Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Yvan Faucher, agr. (MAPAQ), Sarah Brousseau-Trudel, agr. (MAPAQ) et Antoine Dionne, phytopathologiste (MAPAQ)
Le laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ (LEDP) a rapporté avoir reçu des échantillons de soya atteints par la maladie du syndrome de la mort subite (SMS) en provenance de deux champs cette année, localisés en Montérégie. Même si la présence de la maladie au Québec a déjà été suspectée par le passé, c’est l’année dernière qu’un cas a officiellement été identifié pour la première fois dans la province, dans un champ au Centre-du-Québec. Le SMS pourrait également toucher d’autres régions du Québec.
Cette maladie est causée par le champignon Fusarium virguliforme qui, lorsqu’introduit dans un champ, reste dormant pendant de longues années et peut donc infecter le soya quand les conditions sont propices à son développement. Si l’infection est sévère, les pertes de rendement peuvent s’élever à 30 %. C'est d’autant plus inquiétant que cette maladie peut être associée à la présence du nématode à kyste du soya (NKS). Si des symptômes sont observés, il est recommandé de faire analyser les plants pour identifier la maladie. Si jamais la présence du SMS est confirmée, il serait pertinent de faire la prise d’un échantillon de sol pour l’analyse du nématode à kyste.
Symptômes de la maladie
Les symptômes apparaissent après la floraison du soya. Les plants flétrissent rapidement. Un jaunissement entre les nervures peut apparaître. Progressivement ces tâches s’étendent sur toute la surface de la feuille qui finira par brunir. Si les feuilles se détachent du plant, les pétioles resteront attachés à la tige. La maladie ne provoque pas toujours des symptômes foliaires. Les racines brunissent et pourrissent.
À ne pas confondre
Le syndrome de la mort subite dans le soya peut être confondu avec la Fusariose vasculaire, la pourriture brune des tiges, le chancre des tiges et la pourriture phytophtoréenne. Vous pouvez consulter le document Maladies du maïs et du soya : des symptômes apparaissent dans les champs pour de plus amples détails sur ces maladies.
Stratégies de lutte
- Utilisation de cultivars tolérants au SMS et au NKS.
- Semis réalisé dans un sol suffisamment sec et réchauffé (ne pas semer trop tôt réduit les risques de maladie).
- Introduction d’une céréale dans la rotation : le SMS ne peut se développer dans la culture du maïs, mais les résidus de cette culture peuvent entretenir la maladie.
- Appliquer les principes de biosécurité pour restreindre la dissémination du NKS au sein de l’entreprise.
Pour en savoir plus sur le nématode à kyste du soya, consultez la fiche technique produite par le RAP Grandes cultures.
Afin de s’assurer du diagnostic, il est préférable de prélever au champ des plants malades, mais pas complètement dépéris, et de les envoyer pour identification au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ. Voici une vidéo expliquant la méthode de prélèvement et d’envoi.
SUIVI DES ADULTES DES CHRYSOMÈLES DES RACINES DU MAÏS
Brigitte Duval, agr. (MAPAQ), Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM) et Julien Saguez, entomologiste (CÉROM)
Depuis quelques semaines, les adultes des chrysomèles des racines du maïs de l’Ouest et du Nord émergent du sol dans certains champs de maïs. Les dommages racinaires causés par les larves sont terminés dans la plupart des cas et peuvent servir à déterminer si des mesures sont à prendre l’année prochaine contre ce ravageur. Cliquez ici pour savoir comment évaluer les dommages racinaires. Le suivi des adultes est aussi utile pour déterminer si des mesures sont à prendre l’année prochaine, dans le cas où une rotation n’est pas envisageable.
Le suivi des adultes peut être fait par observation visuelle, c’est-à-dire compter le nombre de chrysomèles observées par plant de maïs sur une centaine de plants en parcourant le champ (ex. : 10 stations de 10 plants). Ce dépistage devrait être fait une fois par semaine à partir de la mi-juillet – fin juillet, et ce, jusqu’à ce que les populations observées aient diminué. Le seuil économique d’intervention est de 2 chrysomèles du Nord par plant ou de 1 chrysomèle de l’Ouest par plant, en moyenne. Ces insectes bougent beaucoup lorsque dérangés, donc il faut approcher les plants doucement pour bien évaluer les populations. Les chrysomèles adultes peuvent être observées en train de s’alimenter de différentes parties aériennes des plants de maïs (figure 1).
La méthode des pièges collants jaunes est plus simple et fiable pour évaluer les populations de chrysomèles adultes. Elle consiste à installer, vers la mi-juillet, 4 pièges collants jaunes dans le champ de maïs, en évitant les extrémités et les bordures. Installez les deux premiers pièges (espacés d’au moins 60 pas) sur un rang, puis les deux autres pièges sur un second rang éloigné d’au moins 40 rangs du premier. Fixez le piège à la tige du plant de maïs, la surface collante vers l’extérieur, à la hauteur de l’épi en utilisant les attaches fournies (Figure 2). Brisez quelques feuilles à proximité pour éviter qu’elles ne se collent sur le piège. Changez les pièges aux deux semaines jusqu’à la fin août. Cliquez ici pour accéder au site web du fournisseur de pièges collants utilisés par le RAP. Toutefois, un autre modèle de piège collant couvrant la même superficie pourrait être utilisé.
Comptez les adultes de chrysomèles sur chaque piège collant, en distinguant les chrysomèles du Nord (de couleur verte) et de l’Ouest (rayées jaune et noir). Une fois les chrysomèles collées sur le piège, les deux espèces peuvent être difficiles à distinguer. Cliquez ici pour des informations utiles à l’identification. Pour les 4 pièges, additionnez les chrysomèles d’une même espèce puis divisez par 4 et par le nombre de jours pendant lesquels le piège est resté dans le champ. Le seuil économique d’intervention est de 4 à 7 chrysomèles de l’Ouest/piège/jour ou de 10 chrysomèles du Nord/piège/jour.
Pour plus d’information
- Chrysomèle des racines du maïs : champs à risque et méthodes de lutte
- Chrysomèle des racines du maïs : verse du maïs, évaluation des dommages aux racines et dépistages des adultes
- Stratégie de prévention contre la résistance de la chrysomèle des racines du maïs au maïs Bt
- Impact de certains insectes (chrysomèle des racines du maïs, altise à tête rouge et scarabée japonais) sur la pollinisation du maïs
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
Plusieurs larves de légionnaire uniponctuée ont été observées dans un champ de maïs à Clarendon en Outaouais cette semaine. Des dommages aux soies et aux feuilles du maïs ont été constatés. La taille des larves est évaluée à 2-3 cm. La quantité de mauvaises herbes, en particulier de sétaires géants et de digitaires, est élevée dans ce champ affecté par le ravageur.
Le graphique ci-dessous montre l’évolution du nombre de légionnaires en moyenne par piège, par semaine, capturées cette année, par rapport aux années antérieures. Les captures ont été très faibles cette année, mais la faible remontée des captures d’adultes vers la fin juin début juillet peut expliquer que quelques champs puissent être affectés par des larves issues des pontes de cette vague d’adultes.
Les papillons pondent dans les champs ayant les caractéristiques idéales pour la ponte et le développement de leur progéniture.
- Les champs de céréales de printemps et de maïs semés tardivement et mal désherbés (particulièrement les endroits où il y a eu présence ou avec présence de chiendent).
- Les peuplements denses de céréales et de graminées vivaces.
- Les prairies situées à proximité des cours d'eau.
Pour obtenir une bonne estimation des populations, il convient d’évaluer les densités de larves de légionnaire tôt le matin ou en soirée, aux moments où elles sont le plus actives. Pendant la journée, elles se cachent dans la végétation dense et sous les débris. Par temps nuageux, les larves se retrouvent parfois à l’intérieur du cornet des plants de maïs et sur les épis des céréales.
Que faire si vous trouvez des larves ?
Certaines larves peuvent être parasitées (photo ci-dessous). Si un grand nombre de larves est parasité, cela signifie qu’un contrôle naturel des populations est réalisé par des ennemis naturels de la légionnaire uniponctuée et qu'il faut éviter de traiter avec un insecticide. De même, il est inutile de traiter quand les larves sont très grosses (> 2,5 cm), car l’insecticide n’est plus efficace à ce stade. Lorsqu’elles atteignent cette taille, elles sont très voraces et causent 80 % des dommages jusqu’à ce qu’elles arrivent à maturité (3,5 cm).
Les conditions météorologiques influencent le développement des larves. Le temps sec et les températures plus élevées que 25 °C leur sont défavorables.
Seuils d’intervention
Culture | Seuils |
Céréales | 54 à 64 larves par mètre carré 2 à 3 % des épis coupés, si les larves sont toujours présentes et actives |
Maïs | 1 larve par 4 plants de maïs |
Prairies | 54 à 64 larves par mètre carré |
Si vous trouvez des larves de légionnaire uniponctuée, merci de contacter le CÉROM et de leur en faire parvenir des spécimens, afin d’évaluer la présence d’ennemis naturels.
Groupe de travail sur les maladies des grandes cultures
Depuis la dernière semaine, des symptômes de la pourriture à sclérotes (ou moisissure blanche) sont observés dans plusieurs champs de soya au Québec. En général, les champs de soya sont à des stades avancés où les gousses sont formées et en développement (R4, R5 et parfois même en R6).
Les fongicides homologués dans le soya contre la pourriture à sclérotes doivent être appliqués de façon préventive pour être efficaces. Il faut prendre en compte la période de délai de certains fongicides avant le moment de la récolte. Certains produits ne peuvent être pulvérisés au-delà du stade R3 du soya. Aucun fongicide n’est « curatif » contre cette maladie. À partir du stade « R4 » (lorsqu’au moins une gousse de 2 cm est présente sur l’un des 4 nœuds les plus élevés de la tige principale), les risques d’infection et de dommages sont moindres. On peut tout de même se demander si une application de fongicide à partir du stade R4 du soya pourrait « ralentir » la progression de la maladie. Il est fort probable que non, puisque l’application du fongicide pourrait difficilement atteindre les tissus les plus affectés, c’est-à-dire ceux situés dans le bas et le milieu de la canopée. En ce qui concerne la protection des plants sains, il serait également difficile d’atteindre toutes les parties des plants pouvant servir de portes d’entrée à la maladie. De plus, une application terrestre pourrait causer une perte de rendement pouvant atteindre 5 % en raison de l’écrasement des plants de soya par le pulvérisateur. À partir du stade R4, les résultats d’une étude américaine ont démontré que des applications de fongicides n’amenaient pas de bénéfice économique. Cliquez ici pour accéder à un guide d’identification des stades du soya.
Si les conditions sont favorables à la maladie, les dommages dans les champs infectés pourraient s’intensifier. À l’inverse, si le climat est chaud et sec, le développement de la maladie est ralenti. Comme un traitement au-delà du stade R4 est rarement efficace, si la maladie est constatée, il est important de mettre en place des mesures préventives lors des prochaines années, car les plants infectés produiront des sclérotes qui permettent à la maladie de passer l’hiver :
- Envisager l’achat de cultivars tolérants pour la culture du soya dans les années suivant l’infection.
- Éviter d’enfouir les sclérotes. Le labour enfouit les sclérotes, lesquels demeureront dormants et pourront ensuite germer et infecter le soya lorsqu’ils seront remis en surface.
- Choisir, pour la culture subséquente, une culture non sensible, comme du maïs ou de préférence, une céréale, sans travail ou en travail minimum du sol, ce qui favorisera la germination des sclérotes au printemps suivant. Les sclérotes ne germent qu’une fois, autant trouver un moyen de les « épuiser ».
- Prévoir un écartement des rangs et ajuster le taux de semis afin d’établir une densité favorisant l’aération entre les rangs et les plants.
De l’information détaillée est disponible dans les deux communiqués intitulés La pourriture à sclérotes chez le soya (cycle, symptômes, moyens de lutte et de prévention, etc.) et Présence de pourriture à sclérotes dans un nouveau champ de soya : causes possibles.
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)
Les captures de papillons du ver-gris occidental des haricots (VGOH) sont en général similaire ou en augmentation par rapport à la semaine dernière. Des spécimens sont retrouvés dans la quasi-totalité de la centaine de sites de piégeage de papillons. Cliquez ici pour accéder aux résultats détaillés pour chacune des régions.
Bien que les captures de papillons soient parfois importantes, elles ne permettent pas de prédire dans quels champs des masses d’œufs seront pondues et quelle sera leur abondance. Il est donc important de cibler des champs à risque pour le dépistage des masses d’œufs, c’est-à-dire ceux qui sont situés dans des zones sableuses, qui ont déjà subi des dommages par le passé et qui présentent une croissance inégale des plants. Au fur et à mesure que le stade avance dans la majorité des champs, le suivi des champs inégaux devient d’autant plus important. Les papillons femelles cherchent à pondre sur des plants dont les croix sont sur le point de sortir ou tout juste sorties.
Jusqu’à maintenant, des masses d’œufs ont été trouvées dans la moitié des 50 champs dépistés dans le cadre du RAP. Cinq champs ont atteint le seuil économique d’intervention de 5 % (seuil cumulatif). Ce seuil est atteint depuis le 21 juillet en Outaouais, mais c’est seulement depuis cette semaine que l’atteinte du seuil a été constatée dans les Laurentides, en Montérégie-Est et en Montérégie-Ouest. Concernant la situation en Montérégie Ouest, où le risque est plus élevé qu’ailleurs compte tenu des dommages constatés dans les dernières années, le seuil d’intervention a été atteint plus tôt en 2020, lors de la semaine du 20 juillet, alors que le stade du maïs était moins avancé. Cela pourrait signifier que plusieurs champs ont passé la fenêtre la plus attractive pour la ponte sans avoir atteint le seuil d’intervention. Une attention particulière devrait cependant être portée aux champs moins avancés ou inégaux.
Selon certains États américains, en présence d’ennemis naturels, le seuil de 5 % pourrait être augmenté à 8 %. Pour en savoir plus sur la technique de dépistage des masses d’œufs référez-vous à l’avertissement No 12 du 16 juillet 2021.
Région | Nombre de champs dépistés pour les masses d’oeufs | Nombre de dépistages hebdomadaires réalisés dans chacun de ces champs | Nombre de champs où la présence de masses d’œufs ou de jeunes larves a été détectée | Nombre de champs atteignant le seuil cumulatif de 5 % des plants porteurs de masses d’œufs ou de jeunes larves | Seuil cumulatif maximum atteint |
---|---|---|---|---|---|
Abitibi-Témiscamingue | 3 | 2 | 0 | 0 | - |
Bas-Saint-Laurent | 3 | 3 | 3 | 0 | 3 % |
Capitale-Nationale | 3 | 2 | 0 | 0 | - |
Centre-du-Québec | 3 | 3 | 0 | 0 | - |
Chaudière-Appalaches | 3 | 2 | 0 | 0 | - |
Estrie | 3 | 2 | 2 | 0 | 2 % |
Lanaudière | 3 | 2 | 0 | 0 | - |
Laurentides | 3 | 3 | 3 | 1 | 5 % |
Mauricie | 3 | 3 | 0 | 0 | 1 % |
Montérégie-Est | 6 | 2-3 | 3 | 1 | 5 % |
Montérégie-Ouest | 11 | 3 | 8 | 1 | 5 % |
Outaouais | 6 | 3-4 | 5 | 2 | 33 % |
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM) et Sarah Brousseau-Trudel, agr. (MAPAQ)
Parmi les 63 champs dépistés au RAP entre le 31 juillet et le 4 août, 10 présentaient des populations supérieures au seuil d’alerte de 250 pucerons par plant. Cependant, 6 de ces champs ont atteint le stade de croissance R5, où l’on peut observer les premières graines mesurant au moins 3 mm dans les gousses situées dans l’un des quatre nœuds supérieurs. À partir de ce stade, un traitement insecticide a peu de chance d’être rentable.
La pression du ravageur est différente d’une région à l’autre. Sur la base des sites suivis par le réseau, les populations demeurent faibles en Outaouais et en Mauricie, en hausse en Capitale-Nationale et en Chaudière-Appalaches, variable pour le Centre-du-Québec et en Estrie, et en baisse dans les Laurentides, Montérégie-Ouest et dans la région de Lanaudière. Une hausse est observée en Montérégie-Est, mais la grande majorité des sites sont sous le seuil d’alerte. Les deux tiers des champs suivis par les dépisteurs du RAP ont atteint le stade R5.
Cliquez ici pour accéder à un guide sur les stades du soya.
Pour rappel, le seuil de 250 pucerons par plant n’est pas un seuil d’intervention, car même à des densités beaucoup plus élevées, il n’est pas recommandé de traiter si on observe une diminution ou une stabilisation des populations trois jours plus tard. Un suivi serré du champ est cependant nécessaire pour s’assurer que la répression naturelle se poursuit.
Pour en savoir plus sur le dépistage du puceron et la stratégie d’intervention, consultez l’avertissement No 11 du 9 juillet 2021.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |