Le mardi 25 juillet, des symptômes du champignon (Phytophthora infestans) ont été signalés dans la pomme de terre en Mauricie. Il s’agit du premier foyer de mildiou rapporté au Québec pour 2023. Des mesures de contrôle ont été mises en place dès la découverte des symptômes. La maladie est confirmée par le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ. Des symptômes sur des plants de pommes de terre et de tomates à proximité ont également été rapportés; ces plants ont été détruits. Un cas a également été retrouvé dans la pomme de terre en Ontario la semaine dernière.
Si vous soupçonnez la présence du mildiou dans un de vos champs, contactez un conseiller pour une confirmation afin de prendre les mesures nécessaires. Quoique le mildiou ne soit pas une maladie à déclaration obligatoire, notez qu'il s'agit d'un organisme nuisible réglementé dans la culture de la pomme de terre. L’article 6 du Règlement sur la culture de pommes de terre indique, entre autres, que le propriétaire ou le gardien de la parcelle infectée doit prendre des mesures pour éviter sa propagation et détruire les végétaux infectés. Ainsi, ces mêmes exigences auraient cours si la découverte de la maladie était faite dans des champs d’autres Solanacées, à proximité de champs de pommes de terre.
Pour les producteurs de la région touchée
- Un dépistage plus serré permettra la détection des foyers d’infection dès leur apparition;
- Rapprocher les pulvérisations préventives (aux 5 à 7 jours, selon les conditions météorologiques) en alternant fongicides de contact et fongicides pénétrants.
Pour les producteurs hors de la région touchée
- Un dépistage plus serré va permettre d’identifier des foyers d’infection dans vos champs dès leur apparition;
- Poursuite des traitements préventifs. Avec la croissance des plants, assurez-vous que le fongicide utilisé protège les nouvelles pousses et l’ensemble de la couverture foliaire. Fréquence des traitements selon les conditions météorologiques :
- 5 à 7 jours : temps pluvieux, rosées abondantes favorisant le déplacement et la germination des spores;
- 7 à 10 jours : temps variable;
- 10 à 14 jours : temps chaud et sec.
Advenant qu'il y ait présence de mildiou
- Lors du dépistage et des opérations culturales, visiter les champs atteints en dernier;
- Détruire rapidement et complètement les plants ou les champs atteints, sur une superficie deux fois plus grande que la zone atteinte. Le brûlage ou l’arrachage sont des options en culture biologique;
- Récolter les champs affectés le plus tôt possible et vendre rapidement les fruits sains;
- Nettoyer la machinerie et les outils à la sortie du champ contaminé. Attention aux vêtements, chaussures et outils de récolte, qui peuvent aussi être des vecteurs!
- Prévenez les voisins qui cultivent, entre autres, des pommes de terre, des tomates, des poivrons ou des aubergines afin qu’ils puissent vérifier si le mildiou est présent dans leurs cultures et prendre les mesures nécessaires.
Conditions optimales pour le développement de la maladie
- Humidité relative élevée (> 90%) ou mouillure prolongée du feuillage;
- Température de jour entre 16 et 20 °C;
- Température de nuit entre 10 et 15 °C.
Rappel
Les produits de contact, qui ne sont pas absorbés par les tissus végétaux, devront être renouvelés à la suite d'averses de 25 millimètres (1 pouce), car environ 50 % du fongicide sera délavé.
Les fongicides pénétrants systémiques ou translaminaires doivent être appliqués 12 heures avant un épisode de pluie important. Ces produits pénétreront mieux dans le feuillage par temps humide et nuageux, lorsque la cuticule est souple et que les stomates sont ouverts.
Données d’efficacité et modes d’action des produits homologués pour le mildiou
Des données d’efficacité et modes d’action des produits homologués contre le mildiou sont compilées depuis 2017 par Élaine Roddy, et publiées par le ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario (MAAARO). Elles proviennent d’essais réalisés à l’Université Cornell. Ces données sont présentées ci-dessous sous forme d'un tableau synthèse traduit par l’équipe du sous-réseau Solanacées.
Cette information ne garantit pas le succès d’utilisation d’un fongicide. Toujours consulter et respecter l’étiquette d’un produit avant de l’utiliser.
Nom commercial | Matière active, groupe de résistance | Efficacité | Mode d’action | IRS | IRE | DAAR |
DITHANE, MANZATE, PENNCOZEB | mancozèbe, M-03 | P++ | Protectant, contact | 252-505 | 23 | 7-30 j (consulter l’étiquette) |
BRAVO, ECHO | Chlorothalonile, M-05 | P++ | Protectant, contact | 614 | 56 | 24-48 h (consulter l’étiquette) |
FORUM | Dimétomorphe, 40 | P, c, A Préventif++ |
Translaminaire; Utiliser en mélange avec un autre groupe de résistance | 13 | 40 | Voir étiquette |
CABRIO EG | Pyraclostrobine, 11 | P, a + |
Translaminaire; Préventif; à utiliser en mélange | 35 | 75 | 0 j |
ORONDIS ULTRA | Mandipropamide/ Oxathiapiproline, 40/49 | P, c, A +++ |
Systémique | 9 | 35 | 24 h |
PRESIDIO | Fluopicolide, 43 | P, C, A +++ |
Translaminaire; effet kickback; utiliser en mélange | 103 | 74 | Voir étiquette |
REASON 500 SC | Fenamidone, 11 | P, a non testé pour l’efficacité |
Systémique local et translaminaire; utiliser en mélange | 622 | 60 | Voir étiquette |
REVUS | Mandipropamide, 40 | P, c, a ++ |
Translaminaire et se déplace dans la plante. Effet kickback*. Utiliser en combinaison avec un protectant afin de limiter la résistance. | 5 | 15 | 24 h |
TANOS | Cymoxanil/Famoxadone, 11/27 | P, C, a Traitement préventif ++ |
Translaminaire; kickback; combiner avec protectant |
22 | 17 | 3 j |
TORRENT 400SC | Cyazofamide, 21 | P ++ |
Contact, systémique local limité | 54 | 1 | 24 h |
ZAMPRO | ametoctradin/dimethomorpe, 45/40 | P, c, A Traitement préventif ++ |
Protectant et systémique, translaminaire |
15 | 37 | 4 j |
Cote d’efficacité | 0 = aucun; + = faible; ++ = moyen à bon; +++ = très bon |
Mode d’action (la lettre majuscule indique une activité plus forte) | P,p = Protectant A,a = Antisporulant C,c = Curatif |
Effet rétroactif (kickback) | De rares fongicides ont un effet rétroactif, c'est-à-dire qu’ils peuvent éradiquer de nouvelles lésions jusqu’à 48 heures après le début de l’infection. |
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |