M. Neau 1, J. Saguez 2 et J. Breault 3
1. Coordonnateur du RAP GC (CÉROM) 2. Chercheur (CÉROM) 3. Agronome (MAPAQ)
Les captures de papillons sont en augmentation depuis la semaine dernière (données disponibles ici) et les captures sont plus élevées que les données historiques pour cette période de l’année.
Des papillons pourraient avoir pondu dans des cultures de couverture et sur des mauvaises herbes. Si c’est le cas, à la suite du désherbage ou de la destruction des cultures de couverture, la larve de ver-gris noir va se déplacer vers les cultures semées ce printemps pour s’alimenter. Pour minimiser les dommages, il est recommandé de détruire les mauvaises herbes (voir la fiche technique Désherbage de début de saison) ou le couvert végétal de 10 à 14 jours avant le semis, ce qui permettra d’affamer les larves.
Pour les champs avec une culture de couverture ou une prairie dont le couvert végétal n’a pas été détruit, il est recommandé d’évaluer les dommages aux plants et la présence de larves dans les prochaines semaines. La fiche technique Ver-gris noir précise les stratégies à adopter selon le taux d’infestation.
TIPULE DES PRAIRIES : DES DOMMAGES POURRAIENT ÊTRE VISIBLES
Groupe de travail sur la tipule des prairies
Les champs infestés par la tipule des prairies présentent de larges zones jaunies ou dénudées. Afin de répertorier la présence de la tipule des prairies et des dommages aux grandes cultures dans toutes les régions du Québec, le RAP Grandes cultures invite toutes les entreprises agricoles et leurs conseillers à signaler la présence de l’insecte ou de dommages en faisant parvenir la fiche de signalement remplie à rapcerom@cerom.qc.ca.
Vous êtes invité à communiquer avec votre responsable régional RAP Grandes cultures du MAPAQ afin de faire confirmer l'identification du problème. Sous certaines conditions, il pourrait être possible d’envoyer des échantillons au Centre de recherche sur les grains (CÉROM) pour compléter le diagnostic (à discuter avec le responsable régional).
La vigilance est de mise, car les résultats préliminaires du RAP Grandes cultures indiquent que les populations de tipule des prairies ont très bien survécu à l’hiver.
Pour obtenir plus de renseignements sur ce ravageur, vous pouvez consulter les publications suivantes :
- Fiche technique de la Tipule des prairies.
- Fiche d’information sur Comment distinguer la larve de la tipule des prairies Tipula paludosa (Diptera : Tipulidae) d’une larve de ver gris (Lepidoptera : Noctuidae)
1. Chercheur (CÉROM) 2. Agronomes (MAPAQ) 3. Coordonnateur du RAP GC (CÉROM)
Le CÉROM a développé un modèle basé sur l’accumulation de degrés-jours permettant de prédire la date du pic d’activité printanier maximal (50 % des mouches des semis émergées) de la première génération de mouche des semis. Les dates estimées par le modèle en date du mercredi 11 mai 2022 pour les différentes régions du Québec peuvent être consultées ici.
Les champs semés à une date proche du pic d’activité et présentant des facteurs de risque pourraient être sujets à une infestation ou à des dommages par la mouche des semis. La présence de larves et de dommages peut être observée environ deux semaines après les pics prévisionnels. Une attention particulière doit être portée lors de la levée de la culture dans les champs présentant des facteurs de risque. Il est à noter que ce modèle prévisionnel prédit le pic d’activité printanier de la mouche des semis et non la pression d’infestation.
Principaux facteurs de risque
Il est important de connaître les facteurs de risque favorisant la mouche des semis afin de mettre en place des moyens de prévention et de lutte contre ce ravageur.
- Amendements organiques et résidus végétaux :
- L’épandage de fumiers ou de lisiers ainsi que l’incorporation de cultures de couverture ou toute autre matière végétale fraîche, au printemps, près de la date de semis, présentent un risque.
- Le fumier de poulet appliqué deux semaines ou moins avant le semis est particulièrement attractif, tandis que les autres fumiers solides sont attractifs s’ils sont appliqués deux jours ou moins avant le semis.
- Travail de sol : Les champs fraîchement labourés, humides et riches en matière organique sont plus à risque que des champs sans travail de sol.
- Conditions défavorables à la levée : Les semis précoces dans des conditions qui retardent la levée (températures froides, sols humides, etc.) exposent plus longtemps les semences à la mouche des semis. Il en est de même pour les semis dans des sols lourds retenant l’humidité et ralentissant la germination et l’émergence des plantes.
- Stades de vulnérabilité de la culture : Lorsque l’émergence des larves est synchronisée avec les stades vulnérables de la culture (de la germination jusqu’à la levée), le risque de dommages est plus élevé. La mouche des semis a moins d’impact sur la culture une fois la levée terminée, notamment lorsque la plantule n’a plus besoin du grain pour se développer.
Prévention et méthodes de lutte
Lorsque des dommages sont observés, il est trop tard pour intervenir contre la mouche des semis. Cependant, pour déterminer s’ils sont bien causés par ce ravageur, il est nécessaire de réaliser un diagnostic et une évaluation des dommages. En cas de dommages d’importance économique liés à la mouche des semis, des stratégies préventives devront être envisagées lors du prochain semis d’une culture sensible.
- Amendements organiques et résidus végétaux :
- Attendre au moins deux semaines avant de semer lorsque des cultures de couverture ou des fumiers ont été appliqués ou incorporés au printemps.
- Conditions favorisant la levée :
- Éviter les semis hâtifs en conditions fraîches et humides qui retardent la levée.
- Semer à une profondeur optimale, en fonction du type de sol et de l’humidité, afin de favoriser une levée rapide.
- Bien refermer le sillon du semis pour assurer un bon contact entre le sol et la semence.
- Augmenter la dose de semis dans les champs à risque afin de compenser les pertes potentielles.
- Travail de sol :
- Privilégier le semis direct, car les dommages causés par la mouche des semis se produisent rarement dans les champs sans travail de sol.
- Date de semis :
- Éviter de semer les champs présentant des facteurs de risque lors du pic d’activité de la mouche des semis. Décaler la date de semis en dehors du pic d’activité pour limiter les risques d’infestations et les dommages en lien avec ce ravageur.
- Traitement de semences insecticide :
- Actuellement, il n’existe aucun seuil économique d’intervention pour le Québec. L’utilisation de semences traitées aux insecticides est justifiée uniquement lorsque des facteurs de risque sont présents. Consulter la Grille de référence et la ligne directrice de l’Ordre des agronomes du Québec (OAQ) relative à l’application de l’arbre décisionnel sur les traitements de semences insecticides dans le maïs et le soya comme outil d’aide à la décision. Ce document renseigne également sur les facteurs de risque et les moyens de prévention et de lutte contre la mouche des semis.
Si des dommages en lien avec la mouche des semis sont observés dans vos champs, vous pouvez rapporter ces cas en contactant votre responsable régional RAP Grandes cultures du MAPAQ. Des dépistages pourraient être réalisés dans le cadre d’un projet de recherche sur le ravageur.
Pour plus d’information, consulter les documents suivants :
- Fiche technique Mouche des semis
- Webinaire Mise au point des connaissances sur la mouche des semis
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |