Premier cas de mildiou au Québec. Faible progression des maladies bactériennes et fongiques. Activité ralentie des insectes.
CONDITIONS MÉTÉO et SITUATION ACTUELLE
Le 25 juillet, un premier cas de mildiou a été détecté en Mauricie, dans un champ de pommes de terre ainsi que sur des tomates et pommes de terre de jardins avoisinants. Le 26 juillet, des plants infectés ont été identifiés en Montérégie. Des mesures ont été mises en place immédiatement pour limiter la propagation de la maladie. Depuis le 17 juillet, des foyers de mildiou ont été détectés dans la pomme de terre en Ontario, dans la région de Simcoe. Intensifiez le dépistage et consultez l’
alerte N° 1.
La dernière semaine a encore été marquée par des précipitations fréquentes, rendant l’entrée au champ difficile. La croissance des plants est généralement bonne, sauf dans les zones où le drainage est problématique et entraîne de l’asphyxie racinaire. Cette semaine, les collaborateurs rapportent une progression plus stable des maladies.
Voici les liens d'Agrométéo Québec pour cette semaine :
TOMATE
Mildiou (Phytophthora infestans)
Comme mentionné ci-haut, du
mildiou a été détecté au Québec, dans la région de la Mauricie. Des mesures ont été mises en place immédiatement pour limiter la propagation de la maladie. Les spores du champignon peuvent se disperser rapidement par voie aérienne, à plus de 15 km de la source. Des chercheurs estiment que, durant un orage où les vents atteignent 20 km/h, le mildiou peut se déplacer sur une distance de 80 km en l’espace de 4 heures seulement.
Les champs les plus à risques sont :
- les champs qui ont moins reçu de fongicides visant les maladies comme l'alternariose, la tache septorienne ou l'anthracnose;
- les zones plus susceptibles à l’humidité (par exemple les baissières et les zones à l’abri du vent) ou celles où le feuillage dense favorise une plus longue période de mouillure;
- les champs situés près d’autres champs de tomate, de pomme de terre ou de jardins domestiques.
Symptômes
Au début de l’infection, les feuilles présentent un symptôme caractéristique de la maladie : des taches foncées, parfois huileuses, et irrégulières avec un halo verdâtre (et non jaune) sur du feuillage sain. À l’endos de la feuille, on trouve souvent un fin mycélium blanc, plus évident par temps humide ou en présence de rosée. Dans des conditions humides, les taches s’agrandissent rapidement pour former des plages brunes au contour irrégulier.
Halo vert autour d'une tache caractéristique de la maladie
Photo : Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)
Halos verts autour des taches caractéristiques de la maladie
Photo : OMAFRA
Mycélium blanc
Photo : LEDP (MAPAQ)
Sur les tiges, des taches irrégulières brunes à noires débutant à la zone d’attache du pétiole ou à l’apex des tiges; un mycélium peut être présent dans des conditions humides.
Photo : LEDP (MAPAQ)
Sur le fruit, on notera la présence d’une zone brun marbré qui s’agrandit rapidement pour contaminer tout le fruit, avec une texture de « pelure d’orange ».
Photo : LEDP (MAPAQ)
Attention de ne pas confondre les symptômes foliaires avec l'
alternariose ou la
moisissure grise, et les symptômes sur les fruits avec ceux causés par
Phytophthora capsici. Les taches de l’alternariose sont en forme de cible avec un halo jaune. Celles de la moisissure grise présentent aussi un halo jaune, et le mycélium est plus allongé et gris, pouvant être visible des deux côtés de la feuille. Sur les fruits, le mildiou ne produit pas de mycélium blanc, cela est plutôt caractéristique d'une infection par
Phytophthora capsici.
Tache sur feuille de tomate avec motif en cercles concentriques caractéristiques de l'alternariose
Photo : Prisme Consortium
Mycélium blanc caractéristique de P. capsici sur une tomate
Photo : Christine Villeneuve (MAPAQ)
Sporulation de la moisissure grise sur feuille de tomate
Photo : Marie-Ève Lavoie (MAPAQ)
Pour confirmer votre soupçon
Vous pouvez prélever des feuilles affectées, les vaporiser d’eau, puis les mettre dans un sac de plastique transparent à une température se situant entre 15 et 23 °C pour une durée de 8 à 12 heures. Si une sporulation blanche se développe à la face inférieure de la feuille, c’est qu’il s’agit du mildiou. Vous pouvez également envoyer des échantillons au
Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection.
Stratégie d'intervention
Assurez-vous que les fongicides utilisés dans vos traitements préventifs incluent une protection contre le mildiou.
Pour de l'information concernant des données d’efficacité et des modes d’action de produits homologués pour le mildiou, veuillez consulter l’
alerte N° 1.
Contrôle du mildiou en production biologique
Pour connaître les produits homologués en agriculture biologique pour le mildiou, vous pouvez consulter le
Bulletin phytoprotection bio 2022. Vérifiez que les homologations sont toujours en vigueur cette année.
Autres maladies fongiques
L’
alternariose est présente partout au Québec, à des pressions variables. Des cas de
moisissure grise sont en légère augmentation sur feuilles et sur fruits.
La
tache septorienne continue de se manifester à travers la province, mais l’intensité demeure faible.
INSECTES
De façon générale, l’activité des punaises, pucerons et tétranyques est faible cette semaine.
AUTRES
Il y a présence de pourriture apicale dans l’ensemble des régions. Toutefois, moins de cas sont rapportés cette semaine. On signale également des problèmes de pollinisation : des faces de chat et autres difformités.
Face de chat causée par une mauvaise pollinisation
Photo : LEDP
POIVRON
Maladies
Maladies bactériennes
La tache bactérienne est présente, mais à des pressions variables selon les sites et les régions. De la pourriture molle a été observée chez un producteur.
Pourriture sclérotique
Des collaborateurs signalent de l’anthracnose sur fruits et quelques cas de sclérotiniose et de moisissure grise.
Insectes
Punaises
Les collaborateurs rapportent une pression généralement faible des punaises, sauf quelques cas isolés où la pression est plus forte, accompagnée de chute de boutons et de dommages sur fruits.
Pucerons
Les populations de pucerons demeurent faibles et ne causent pas de dommages importants en champ.
Altises et cicadelles
Quelques collaborateurs mentionnent la présence d'altises avec des dommages foliaires, ainsi que des cicadelles. Ces insectes ne sont généralement pas un problème dans la culture du poivron.
Il n’y a pas de capture cette semaine dans les pièges du sous-réseau Solanacées, et toujours peu dans le sous-réseau Maïs sucré. Aucun traitement n’est justifié jusqu’à présent dans les solanacées.
Autres
Plusieurs collaborateurs ont observé des coups de soleil sur fruits et de la pourriture apicale. Une irrigation régulière demeure la meilleure prévention pour cette dernière. Pour plus d’information, veuillez consulter la fiche
Pourriture apicale du poivron et de la tomate de champ.
AUBERGINE
Maladies
Quelques collaborateurs mentionnent un début de symptômes, mais la pression demeure faible.
Insectes
Doryphore de la pomme de terre
Un dépistage demeure important, car la pression et les stades varient selon les sites. Le dépistage peut permettre de localiser la zone et le moment où intervenir, ce qui évite ainsi de traiter l’ensemble du champ.
Punaises, pucerons, altises, cicadelles et tétranyques
Peu de collaborateurs mentionnent la présence de ces insectes. Ils sont dépistés de façon très isolée sur quelques sites seulement; leurs dommages sont variables.
CERISE DE TERRE
Maladies
Des cas de sclérotiniose, de
cercosporose et d'
alternariose sont rapportés, mais les pressions demeurent faibles. Pour un rappel des principales maladies observées dans la cerise de terre, veuillez consulter l’
avertissement N° 6.
Insectes
Chrysomèle trirayée de la pomme de terre, tétranyques, pucerons, punaise terne, altises, cicadelle
Les collaborateurs observent la présence de ces insectes; les populations sont variables, mais les dommages sont limités et aucun traitement n’est rapporté.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |