Conditions météo : températures plutôt chaudes avec quelques précipitations dispersées. Développement de la culture : bonne croissance pour les récoltes d’entreposage, récoltes de primeurs avec une belle qualité. Maladies : pas de nouveau cas de mildiou et ceux déclarés sont sous contrôle. Progression de la brûlure hâtive, du flétrissement verticillien et de la dartrose. Insectes et acariens : doryphores et altises encore actifs localement, autres ravageurs sous contrôle.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 12 au 18 août 2022, les températures se sont maintenues généralement près à au-dessus des moyennes de saison, mais sans excès. Du temps plus frais a cependant été enregistré les 17 et 18 août dans des secteurs plus à l’est de la province. Les minimums la nuit ont été plutôt dans la normale un peu partout, sauf parfois plus bas en Abitibi-Témiscamingue (voir le
sommaire agrométéorologique). Du côté des précipitations, peu de quantités ont été mesurées contrairement à la semaine précédente, sauf lors du passage d’une récente perturbation le 18 août dans des secteurs de l’est et du centre principalement, donnant jusqu’à 50 mm localement (voir la
carte des précipitations des sept derniers jours). Dans la prochaine semaine, soit du vendredi 19 août au jeudi 25 août,
Environnement Canada annonce la poursuite de températures près à au-dessus des moyennes saisonnières, plus chaudes en début de période. Des précipitations significatives sont prévues dans plusieurs régions, surtout dans les secteurs du sud, principalement de dimanche à mardi.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Malgré le peu de précipitations reçues par endroits, les températures ont été généralement favorables à un bon développement des plants, du moins pour ceux avec encore du feuillage sain. Il faut mentionner que les bonnes précipitations reçues la période précédente en plusieurs endroits avaient permis de bien réhumidifier des sols. La pratique de l’irrigation s’est poursuivie dans des secteurs de l’est et a redémarré par endroits, au centre de la province, ces derniers jours. Les précipitations du 18 août ont été les bienvenues. On commence à observer un peu plus de pâlissement dans des champs pour une récolte d’entreposage avec un évasement des plants. Cependant, des collaborateurs rapportent encore une bonne biomasse foliaire et une floraison qui s’étire pour certains cultivars (voir la photo), et ce, un peu partout en province. Des taches nécrotiques sur le feuillage sont signalées à la hausse par endroits. Des rapports mentionnent la poursuite graduelle et satisfaisante du remplissage des tubercules destinés à l’entreposage, avec généralement une « bonne famille » par plant. Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’atteinte du calibre visé selon le marché. Finalement, les récoltes de primeurs se poursuivent avec des rendements intéressants et une belle qualité (un peu de gale, pas de cœur creux, un peu de fente ou crevasse de croissance).
Exemple d'une parcelle en pomme de terre avec une biomasse foliaire saine, cultivar 'Snowden' (plantation le 16 mai)
Patrice Thibault, agr. (RLIO), 18 août 2022
MALADIES
Mildiou
En date du 18 août 2022, aucun nouveau cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté au Québec. Une météo moins favorable à la maladie (chaud et sec), mais surtout la mise en place de mesures de contrôle et de suivi de la part des producteurs peut expliquer la situation positive. Le mildiou est donc restreint aux quelques cas retrouvés jusqu'à présent dans des champs en pommes de terre (trois dans Lanaudière et un en Montérégie). Dans les parcelles infestées, les mesures nécessaires ont été appliquées et on ne rapporte pas d’évolution de la maladie. Aucun cas de mildiou n’a été rapporté dans la tomate au Québec.
Pour les mesures à prendre en présence de mildiou, il faut consulter l'avertissement N° 13 du 5 août 2022, section « Maladies ». Malgré la saison qui avance, il est important de poursuivre un dépistage serré de tous les champs par des visites régulières afin d’y détecter toute tache suspecte, et ce, jusqu’au défanage complet. Seule une surveillance visuelle permet de déterminer la présence de la maladie dans les champs. De plus, il faut détruire, le cas échéant, tous rebuts de tubercules qui pourraient être présents, et ce, dès que possible.
Le mildiou de la pomme de terre est une maladie communautaire qui demande la collaboration de tous pour sa prévention et son contrôle. Elle peut toucher autant les producteurs commerciaux de tomates et de pommes de terre que les jardiniers amateurs.
Si vous suspectez la maladie dans un de vos champs, contactez votre conseiller agricole ou votre conseiller régional du MAPAQ afin de bien confirmer la présence du champignon. Vous pouvez également envoyer des échantillons au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ.
Ailleurs, le site Web du USA Blight mentionne deux nouveaux cas plutôt récents en Amérique du Nord, soit dans les États du Tennessee et de la Caroline du Nord, dans la tomate. Des spores de mildiou ont été capturées la semaine dernière dans le sud du Québec et aussi au Nouveau-Brunswick (secteur Saint-André) ainsi que dans le Maine (secteurs Caribou, Mars Hill, Limestone, Easton et Hamlin).
Même par temps sec et plutôt chaud, des risques de sporulation du mildiou sont possibles par endroits, à la suite de précipitations localisées et/ou de nuits plus fraîches qui peuvent mener à une hygrométrie nocturne plus élevée (85 % et plus) sur une certaine durée. Il y a encore plusieurs champs bien verts un peu partout, condition qui peut être favorable au développement du mildiou. Avec le temps humide et les précipitations annoncées dans plusieurs secteurs, il faut demeurer vigilant et maintenir une protection régulière et complète du feuillage jusqu’au défanage prévu.
Autres maladies
Plusieurs collaborateurs rapportent une hausse de l’activité de la brûlure hâtive (ou tache alternarienne) à la suite du temps chaud qui a suivi les bonnes précipitations de la semaine dernière. Ce constat vaut surtout pour des parcelles de primeurs et de cultivars de mi-saison en phase de sénescence alors que ceux plus tardifs sont, en général, moins affectés. Une intervention pourrait être justifiée par endroits, mais cela relève du cas par cas, en lien avec un dépistage. Il ne faut pas confondre cette maladie fongique avec des taches d’origine abiotique qui sont plus souvent observées à cette période-ci.
Des symptômes de dartrose et de flétrissement verticillien se sont développés dans des parcelles en phase de maturation ou de sénescence, et ce, un peu partout en province (voir la photo). Le rendement pourrait en être affecté par endroits et peut-être aussi la qualité des tubercules (ex. : anneau vasculaire bruni, taches sur l’épiderme).
La présence de moisissure grise (surtout) et de moisissure blanche est signalée dans plusieurs parcelles, mais avec une intensité variable selon la biomasse foliaire, sur le feuillage du bas des plants et/ou sur quelques tiges par endroits. Le tout demeure à un niveau bien acceptable selon les collaborateurs.
Symptôme typique de la dartrose sur une tige d'un plant de pomme de terre
Maxime Brière, 15 août 2022
INSECTES et ACARIENS
Le doryphore de la pomme de terre demeure sous contrôle à peu près partout en province. C'est surtout la présence d'adultes qui est rapportée. Quelques interventions très localisées ont été menées dans des champs, le plus souvent en bordure contre des individus trop agressifs.
L’activité des adultes de la cicadelle de la pomme de terre varie de faible à légère, selon le piégeage mené par des collaborateurs à travers la province. Les décomptes sont très majoritairement sous 10 individus/piège/semaine. Des nymphes et quelques symptômes foliaires sont plus présents en parcelles biologiques, mais cela n’affectera pas le rendement selon les rapports.
Les adultes de l’altise à tête rouge continuent à être actifs, principalement dans certains secteurs du centre et du sud de la province. Un suivi est en cours dans des champs à maturation plus tardive et qui présentent une biomasse foliaire moins vigoureuse.
Les populations de pucerons ont stagné ou ont généralement peu augmenté en cours de période et demeurent sous contrôle, sauf localement dans des secteurs du centre de la province. Ce sont surtout des champs « plus verts » qui sont infestés.
Pour les autres ravageurs d’intérêt, les collaborateurs rapportent pas ou peu d’activité que ce soit pour la punaise terne (nymphes, adultes), la pyrale du maïs (larves) et le tétranyque à deux points.
Aucune capture de psylle de la pomme de terre (piégeage sous la supervision du MAPAQ) n’est à rapporter depuis le début de la saison.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |