Grandes cultures, Avertissement No 11, 9 juillet 2021

PUCERON DU SOYA : fortes populations dans certains champs, ennemis naturels aussi à surveiller. Comment évaluer le risque d'infection du soya par la POURRITURE À SCLÉROTES. VER-GRIS OCCIDENTAL DES HARICOTS (maïs) : premiers papillons capturés. CICADELLE DE LA POMME DE TERRE dans la luzerne : état de la situation. TÉTRANYQUE À DEUX POINTS dans la culture du soya et présence de CRIQUETS.

 

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RAP_GC · Lecture audio Avertissement RAP Grandes cultures Nº 11 du 9 juillet 2021.com

ABONDANCE DU PUCERON DU SOYA DANS CERTAINS CHAMPS, MAIS LE TRAVAIL DES ENNEMIS NATURELS CONTRE CE RAVAGEUR N’EST PAS À NÉGLIGER!
Stéphanie Mathieu, agr. (MAPAQ), Brigitte Duval, agr. (MAPAQ) et Julien Saguez, entomologiste (CÉROM)

RAP_GC · Puceron du soya (Avertissement RAP Grandes cultures no 11 du 9 juillet 2021).com

Quelques champs de soya présentant des populations importantes de puceron du soya nous ont été rapportés, notamment en Montérégie et au Centre-du-Québec. Le dépistage dans le cadre du RAP Grandes cultures a été devancé cette année. Pour les 33 champs qui ont pu être dépistés dès cette semaine, la moyenne de pucerons par plant (pp) pour la province est de 62. Les populations les plus élevées ont été retrouvées en Montérégie dans les municipalités de La Présentation (249 pp), Rivière-Beaudette (962 pp) et Saint-Anicet (350 pp). Pour consulter les données par site, cliquez ici. 

Présentement, le stade physiologique du soya varie du stade végétatif à R3. Cliquez ici pour accéder à un guide sur les stades du soya. Jusqu’au stade R5, le soya peut subir des pertes de rendement si le seuil d’alerte de 250 pucerons par plant est atteint ET QUE la population de pucerons est en augmentation. L’atteinte du seuil d’alerte ne signifie pas qu’un insecticide doit être appliqué immédiatement, mais qu’il est nécessaire de dépister en comptant le nombre moyen de pucerons par plant et l’abondance des ennemis naturels tous les 3 à 7 jours pour suivre l’évolution des populations de pucerons. Il est donc primordial de faire au moins deux dépistages avant de prendre la décision de traiter afin de vous assurer que les populations de pucerons sont en hausse. 

La démarche doit être entreprise pour chacun des champs puisque les populations sont variables d’un site à un autre. Certaines variétés de soya peuvent être résistantes ou tolérantes aux pucerons. 

Le schéma ci-dessous résume la stratégie d’intervention sous forme d’arbre décisionnel afin de savoir si un traitement insecticide est nécessaire ou non.

Sortez vos loupes! Un grand nombre d’ennemis naturels ont également été observés sur les feuilles, lors des dépistages réalisés cette semaine. Des larves et des adultes de coccinelles pouvant manger jusqu’à 270 pucerons par jour, des larves de syrphes et de cécidomyies, différentes espèces de punaises prédatrices ainsi que des pucerons parasités par de petites guêpes parasitoïdes ont été vus. Des pucerons infectés par des champignons entomopathogènes ont également été observés. Dans des conditions d’humidité relative élevée, ces derniers peuvent parvenir à faire chuter drastiquement les populations de pucerons. Pour identifier les insectes (ravageurs ou ennemis naturels) présentement actifs dans les champs de soya, consultez le carnet de champ des dépisteurs du réseau de surveillance du RAP Grandes cultures ainsi que la brochure sur la lutte intégrée contre le puceron du soya.

En plus du nombre de pucerons par plant, différents facteurs sont à considérer pour la prise de décision quant à un traitement insecticide, tels que l’état de stress de la culture (ex. : sécheresse). Il faut aussi prendre en compte la mortalité des ennemis naturels causée par un traitement insecticide, ce qui peut augmenter les risques de réinfestation du puceron et d’autre ravageur comme le tétranyque à deux points.

Pour en savoir plus, consultez le bulletin d’information Stratégie d’intervention recommandée au Québec contre le puceron du soya. Vous pouvez aussi visionner la courte vidéo Le dépistage du puceron du soya en cinq points.

LA POURRITURE À SCLÉROTES DANS LE SOYA
Groupe de travail du RAP sur les maladies des grandes cultures

RAP_GC · Pourriture à sclérotes (Avertissement RAP Grandes cultures Nº 11 du 9 juillet 2021).com

Le dépistage des apothécies qui produisent des spores infectieuses se poursuit dans une trentaine de champs dans le cadre d’un projet de recherche et des dépistages du RAP Grandes cultures. Cette semaine, les relevés effectués à un peu plus de vingt sites répartis dans l’ensemble des régions du Québec ont montré un seul sclérote germé et une seule apothécie sur ce sclérote. Cette observation a été faite dans la région du Centre-du-Québec (Saint-Norbert).

Les champs peu avancés, qui ne sont pas rendus aux stades végétatifs propices pour l'infection, ne sont pas à risque de développer la maladie. L’infection causant la pourriture à sclérotes chez le soya se fait principalement au moment de la floraison de la culture et c'est à ce stade que la maladie fait le plus de dommages. Les cultures de soya débutent la floraison ou sont en floraison, malgré les conditions difficiles du printemps et du début de l’été. Dans certains cas, on observe une variabilité notable des stades de développement dans les champs, ce qui a des conséquences sur la gestion du risque d’infection.

La pluie favorise la germination des sclérotes. Cependant, l’appréciation du risque doit être faite pour chaque champ. Le développement d’apothécies et des spores infectieuses est aussi conditionnel à plusieurs autres facteurs. Voici différents éléments à considérer :

• Les conditions météorologiques : la pluie, l’humidité de l’air et des températures fraîches (25 °C et moins, sous la canopée) favorisent la maladie.
• L’humidité du sol dans les premiers 5 cm favorise la germination des sclérotes.
• La fermeture des rangs et la luxuriance du feuillage ont un impact majeur sur la fructification du champignon et le risque d’infection des plants : l’exposition directe au soleil, l’aération et l’assèchement nuisent à la fructification du champignon, à l’infection des plants et au développement de la maladie.
• L’historique du champ : si le champ a déjà été fortement infesté par le passé, les risques d’infection sont plus élevés.
• Le cultivar : aucun cultivar n’offre une résistance totale contre la maladie, mais plusieurs cultivars offrent une certaine protection. Consultez le Guide RGCQ et votre conseiller agricole pour connaître le niveau de sensibilité des cultivars (cochez la case « Afficher les détails » en haut de page à droite pour voir apparaître la cote « Sclérotiniose »).

Un suivi serré de ces paramètres peut permettre d’éviter un traitement fongicide inutile. Il est effectivement inapproprié d’utiliser un fongicide lorsque le risque est faible, puisque l’effet protecteur du fongicide s’estompe généralement une à deux semaines après l’application. Aussi, l’application de fongicides foliaires n’a pas d’impact sur la viabilité des sclérotes du sol et n’affecte donc pas leur germination. Pour en savoir plus sur la question de la rentabilité des traitements fongicides, veuillez vous référer à la fiche technique Avons-nous besoin de fongicides pour le soya au Québec?

 
Au Québec, une centaine de pièges destinés à capturer des papillons du ver-gris occidental des haricots (VGOH) sont installés pour suivre l’évolution de ce ravageur et déterminer sa distribution. Les premiers papillons (en très faibles nombres, 1 à 4 papillons par piège) ont été capturés entre le 21 juin et le 6 juillet, à 12 emplacements situés en Estrie, en Montérégie, au Centre-du-Québec, en Outaouais, en Chaudière-Appalaches et dans la région de Lanaudière. Même si les captures sont très faibles, continuez à surveiller, durant les prochaines semaines, les champs à risque : ceux qui sont situés dans des zones sableuses, qui ont déjà subi des dommages par le passé et qui présentent une croissance inégale des plants. Les champs semés avec un hybride doté de la technologie Bt Viptera sont moins à risque, puisque c’est actuellement le seul trait Bt qui offre une protection contre ce ravageur. Cliquez ici pour vérifier si votre technologie Bt assure une protection contre le VGOH.

Lors de la première semaine de capture, du 21 au 28 juin, les pièges contenaient parfois des papillons qui n’étaient pas du VGOH. Il est possible que des papillons appartenant à d’autres espèces se retrouvent dans les pièges comme le ver-gris terne. La photo ci-dessous montre les caractéristiques de cette espèce et celle du VGOH. Étant très similaires, il convient de bien valider l’identité de l’espèce. Vous pouvez consulter la fiche technique sur le VGOH qui présente d’autres espèces à ne pas confondre avec le VGOH.
 

Les captures de papillons dans les pièges servent d’indicateurs des populations présentes dans une région. Elles ne permettent pas de juger de la pertinence d’une intervention dans le champ où ce piège est installé. Il n’est pas rare que des champs à proximité de pièges ayant capturé plusieurs spécimens ne soient pas infestés et à l’inverse, il peut y avoir des masses d’œufs et des larves dans un champ dans lequel un piège n’a capturé aucun papillon. Rappelons que ce sont les femelles qui cherchent les sites favorables à la ponte et que les pièges ne capturent que des mâles. L’arrivée des papillons indique qu’il faut prochainement amorcer le dépistage des masses d’œufs en fonction du stade de la culture. Le seuil économique d’intervention est uniquement basé sur le dépistage des masses d’œufs.

Les femelles de VGOH peuvent voler sur plusieurs kilomètres pour trouver un champ adéquat pour pondre. Les plants sont plus attractifs pour l’insecte juste avant l’émergence des croix ou lorsqu’elles sont tout juste sorties. Actuellement, peu ou pas de champs ont atteint ce stade. Si les femelles pondaient actuellement des œufs sur ces plants, on ne sait pas si les jeunes larves qui émergeraient des œufs trouveraient une source de nourriture (pollen ou soie) permettant leur survie. Ainsi, il ne serait pas pertinent de dépister les œufs avant que le maïs ait atteint le stade VT, c’est-à-dire lorsque la panicule (croix) est présente dans le verticille (cornet).

Pour en savoir plus sur le dépistage des œufs de VGOH, référez-vous à l'avertissement Nº 14 du 17 juillet 2020.

   
Les populations de cicadelle de la pomme de terre dans les luzernières sont en général faibles dans 12 des 20 sites suivis cette semaine par le RAP Grandes cultures. C’est dans Lanaudière, en Montérégie-Ouest et en Estrie que les populations sont plus élevées. Parmi ces sites, les deux suivis en Montérégie–Ouest (Saint-Alexandre et Saint-Anicet) et les deux dans Lanaudière (L’Épiphanie et Saint-Roch-Ouest) ont atteint les seuils d’intervention. Un site dépisté en dehors du réseau, situé à Compton en Estrie, a aussi atteint le seuil d’intervention et dans ce site, les symptômes de jaunisse sont bien visibles.

Considérant l’impact que cet insecte peut avoir sur le rendement et la qualité du fourrage, un dépistage est recommandé, en particulier dans les luzernières en implantation, et ce, avant l’apparition des symptômes. Le suivi pourrait être nécessaire jusqu’à la mi-août, moment où les cicadelles sont moins actives.
 
Dépendamment des quantités d’insectes présentes dans le champ (déterminées par un dépistage avec un filet fauchoir), du stade de la luzerne et de sa hauteur, la meilleure stratégie pourrait être de devancer la coupe et de surveiller les populations par la suite. Dans certaines situations, lorsqu’il n’est pas possible de devancer la fauche ou que cette dernière n’a pas permis de faire baisser suffisamment les populations, un traitement insecticide pourrait être envisagé. Le nombre d’applications autorisées d’insecticide dépend des molécules. Consultez SAgE pesticides pour connaître les produits homologués et les indices de risque associés.

Pour en savoir plus, veuillez vous référer à l'avertissement Nº 10 du 2 juillet 2021.

 
Le tétranyque à deux points se nourrit du contenu des cellules des feuilles et réduit la capacité photosynthétique des plantes. En fin de période végétative et au début de la floraison, les champs de soya infestés par le tétranyque à deux points peuvent subir une perte de rendement. Cet acarien est favorisé par les conditions chaudes et sèches, conditions observées dans le sud de la province à la fin du mois de juin et au début juillet. Un seul cas de tétranyques à deux points a été rapporté au RAP Grandes cultures jusqu’à maintenant et les symptômes ne sont pas encore visibles dans ce champ.

Les champs de soya qui sont situés en sols secs et/ou bien drainés, notamment ceux qui ont un historique de dommages causés par le tétranyque, sont les premiers à surveiller. La présence de ce ravageur est souvent limitée en bordure de champ, mais il peut se multiplier rapidement et se disperser si les conditions lui sont favorables. Les dommages se manifestent généralement par un jaunissement du feuillage en bordure du champ ou par foyers aléatoires dans le champ.
 

La meilleure période pour effectuer le dépistage du soya se situe entre les stades R1 (début floraison) et R5 (premières graines). Le premier dépistage devrait se concentrer dans les bordures de champ. Si la présence de tétranyques est constatée, il sera important de suivre les populations par des dépistages réguliers (tous les 2 à 3 jours) et représentatifs du champ (ex. : 10 stations de 5 plants séparées de 100 pas). Il est pratique d’utiliser une feuille blanche pour le dépistage. Secouez les plants au-dessus de la feuille et repérez les minuscules taches qui bougent. Il est également possible d’examiner la face inférieure des feuilles de la base du plant vers le haut du plant. Une loupe (10 x à 15 x) est utile pour confirmer l’identification.

La présence d’ennemis naturels (coccinelles, thrips et acariens prédateurs, etc.) peut permettre de contrôler efficacement les populations de tétranyques. Les conditions météorologiques doivent également être prises en compte avant de prendre la décision de faire une intervention. S’il y a de fortes probabilités de pluie, associées à un temps frais et une humidité relative élevée, retardez la décision de traiter. Dépistez à nouveau vos champs quelques jours après la pluie.

Au Québec, aucun seuil économique d’intervention n’a été validé dans le soya. La décision d’utiliser ou non un traitement insecticide/acaricide devrait prendre en compte les éléments suivants :

• Très peu d’informations sont disponibles quant à la pertinence et à la rentabilité des traitements insecticides/acaricides.
• Après un traitement, le problème peut revenir en cours de saison, car les produits disponibles n’ont pas d’effet sur les œufs et ne permettent pas d’éliminer tous les nymphes et les adultes.
• Les populations de tétranyques à deux points peuvent rapidement développer une résistance à la plupart des insecticides/acaricides.

Pour un projet de recherche mené par le Centre de recherche sur les grains (CÉROM) visant à évaluer la rentabilité des traitements acaricides contre ce ravageur, des champs dans lesquels la présence de tétranyque à deux points est détectée sont recherchés. Si vous souhaitez référer un champ, contactez-nous à l’adresse rapcerom@cercom.qc.ca.
 
Pour en savoir plus sur le ravageur et sur les différents seuils économiques d’intervention utilisés ailleurs en Amérique du Nord, consultez la fiche technique Le tétranyque à deux points.

 
Un reportage diffusé cette semaine à TVA a fait mention d’une infestation de criquets, souvent appelés à tort « sauterelles »,  à Saint-Élie-de-Caxton (Mauricie). La présence de criquets en nombre élevé a également été constatée dans des champs de céréales à Carleton-sur-Mer en Gaspésie. D’autres foyers de criquets pourraient être observés dans les autres régions du Québec, en particulier dans les zones où un temps chaud et sec se maintiendrait dans les prochaines semaines. À l’inverse, les risques d’observer des quantités importantes de criquets seront plus faibles si les précipitations sont fréquentes, puisque ces dernières favorisent le développement de champignons qui affectent grandement ces insectes.

Les criquets peuvent s’attaquer à toutes les principales grandes cultures, mais causent rarement des dommages d’importance économique. Les criquets seront plus susceptibles d’être d’abord trouvés dans les champs dont le sol est sec et sableux.

Pour en savoir plus, consultez la fiche technique Les criquets en grandes cultures : biologie, dépistage et stratégie d'intervention.
   

Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.