M. Neau 1, J. Saguez 2 et B. Duval 3
1. Coordonnateur du RAP GC (CÉROM) 2. Chercheur (CÉROM) 3. Agronome (MAPAQ)
Au cours de l’été, les larves ont pu s’alimenter sur les épis, causant des dommages caractérisés par la présence de trous et de galeries dans les spathes (feuilles entourant l’épi) et les grains. En général, les larves entrent dans l’épi par les soies et n’affectent que l’apex de l’épi, causant peu de perte de rendement. Parfois, les larves creusent un trou au milieu ou au bas de l’épi.
Plus l’évaluation des dommages est faite tôt, plus on a de chance d’observer des larves dans les épis et de confirmer qu’il s’agit bien de dommages de VGOH. D’autres insectes (ver de l’épi, légionnaire d’automne, pyrale du maïs, etc.) peuvent également être observés dans les épis (voir plus bas comment les reconnaître). Si l’évaluation est faite plus tard, les larves de VGOH auront cessé de s’alimenter et seront tombées au sol afin de compléter leur cycle de développement.
L’évaluation devrait être réalisée sur 10 épis consécutifs par rang à 10 endroits bien répartis dans le champ, pour un total de 100 épis par champ. Ôtez les spathes et observez les épis sur toute leur longueur. Notez le nombre d’épis endommagés sur l’ensemble des épis observés pour obtenir un pourcentage d’infestation. Ce sera aussi l’occasion de déterminer si les dommages sont localisés ou étendus sur l’épi, si certains hybrides semblent moins affectés que d’autres, et si des moisissures sont présentes.
Si une méthode de lutte a été utilisée contre le VGOH en 2022 (p. ex. : recours à un hybride possédant la technologie Bt Vip3A, traitement insecticide), l’évaluation de cet automne confirmera son efficacité. Si aucune intervention phytosanitaire n’a été réalisée, l’évaluation déterminera si les épis ont été endommagés et le degré de sévérité. Cela aidera à déterminer si une culture autre que le maïs ou les haricots devrait être implantée l'année suivante dans ce champ. Dans le cas où du maïs est tout de même prévu dans ce champ, l'évaluation permettra de décider si l’utilisation d’hybrides possédant la technologie Bt Vip3A est justifiée pour la saison prochaine. Sachant que cette technologie est la seule à contrôler le VGOH, il est recommandé de l’utiliser lorsque c’est nécessaire et en combinaison avec une rotation des cultures diversifiées afin de limiter les risques de développement de résistance.
Les dommages sont des points d’entrée et de prolifération pour certains champignons pathogènes tels que la fusariose. Certains champignons peuvent réduire la qualité des grains, notamment en produisant des mycotoxines. Pour plus d’information sur les moisissures de l’épi, cliquez ici. Bien que les épis infestés par le VGOH soient souvent contaminés par des champignons pathogènes, il n’y a pas forcément de lien entre la présence/absence de VGOH et la présence de mycotoxines. Certains épis de maïs non infestés par du VGOH peuvent quand même être infestés par des champignons produisant des mycotoxines.
Afin de limiter le développement de mycotoxines dans les grains, les champs de maïs (grain et ensilage) où la présence de moisissures sur les épis est plus élevée devraient être récoltés en premier. Bien que des larves de VGOH puissent être présentes dans les épis lors de la récolte du maïs ensilage, la qualité des grains ne sera pas affectée. Seules de bonnes conditions de stockage permettront de limiter le développement de mycotoxines dans les grains de maïs.
En résumé, le VGOH peut causer trois types de pertes économiques directes et indirectes :
- Une perte associée uniquement aux grains mangés.
- Une perte de grains supplémentaire associée aux moisissures de l’épi du maïs qui sont favorisées par les dommages internes et les portes d’entrée causés par les larves.
- Une perte de qualité du grain si ces moisissures produisent suffisamment de mycotoxines.
Une évaluation des dommages avant la récolte ou au moment de la récolte permettra de mieux anticiper les risques pour la saison prochaine et de mettre en place des actions visant à mieux gérer le VGOH et les dommages qu’il peut causer.
Les dommages du VGOH peuvent être confondus avec ceux d’autres larves, comme :
- la légionnaire d’automne : sur la tête, les larves ont une forme de « Y » inversé;
- le ver de l’épi du maïs : les larves n’ont pas de bandes foncées en arrière de la tête, mais cette espèce est reconnaissable grâce aux petits poils sur son dos;
- la pyrale du maïs : leur tête semble dotée d’une carapace dure de couleur variant du brun rougeâtre au noir et les larves peuvent aussi se retrouver dans la tige des plants.
En cas de doute, le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ peut procéder à l’identification.
GESTION AUTOMNALE DE LA VERGERETTE DU CANADA RÉSISTANTE AU GLYPHOSATE
S. Mathieu 1, B. Duval 1, V. Samson 1 et M. Neau 2
1. Agronomes (MAPAQ) 2. Coordonnateur du RAP GC (CÉROM)
Cette mauvaise herbe est une plante annuelle hivernante. Les graines sont produites vers les mois d’août-septembre et présentent peu de dormance. Ainsi, la majorité des graines se situant dans le premier centimètre de sol germent au cours de l’automne et se développeront sous forme de rosette. Les plants passeront l’hiver sous cette forme et reprendront leur croissance hâtivement au printemps suivant, causant ainsi de la compétition aux cultures annuelles. C’est donc dès cet automne que les rosettes devraient être contrôlées.
Un dépistage est recommandé afin de détecter la présence de la vergerette du Canada dans vos champs. Afin d’aider au contrôle de cette mauvaise herbe, des actions peuvent être mises en place dès cet automne :
- En prérécolte :
- Un traitement herbicide peut être effectué avant la récolte, comme dans le soya, si la population de vergerette du Canada est importante et seulement si vous craignez qu’elle nuise à la récolte, puisque les plants de vergerette ayant produit des graines ont déjà complété leur cycle vital et mourront. Plus d’informations sur les traitements en prérécolte sont détaillées dans cette fiche technique. Pour rappel, le glyphosate ne sera pas efficace si la mauvaise herbe est résistante au groupe 9 (glyphosate). Par ailleurs, si vous suspectez de la résistance, il est important de faire analyser les résistances par le LEDP. Pour plus d’information sur les méthodes d’échantillonnage et les procédures à suivre, consultez Votre trousse « Résistance des mauvaises herbes » pour 2022.
- En postrécolte :
- Travailler le sol. La vergerette du Canada étant adaptée aux systèmes sans travail de sol, la population de rosettes de vergerette nouvellement établies pourrait être diminuée en travaillant le sol quelques semaines après la récolte. Il est toutefois possible qu’en cas de forte densité, le contrôle ne soit pas optimal, puisque le système racinaire de la plante peut retenir du sol et lui permettre de survivre. L’incorporation des graines à plus de 6 cm de profondeur par un travail de sol les empêchera de germer, mais leur survie sera prolongée. Cependant, il faut rester vigilant si un second travail de sol en profondeur est effectué, puisque les graines seront remontées à la surface et pourront alors germer.
- Semer une couverture végétale. Elle permet de compétitionner la mauvaise herbe. Un essai en Ontario a démontré qu’un travail du sol quelques semaines après la récolte suivi d’une culture de couverture de seigle d’automne a permis de diminuer la vigueur et la population de vergerette du Canada grâce au phénomène d’allélopathie, ce qui a facilité le contrôle de la mauvaise herbe l’année suivante. L’implantation d’une céréale d’automne aidera également au contrôle puisque la plante ne tolère pas l’ombre.
- Appliquer un traitement herbicide. Il doit être appliqué seulement lorsque la plante est toujours en croissance active. Les matières actives comme le dicamba, le 2,4-D, le saflufenacil et le diflufenzopyr offrent un bon contrôle. On doit toutefois s’assurer de faire une rotation des groupes d’herbicides, en tenant compte des herbicides ayant déjà été appliqués pendant l’été et ceux qui sont prévus en 2023. Il faut aussi tenir compte de la culture qui sera ensemencée l’année suivante.
D’autres méthodes de lutte peuvent être appliquées telles qu’une fauche si la vergerette du Canada n’a pas encore produit de graines. L’arrachage manuel suivi d’une disposition adéquate des plants en dehors du champ peut aussi être une option dans le cas où la mauvaise herbe est localisée en foyer.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |