Pour la dernière période (13 au 19 mai), les températures très chaudes (30 °C et plus en plusieurs endroits) ont laissé la place à du temps plus frais. Le mercure a même atteint des valeurs basses la nuit, les 17 et 18 mai, avec du gel au sol par endroits, surtout dans les secteurs plus au nord et à l’est (sommaire agrométéorologique). Des épisodes de forts vents ont été également rapportés. Du côté des précipitations, des quantités significatives et même intenses par endroits ont été mesurées, mais de manière hétérogène selon la région. On peut mentionner de 60 à 80 mm dans des localités de Lanaudière, de la Mauricie et du Lac-Saint-Jean (carte des précipitations). Pour les sept prochains jours (soit du 20 au 26 mai), les prévisions émises par Environnement Canada mentionnent de la brève chaleur pour les 20 et 21 mai, avant le retour à des températures près ou sous les moyennes de saison. Des précipitations sous la forme d’averses ou d’orages sont prévues, surtout pour la fin de semaine, avec des quantités variables selon les secteurs.
Le rythme des semis varie selon la région et les quantités de précipitations reçues. Des collaborateurs rapportent aussi de la variabilité selon le producteur et le type de sol. Il reste encore des superficies à ensemencer dans les secteurs plus au sud à la suite des fortes pluies. Pour les régions plus centrales, cela progresse plutôt bien, après une pause, toujours en lien avec les dernières précipitations. Les semis débutent à peine pour certains producteurs des régions plus à l’est et au nord. À la suite du temps plus frais des derniers jours, la température du sol a fléchi de plusieurs degrés en cours de période, ce qui ralentit la germination des plantons ou la levée. Un suivi de la température du sol pour certaines localités, en temps réel, est disponible en cliquant ici. Les fortes précipitations reçues par endroits ont provoqué des accumulations résiduelles en eau dans des champs du sud de la province en particulier. Un suivi est en cours pour évaluer l’impact de ce phénomène. Le tableau 1 présente l’état d’avancement des plantations à travers la province. Les champs de primeurs les plus avancés présentent de petits bouquets de 5 à 7 cm dans le sud de la province.
Tableau 1 : État d'avancement des semis pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP (en date du 18 mai 2022)
Régions | Superficies ensemencées | Stade de la culture (primeur) |
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | 50 à 90 %* | Émergence à bouquet 5-7 cm |
Outaouais | ND** | ND |
Lanaudière et Laurentides | 70 à 100 % | Émergence |
Centre-du-Québec et Mauricie | 30 à 100 % | Germination |
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | 25 à 75 % | Germination |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay-Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | 0-5 % | ND |
Avec le temps plus frais en cours et le développement ralenti de la culture, aucune activité d’insectes ravageurs n’a encore été rapportée par les collaborateurs qui ont débuté un suivi au champ. Selon un modèle de prévision, les premiers adultes du doryphore de la pomme de terre devraient débuter sous peu leur activité, dans des secteurs du sud de la province. Ce ravageur devrait donc être suivi dès la levée des plants, en particulier ceux qui n’ont pas reçu un traitement insecticide lors du semis. Aucune activité larvaire ou de dommage reliée au fil-de-fer (taupin) n'a encore été signalée.
Aucun nouveau cas de pourriture de plantons n’a été rapporté pour la période qui se termine. Cela est conséquent avec le début de saison qui a été sec. Mais avec les récentes précipitations significatives qui ont rendu des sols bien humides par endroits, le portait pourrait changer dans les champs dont le sol est plus lourd. Aucune infection de rhizoctone brun sur des germes n’a été observée.
Lors du travail du sol de certaines parcelles en rotation, des collaborateurs ont observé des tubercules laissés au champ à la récolte 2021 et qui étaient en bonne condition. Malgré le froid du mois de janvier, il semble que la couverture de neige aurait été suffisante par endroits pour les protéger du gel. Ces tubercules représentent une source potentielle d’inoculum de mildiou de la pomme de terre. La repousse de ces volontaires dans les champs en rotation sera donc à surveiller afin de les contrôler et d'intervenir au besoin selon la culture en place.
À la suite de la disponibilité très limitée de produits à base de la matière active linuron pour 2022, des producteurs de pommes de terre doivent se tourner vers des alternatives. La Publication 75F du MAAARO (section Cultures légumières) présente des options possibles pour des produits de remplacement, seuls ou en mélange. Le choix devrait se faire selon les espèces de mauvaises herbes présentes dans les champs et leur pression. Il faut tenir compte également de la tolérance de la culture, selon le cultivar (phytotoxicité). Il y a aussi un intervalle à respecter entre l’application du produit et l’ensemencement ou la plantation d’une nouvelle culture (en mois ou même en années). Il se peut que l’alternative choisie ne soit pas aussi efficace que le linuron. Dans ce cas, le passage d’un sarcleur au bon moment plus tard en saison peut compléter le contrôle des mauvaises herbes qui auraient échappé à l’intervention. Pour assistance, il ne faut pas hésiter à communiquer avec votre conseiller pour, entre autres, procéder à des essais. Il est important de toujours bien lire et suivre les instructions d’utilisation sur les étiquettes de chacun des produits.
Les applications de désherbants de prélevée de la culture se poursuivent ou débutent dans des champs du sud de la province selon la date de semis. Une carence en précipitations (comme ce fut le cas en 2021) ou de trop fortes précipitations (comme cette année par endroits) suivant l’application peuvent diminuer l’efficacité du produit.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |