Pour la période du 19 au 25 mai 2023, les températures ont été généralement près des valeurs de saison le jour, mais beaucoup plus fraîches à partir du 24 mai. Des épisodes de gel au sol ont encore eu lieu dans toutes les régions, avec en général moins d’intensité que le gel du 17 au 18 mai (voir le sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont été variables et réparties sur quelques jours, dont les 20 et 24 mai. Les secteurs au nord et à l'est ont reçu plus de quantités (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Le vent a graduellement diminué après une présence remarquée la semaine dernière. Du vendredi 26 mai au jeudi 1er juin, les prévisions émises par Environnement Canada indiquent un changement majeur pour les conditions météo avec de la chaleur qui va graduellement s’installer à partir de samedi ou dimanche, avec un mercure s'approchant ou dépassant les 30 °C par moments. Aucune précipitation n’est prévue en cours de période, sauf ce vendredi pour des secteurs plus à l’est.
Les semis sont avancés ou terminés dans les régions du sud et du centre. Ils ont surtout débuté dernièrement dans les autres secteurs. Les précipitations du 20 et du 24 mai ont ralenti les chantiers de plantation par endroits, mais le tout a pu reprendre ou est en voie de l’être. Les prévisions météo à venir s’annoncent favorables au semis et à la germination des plantons. Le gel plus prononcé de la nuit du 17 au 18 mai a affecté des plants par endroits, mais on ne rapporte pas à ce jour d’impacts négatifs. Des producteurs ont enterré de jeunes plantules ou fait usage d’irrigation pour limiter les dommages. La température du sol a fait plutôt du surplace en cours de période, affichant par moments des valeurs sous la moyenne pour la date. Cela a un impact notable en ralentissant la germination et le développement foliaire, selon le cas (voir la photo ci-dessous). Il est bon de rappeler que, théoriquement, un sol chaud et sec aide à la germination des plantons, tandis que l’émergence est plus favorisée par un sol chaud et humide. Le calibre égal d'un lot de plantons favorise une levée plus uniforme. Le tableau ci-dessous présente l’état d’avancement des plantations à travers la province et le stade de développement pour la primeur. En général, on observe un léger retard par rapport à la saison 2022.
Tableau 1 : État d'avancement des semis pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP (en date du 24 mai 2023)
Le temps surtout froid de la dernière période a évidemment ralenti l’activité des insectes ravageurs. Des collaborateurs de régions plus au sud (ex. : Lanaudière, Montérégie) ont signalé la présence encore timide d’adultes du doryphore de la pomme de terre, en bordure de quelques champs. Aucune ponte n’a débuté. Avec les températures plus élevées prévues pour les prochains jours, les infestations de ce bioagresseur devraient connaître une hausse notable, surtout pour les parcelles sans traitement insecticide lors du semis.
Un début d’activité de fil-de-fer (taupin) est rapporté dans la région de Québec. Les larves font des perforations dans des plantons, mais le tout demeure sous contrôle présentement (voir la photo ci-dessous). Il y a souvent un lien avec le précédent cultural (ex. : prairie) et/ou un historique de dommages à la culture.
Aucune activité de vers gris (noctuelles) et d’altises n’a été rapportée dans les champs au stade de la levée.
MALADIES
Malgré les sols plutôt frais et parfois humides, on ne rapporte pas de problématiques anormales concernant la pourriture de plantons. Quelques infections de rhizoctone brun sur des germes souterrains sont signalées localement et à faible intensité. Le temps plus chaud à venir devrait diminuer les risques de développement de ce champignon.
Des collaborateurs de régions où les plantations se poursuivent ont fait mention à nouveau cette semaine de livraisons de certains lots de semences avec une qualité variable selon la provenance et/ou le cultivar. Les problématiques soulevées sont les mêmes que la semaine dernière (pourriture fusarienne, pourriture bactérienne, calibre inadéquat).
Le mildiou de la pomme de terre est redevenu d’actualité en 2022, après plusieurs saisons sans activité importante. Pour 2023, la lutte préventive doit débuter dès maintenant, par une bonne gestion des tas de déchets (rebuts) et des repousses (volontaires) de plants de pomme de terre. Cette gestion est obligatoire au Québec et cette pratique est encadrée par l’article 5 du Règlement sur la culture de pommes de terre qui stipule qu’« Entre le début de la levée et le défanage complet des plants de toute culture de pommes de terre, le propriétaire ou le gardien doit, de manière à éviter la propagation du mildiou, éliminer les rebuts de pommes de terre ou les garder dans un endroit fermé ou sous une bâche ». Un bulletin d’information sur le sujet peut être consulté pour en savoir plus sur les pratiques recommandées pour la gestion des rebuts de pommes de terre. Le mildiou est une maladie communautaire et tous doivent contribuer pour limiter les risques de développement du champignon en cours de saison.
Les applications de désherbants de prélevée de la culture se poursuivent ou débutent dans des champs du sud et du centre de la province, selon la date de semis. En général, les précipitations pourraient avoir été suffisantes pour activer le ou les produits appliqués. Cependant, pour les jours à venir, la situation pourrait devenir plus problématique alors que pas ou peu de précipitations sont prévues à court et à moyen terme. Une hauteur minimale de 10 mm en pluie serait nécessaire pour activer un herbicide de préémergence afin de faire descendre le produit dans la zone de germination des adventices. En général, un apport en eau par irrigation dans les 5 à 7 jours suivant l’application du désherbant serait nécessaire pour remplacer la pluie.
Le choix du désherbant devrait se faire selon les espèces de mauvaises herbes présentes dans les champs et leur pression. Il faut tenir compte également de la tolérance de la culture, selon le cultivar (phytotoxicité). Un document de référence sur la tolérance des principaux cultivars de pomme de terre à la métribuzine peut être consulté en cliquant ici. Il y a aussi un intervalle à respecter entre l’application du produit et l’ensemencement ou la plantation d’une nouvelle culture (en mois ou même en années). Le passage d’un sarcleur au bon moment plus tard en saison peut compléter le contrôle des mauvaises herbes qui auraient échappé à l’intervention. Il est important de toujours bien lire et suivre les instructions d’utilisation sur les étiquettes de chacun des produits.
Finalement, il est toujours d’actualité de rappeler la vigilance lors d’application d’herbicides à cette période-ci. Il est important de réaliser la pulvérisation dans les meilleures conditions possibles (par exemple en tenant compte de la vitesse et de la direction du vent), comme c’est inscrit sur l’étiquette des produits utilisés. Une dérive hors de la zone ciblée peut causer des dommages économiques importants à la culture voisine (baisse de rendement, mais aussi présence possible de résidus d’un produit non homologué pour cette culture).
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.