Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM) et Sandra Flores-Mejia, malherbologiste (CÉROM)
La présence du kochia à balais a été constatée dans une luzernière en implantation en Montérégie-Est, dans la MRC de Rouville. Pour l’instant, la façon dont cette mauvaise herbe a été introduite dans ce champ n’est pas connue. Il s’agit de la deuxième mention dans un champ au Québec. La première, en 2020, concernait un champ de soya très infesté en Montérégie Est, situé dans une autre MRC (Marguerite-D’Youville). Auparavant, au Québec, le kochia à balais avait seulement été retrouvé en bordure des routes et des chemins de fer.
Cette espèce est connue pour sa capacité à développer de la résistance aux herbicides. Les tests réalisés sur la population découverte en 2020 ont toutefois révélé qu’elle n’était pas résistante aux herbicides des groupes 2, 5 et 9 (glyphosate). Pour plus de détails sur cette mauvaise herbe problématique, consultez l’avertissement N° 4 du 2 octobre 2020 du RAP Malherbologie.
LUZERNIÈRES : AUGMENTATION DU NOMBRE DE CICADELLES DANS LES CHAMPS SUIVIS PAR LE RAP, SOUS LES SEUILS POUR LA PLUPART DES SITES, SAUF EN MONTÉRÉGIE-OUEST
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Stéphanie Mathieu, agr.(MAPAQ) et Brigitte Duval, agr.(MAPAQ)
Les populations de cicadelle de la pomme de terre dans les luzernières suivies par le RAP Grandes cultures sont en augmentation dans 15 des 18 champs dépistés. Les populations sont encore inférieures aux seuils d’intervention dans tous ces sites, sauf pour un site situé à Saint-Anicet (Montérégie-Ouest), où le seuil est largement dépassé. En plus de ce champ, une autre luzernière à Saint-Alexandre dépassant le seuil a aussi été rapportée. Considérant l’impact que cet insecte peut avoir sur le rendement et la qualité du fourrage, un dépistage est recommandé, en particulier dans les luzernières en implantation, et ce, avant l’apparition des symptômes. Le suivi pourrait être nécessaire jusqu’à la mi-août, moment où les cicadelles sont moins actives.
Le tableau 1 montre les seuils d’intervention pour déterminer si une intervention est nécessaire selon le niveau de stress subi par la culture (ex. : stress hydrique, carence, etc.).
Insecticides homologués
Pour des renseignements complémentaires, consultez la fiche technique La cicadelle de la pomme de terre dans la luzerne.
ROUILLE BRUNE SIGNALÉE À UN ENDROIT EN MONTÉRÉGIE-EST
Groupe de travail du RAP sur les maladies des grandes cultures
La rouille brune a été observée en Montérégie-Est, au Centre de recherche sur les grains (CÉROM), dans plusieurs parcelles de blé d’automne et de blé de printemps.
La maladie se manifeste par des pustules (lésions surélevées) rondes à ovales, orange à brunes, principalement sur la face supérieure des feuilles. Les pustules sont distribuées de façon aléatoire sur les feuilles, contrairement aux pustules jaunes à orange de la rouille jaune qui sont alignées (figure 1).
Les conditions favorisant le développement de la maladie sont des températures fraîches (< 25 °C) avec de la pluie. Les vents forts peuvent transporter les spores sur de longues distances, ce qui favorise la dispersion de la maladie d’une région à l’autre.
La détection hâtive de la rouille brune est critique pour prendre les meilleures décisions de contrôle. Des dépistages fréquents sont recommandés si l’apparition de la rouille brune est signalée dans votre région, car la maladie peut se développer rapidement. Certaines variétés de blé sont résistantes à la rouille brune, mais les mutations créant de nouvelles races qui font chuter la résistance sont fréquentes, alors un dépistage régulier demeure recommandé, peu importe le cultivar. Pour un dépistage adéquat, il est recommandé d’examiner 10 plants par endroit, à 10 endroits représentatifs du champ.
Cette maladie peut causer jusqu’à 20 % des pertes de rendement si la feuille étendard est atteinte par la maladie sur 40 % de sa surface, avant la floraison. Si la feuille étendard est atteinte sur moins de 5 % de sa superficie, la répression avec un fongicide pourra contribuer à réprimer la progression de la maladie sur la feuille. Toutefois, au-delà de ce seuil, l’application d’un fongicide est inefficace pour éviter la perte de rendement.
POURRITURE À SCLÉROTES DANS LE SOYA : RISQUE FAIBLE POUR LE MOMENT
Groupe de travail du RAP sur les maladies des grandes cultures
L’infection causant la pourriture à sclérotes chez le soya se fait principalement au moment de la floraison de la culture et c'est à ce stade que la maladie fait le plus de dommages. Plusieurs champs ont actuellement un développement variable des plants dû au gel, à la sécheresse ou à d’autres facteurs; on peut observer des plants en floraison ainsi que des plants au stade unifolié. Dans certaines situations, des plants très courts et montrant un port peu développé sont en floraison.
Dans le cadre d’un projet de recherche et des dépistages du RAP Grandes cultures, quelques sclérotes ont été enterrés dans une trentaine de champs de différentes régions, ce qui permet de suivre le développement du champignon. Un sclérote est une masse compacte de champignon qui fructifie pour produire des apothécies (petits champignons), lesquelles portent des spores infectieuses. Dans le cadre du projet de recherche et de la surveillance du RAP, il y a seulement un site dans lequel quelques fructifications ont été observées. Il s’agit d’un champ de soya semé aux 5 pouces en Chaudière-Appalaches.
Jusqu’à maintenant, les conditions n’ont pas été réunies pour favoriser le développement du champignon et causer l’infection du soya. Soit le soya n’est pas en floraison et n’est pas à risque ou alors le temps sec, très chaud et l’exposition du sol au soleil et au vent ont nui au développement du champignon.
La situation sera à surveiller dans les prochaines semaines, car les conditions agrométéorologiques changent et le soya se développe rapidement. Les conditions favorables au développement du champignon et à l’infection des plants de soya sont : la pluie, un sol humide (premiers 5 cm), des températures fraîches et humides et la fermeture des rangs de soya. La fermeture des rangs maintient des conditions humides sous la canopée et crée de l’ombrage, ce qui favorise la fructification des sclérotes. Vous devez donc prendre en compte la fermeture des rangs dans l’évaluation du risque d’infection.
RAVAGEURS DU CANOLA : ÉTAT DE LA SITUATION
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)
Trois principaux insectes ravageurs du soya sont actuellement surveillés par le RAP : la cécidomyie du chou-fleur, le charançon de la silique et le méligèthe des crucifères. Les deux derniers sont capturés par les dépisteurs du RAP à l’aide d’un filet fauchoir et le premier est suivi grâce à des pièges à phéromone.
Cécidomyie du chou-fleur
Charançon de la silique
Méligèthe des crucifères
Les captures de cet insecte sont très faibles dans les 8 champs dépistés jusqu’à maintenant dans le cadre du RAP. Plus de champs seront dépistés dans les prochains jours lorsque les autres sites suivis par le RAP auront atteint le stade pendant lequel les boutons floraux apparaissent. Pour plus de détails sur ce ravageur, vous pouvez consulter la fiche technique Méligèthe des crucifères.
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Sébastien Boquel, entomologiste (CÉROM) et Brigitte Duval, agr. (MAPAQ)
Un champ de maïs situé à Montmagny (Chaudière-Appalaches) et un autre situé à Rimouski (Bas-Saint-Laurent) ont été endommagés par le perce-tige de la pomme de terre, un ravageur sporadique du maïs. Comme son nom l’indique, cet insecte perce la tige du maïs pour s’alimenter à l’intérieur de celle-ci. Les œufs de cet insecte passent l’hiver sur des graminées sauvages, des mauvaises herbes ou des céréales. Après l’éclosion, les larves se nourrissent d’abord sur ces plantes avant de se déplacer vers des plants ayant des tiges plus grosses dans lesquelles elles continuent leur développement. Dans le maïs, les larves pénètrent dans les tiges en creusant un trou à la base du plant, près de la surface du sol. Les premiers dommages sont le flétrissement des plus jeunes feuilles, qui vont ensuite se dessécher. Cette atteinte du point de croissance peut tuer le plant. Le maïs est particulièrement sensible entre les stades 4 et 8 feuilles, mais les dommages peuvent se poursuivre jusqu’à ce que la larve atteigne sa maturité, soit vers la fin juin. Les larves immatures sont en partie de couleur pourpre alors que les larves matures sont complètement beiges.
INSECTES DÉFOLIATEURS DANS LE SOYA
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les ravageurs du soya
Au Québec, aucun seuil économique d’intervention n’a été validé pour la défoliation du soya. Toutefois, le seuil utilisé en Ontario, basé sur le pourcentage de défoliation, est de 30 % de défoliation aux stades végétatifs du soya, et de 15 % du stade début floraison (R1) au remplissage des gousses (R4).
Pour estimer le pourcentage de défoliation d’un champ de soya, prélever, dans 10 zones du champ, de 1 à 3 feuilles trifoliées dans le milieu du feuillage de 5 plants (au total, au moins 50 feuilles seront prélevées). Les 10 zones doivent être bien réparties dans le champ, parce qu'il est normal de voir plus de dommages en bordure de champ. Pour chaque feuille trifoliée prélevée, jetez la foliole la moins endommagée et la foliole la plus endommagée. Comparez la foliole restante à la figure 1 ci-dessous et estimez le pourcentage de défoliation. Il est également possible d’utiliser des applications pour téléphones intelligents qui estiment le pourcentage de défoliation (BioLeaf pour Android et LeafByte pour Apple). Finalement, faites la moyenne de toutes les folioles examinées.
Pour en savoir plus, consultez les bulletins d'information Défoliation du soya par divers ravageurs : méloé cendré, criquets, scarabée japonais, altises, limaces, etc. et Les criquets en grandes cultures : biologie, dépistage et stratégie d’intervention.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |