CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 4 au 10 août, ce fut une météo à nouveau difficile en plusieurs endroits. Les températures se sont maintenues près des moyennes de saison pour le sud de la province, mais souvent en-dessous pour la région de Québec en allant vers l’est. Les nuits ont été, la plupart du temps, douces, sauf plus fraiches par moments, dont au Témiscamingue avec 5-6 ºC (voir le sommaire agrométéorologique). Des périodes de fortes pluies, parfois accompagnées d’orages, ont eu lieu dans plusieurs secteurs de la province, avec des cumuls en précipitations très appréciables. Entre autres, une perturbation est passée les 8 et 9 août en plusieurs endroits, donnant des quantités journalières élevées jusqu’à 110 mm dans la région de Québec et 150 mm en Gaspésie, ce qui dépasse la moyenne historique des précipitations totales en août (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Pour la période du 11 au 17 août (selon Environnement Canada), des températures plutôt fraîches (le jour) sont prévues, avec du temps humide et de fréquents risques d’averses.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Les collaborateurs rapportent de la variabilité dans les champs selon le type de sol et les précipitations reçues. La croissance demeure généralement bonne avec une généreuse biomasse foliaire en plusieurs endroits (photo), mais qui a tendance à se stabiliser dans des parcelles. Les fortes précipitations ont également couché du feuillage par endroits et conduit à des situations d’eau stagnante dans des champs à texture plus lourde. Le remplissage des tubercules se poursuit bien dans la majorité des champs destinés à l’entreposage à la suite du temps humide et de températures favorables. On observe des cas de cœur creux de tubercules dans certaines variétés et la poursuite de fissures de croissance, mais plutôt localement jusqu'à présent (voir photos). L’accès aux parcelles dans le sud, mais aussi dans le centre de la province, demeure encore problématique par endroits (accumulations récurrentes en eau dans des allées). Les récoltes de primeurs se poursuivent avec un rendement et une qualité à la satisfaction des producteurs, et une bonne demande.
En date du 10 août 2023, la présence du mildiou de la pomme de terre a été confirmée dans des parcelles en pommes de terre de cinq régions du sud et du centre de la province soit : Mauricie, Montérégie, Lanaudière, Outaouais et Centre-du-Québec. À celles-ci s’ajoute la région des Laurentides, pour une présence en parcelle de tomates. Dans les champs porteurs de la maladie, ce sont des taches sur le feuillage qui sont présentement observées. Des méthodes de contrôle appropriées ont été et sont mises en place avec un suivi serré des champs. Le dépistage régulier des parcelles, à la marche, (producteur, conseillers, etc.) demeure la meilleure méthode pour détecter les premiers symptômes de la maladie. Pour les mesures à prendre en présence de mildiou, l’avertissement N° 11 du 28 juillet 2023 (section Maladies), peut être consulté.
Avec les précipitations significatives reçues dernièrement et celles encore à venir, les températures plus modérées et de longues périodes de mouillure du feuillage par moment, les risques de sporulation du champignon demeurent élevés selon le modèle prévisionnel MILÉOS. Une protection adéquate et raisonnée des champs demeure essentielle, et ce, partout en province. Il est aussi important de :
- Bien lire l’étiquette du produit utilisé en portant attention, entre autres, et pas seulement à son mode d’action, au nombre d’applications permises par saison ainsi qu’au délai d’attente avant la récolte (ex. : REVUS = 14 jours).
- Intégrer des fongicides du type pénétrant, translaminaire ou systémique dans la rotation des produits.
- Bien gérer l’utilisation des fongicides, en lien avec un approvisionnement présentement limité pour certains d’entre eux.
- Disposer adéquatement des rebuts ou rejets à la suite des récoltes de primeurs.
- Surveiller la présence de volontaires (pomme de terre) dans les champs en rotation et de les détruire au besoin.
Plusieurs types de taches sont présents dans les parcelles à cette période de l’année (photos). Dans le doute, un échantillon peut être envoyé au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) ou une assistance de votre conseiller agricole régional peut être utile pour confirmer la présence de la maladie.
Pour un suivi du mildiou avec l’utilisation des capteurs de spores, le lien suivant montre les captures de spores dans différentes provinces et États : Alerte Air.
Pour en savoir plus, consultez la fiche Le mildiou, une maladie à surveiller.
Finalement, le site Web USABlight rapporte un nouveau cas dans la dernière semaine, en Caroline du Nord, donc loin de notre secteur.
En plus du mildiou qui demande une grande attention de la part des producteurs, d’autres maladies ont progressé par endroits en cours de période.
Brûlure hâtive : hausse de symptômes associés à la maladie dans quelques régions, mais principalement dans celles plus au sud, avec une grande variabilité entre les parcelles selon le cultivar et le producteur. La nécessité d’une intervention à cette période-ci dépend de plusieurs facteurs, dont le positionnement des infections sur le feuillage des plants, la date de récolte prévue et la quantité présente en biomasse foliaire.
Dartrose et flétrissement verticillien : présence dans plus de secteurs de la province, les symptômes étant plus visibles lors de l’évasement de plants en maturation ou d’un dépérissement dans des champs.
Jambe noire : plus d’activité rapportée par les collaborateurs un peu partout en province, sur plusieurs sites et pour plusieurs cultivars.
Moisissure grise et moisissure blanche : en hausse à la suite des conditions humides qui perdurent, avec un développement dans l’étage du bas des plants surtout, sans impact négatif sur la culture présentement.
Autres maladies : des cas de rhizoctone sont maintenant rapportés dans quelques parcelles, causant un flétrissement isolé des plants ('Goldrush' étant plus sensible). Les cas de virus sont plus visibles sur le feuillage par endroits. Des pourritures de tubercules sont observées à la hausse dans des zones qui sont restées trop humides sur une longue période.
INSECTES ET ACARIENS
Les conditions météo le plus souvent humide et sans excès de températures élevées n’ont pas été très favorables à l’activité de la majorité des ravageurs.
Doryphore de la pomme de terre : des populations de larves (de différents stades) et d’adultes (2e génération) sont rapportées dans plusieurs régions, avec seulement quelques contrôles localisés dans des secteurs du centre et du sud de la province, pour des parcelles à récolte plus tardives. Le temps moins chaud à venir devrait ralentir leur activité et c’est aussi le début de la période où des adultes peuvent quitter des parcelles pour rechercher un endroit pour y passer l’hiver.
Cicadelle de la pomme de terre (CPT) : les captures sur pièges collants varient de faibles à légères, majoritairement en-dessous de 10 adultes/piège/semaine. Une hausse a surtout été observée par endroits dans des secteurs du sud de la province et/ou près de parcelles en prairies où une coupe a été réalisée dernièrement. Aucune intervention directe n’a été nécessaire, selon les rapports des collaborateurs. Peu de symptômes foliaires associés à leur activité sont observés.
Pucerons : les populations ont augmenté en cours de période par endroits, avec un contrôle possible pour des colonies plus présentes dans quelques parcelles de cultivars à récolte plus tardive, entre autres.
Altise à tête rouge : des dommages foliaires sont rapportés un peu à la hausse principalement en bordures de certaines parcelles avec un historique d’activité, mais aucun contrôle n’a été nécessaire dernièrement en lien avec la présence d'une bonne biomasse foliaire.
Autres insectes et acariens : des noctuelles vertes sont dépistées dans quelques parcelles (ex. : Capitale-Nationale), ne causant pas de défoliation notable (photo). La punaise terne (surtout les adultes) est présente dans plusieurs régions, sans causer de dommages à la culture. Aucun cas de tétranyque n’a encore été signalé depuis le début de la saison ainsi qu’aucune capture du psylle de la pomme de terre dans le cadre des activités de piégeage réalisées en province et sous la supervision du MAPAQ.
Avant de déclencher une intervention, et particulièrement cette année, il faut bien évaluer l’impact du ou des ravageurs présent dans la culture; la bonne biomasse foliaire peut supporter une plus grande pression de certains insectes.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.