Publication périodique du rayonnement solaire global. Psylle de la pomme de terre : un nouvel insecte dépisté. Pucerons abondants dans les cultures de laitues en serres minimalement ou non chauffées.
Comme mentionné la semaine passée, le rayonnement solaire est le facteur principal qui influence le rendement en culture en serre. De plus, plusieurs problèmes rencontrés en serre sont d’origine abiotique et résultent d’une régie climatique déficiente. Une régie climatique intégrant le rayonnement solaire est une excellente façon de prévenir plusieurs problèmes phytosanitaires et abiotiques. On se sert du rayonnement solaire pour caractériser les journées, pour gérer les températures de croissance et pour régir les irrigations.
Pour la semaine débutant le 13 février et se terminant le 19 février, la journée la plus sombre (minimum journalier) a été recensée à L’Assomption et la journée la plus lumineuse (maximum journalier) à Masson. La station météorologique située à Sept-Îles a enregistré le plus faible rayonnement solaire de la semaine, tandis que la station située en Outaouais a compilé le rayonnement solaire le plus élevé de la semaine (total hebdomadaire).
UN NOUVEL INSECTE DÉPISTÉ
Le psylle de la pomme de terre (Bactericera cockerelli) semble avoir été dépisté récemment dans une culture de tomates de serre. Cet insecte qui n’avait jamais été retrouvé au Québec jusqu’à maintenant fait l’objet d’une surveillance grâce au réseau provincial de piégeage pour le suivi de la cicadelle de la pomme de terre et du psylle de la pomme de terre. Ce réseau est mis en place chaque été, dans plusieurs régions de la province, sous la supervision du MAPAQ.
Cet insecte est d’intérêt pour la culture de la tomate et de la pomme de terre, car les nymphes, même en très faible nombre, produisent une toxine transmise par la salive qui perturbe la croissance des plants. Ceci a comme conséquence de stopper la croissance des plants ainsi que celle des fruits et tubercules qu’ils produisent. En grand nombre, les nymphes provoquent une accumulation de miellat sur le feuillage et les fruits. Ce miellat favorise la croissance de la fumagine (un champignon) et peut aussi diminuer la qualité marchande des fruits.
Le psylle de la pomme de terre est également un vecteur connu de la bactérie Candidatus Liberibacter solanacearum, qui est responsable de la maladie de la chip zébrée, maladie qui aurait un impact commercial majeur pour le secteur québécois de la production de la pomme de terre.
Cet insecte peut engendrer des dommages majeurs aux cultures en serre, mais le risque de transmission d’une serre à l’autre est faible. Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, ce ravageur est une source importante de préoccupations dans les serres au Canada, où il est sporadiquement apparu dans certains points sensibles au cours des dernières années. Si cet insecte survit aux conditions hivernales en s’établissant en serre pour ensuite s’étendre à des cultures de pommes de terre en conditions estivales, le risque est réel pour le secteur de la production de la pomme de terre au Québec. Des déchets de culture mal gérés provenant d’une culture en serre en fin de culture pourraient avoir le même impact sur le secteur de la pomme de terre.
Lutte biologique et lutte chimique
Malheureusement, il n’existe à l’heure actuelle aucun outil de lutte biologique pour lutter contre les infestations de psylle. Les traitements avec de l’huile de canola, du sel de potassium d’acide gras ou de l’abamectine sont homologués contre le psylle de la pomme de terre dans la tomate de serre.
Si vous croyez être en présence de ce ravageur ou d’un autre ravageur inconnu, vous pouvez faire identifier le ravageur trouvé au Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ (LEDP).
De plus en plus de collaborateurs rapportent des pucerons dans les verdures (mesclun, coriandre) cultivées en serres non chauffées ou minimalement chauffées. La plupart des cas recensés sont des cas de puceron vert du pêcher (Myzus persicae). Contrairement aux semaines précédentes, on note plus d’individus, dont plusieurs adultes ailés.
Lutte biologique
Malheureusement dans les verdures dont on consomme les feuilles, la lutte biologique est moins pratiquée, puisque la présence de corps d’insectes sur le feuillage, qu’ils soient bons ou mauvais, rebute les consommateurs. De plus, les auxiliaires sont moins actifs en conditions de culture fraîches, comme pour la laitue.
Que ce soit en prévention ou pour repérer les foyers naissants de puceron, la guêpe parasitoïde Aphidius colemani reste la favorite. Il se vend également des mélanges de parasitoïdes incluant différentes espèces d’Aphidius ainsi qu’Aphelinus. En complément, certains serristes adoptent l’usage de plantes réservoirs de céréales, aussi appelées « plantes banques ». Celles-ci se chargent naturellement de fournir des parasitoïdes en tout temps, pourvu que la plante réservoir soit renouvelée régulièrement pour fournir du matériel jeune et frais aux parasitoïdes. Pour plus d’information sur les plantes réservoirs de céréales, consultez la fiche technique produite par Anatis Bioprotection.
En curatif, dans le cas des pucerons, la diversité des prédateurs permet d’obtenir les meilleurs résultats. Les chrysopes, vendues sous différents stades, sont de plus en plus utilisées dans les cultures froides. Les coccinelles, qu’on les récolte à l’extérieur (coccinelles asiatique ou maculée) ou qu’on les achète en vrac (coccinelle convergente), représentent l’option la plus rapide pour nettoyer les sites infestés. Il ne faut pas oublier la mouche Aphidoletes dont la larve, vorace, travaille de concert avec les Aphidius et les prédateurs. Depuis peu s’ajoutent les syrphes, très appréciés en Europe et qui sont actives à des températures aussi fraîches que 10°C.
Lutte chimique
Malgré leur incompatibilité avec certains stades des agents de lutte biologique, le savon et les huiles (huile de canola et huile minérale) demeurent aujourd'hui les produits les plus utilisés, notamment parce qu’ils sont non résiduels (introduction immédiate des auxiliaires après le traitement). Les sels de potassium d'acides gras combinés ou non avec des pyréthrines, qui ont une certaine activité résiduelle, sont également couramment utilisés. D’autres insecticides comme le Beauvaria bassiana, la flonicamide, le flupyradifurone et le spirotétramate sont homologués contre les pucerons dans la culture de la laitue. Leur compatibilité avec les agents de lutte biologique peut être vérifiée dans ce bulletin.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Philippe-Antoine Taillon, puis révisé par Mahmoud Ramadan et Marianne St-Laurent, agronomes (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du réseau Cultures maraîchères en serre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.