeage cette semaine pour des collaborateurs du sud et du centre de la province. Les captures varient à nouveau de faibles à très légères, soit sous 10 individus/piège/semaine. Pas ou très peu de symptômes foliaires associés à leur activité sont mentionnés.
Pucerons
Stabilité ou hausse de leur activité localement, avec quelques interventions directes jugées nécessaires par endroits, dans des parcelles à vocation plus tardive. Toutefois, des collaborateurs rapportent la présence à la hausse de prédateurs (ex. : coccinelles), ce qui devrait aider au contrôle des populations et les maintenir sous le seuil de nuisibilité.
Autres insectes d’intérêt et acariens
Des adultes de l’altise à tête rouge sont toujours actifs en bordure de parcelles, ne causant que des dommages cosmétiques. Aucun cas de tétranyque à deux points n’a encore été signalé depuis le début de la présente saison (consulter l’avertissement N° 11 du 24 juillet 2020 pour les symptômes associés à leur activité). Aucune capture du psylle de la pomme de terre n’est rapportée depuis le début de la saison dans le cadre des activités de piégeage réalisé en province et sous la supervision du MAPAQ. Un suivi de ce ravageur en temps réel, qui est plus problématique dans l’ouest de l’Amérique du Nord, peut être fait en cliquant ici (en anglais).
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.