SUIVI DE LA CROISSANCE DE L'AMARANTE TUBERCULÉE
En collaboration avec Brigitte Duval, agr.; Stéphanie Mathieu, agr.; Véronique Samson, agr.; Karine Fortier-Brunelle, agr. (MAPAQ); Sandra Flores-Mejia, Ph. D. (CÉROM) et Fairouz Dif, agr. (Club Conseil Profit-eau-sol)
Pour plus d'information
- Fiche technique Amarante tuberculée
- Fiche technique Différenciation entre les espèces d'amarantes
- IRIIS phytoprotection Amarante tuberculée
Pour confirmer l'identification de l'AT, vous pouvez envoyer des photos par courriel à l'adresse mauvaiseherbe@mapaq.gouv.qc.ca. En cas de doute, le Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ vous indiquera s'il est nécessaire d'envoyer un échantillon pour effectuer un test moléculaire. Pour connaître la procédure d'envoi d'un échantillon, vous pouvez consulter le document Envoi des échantillons au LEDP aux pages 7 et 8.
Sandra Flores-Mejia, Ph. D. (CÉROM)
Concernant les herbicides du groupe 5 (inhibiteurs du photosystème II, site A), les résultats montrent que la résistance à l’atrazine est très généralisée. Elle a été observée chez 11 des 12 populations testées, c’est-à-dire que 92 % des populations testées se sont avérées résistantes à l’atrazine. Le degré de résistance varie selon la population, mais des populations hautement résistantes, dont 92,6 % et 74 % des individus ayant survécu à une fois et à deux fois la dose d’atrazine respectivement, ont été repérées.
En comparaison, la métribuzine demeure une option efficace pour le contrôle de l’AT dans le soya. Des 9 populations testées, seulement une population (11 %) a été déterminée résistante. Parmi les populations sensibles, aucun individu n’a survécu à une fois et à deux fois la dose. Ces résultats permettent de conclure que le test moléculaire pour la métribuzine, disponible au LEDP, s’avère très efficace pour détecter la présence ou l’absence de la mutation conférant la résistance à cette matière active. Effectivement, les 8 populations classées sensibles par le test classique avaient aussi reçu au préalable un résultat négatif par le test moléculaire (absence de la mutation).
Concernant les herbicides du groupe 27 (inhibiteurs de l’enzyme 4-hydroxyphenylpyruvate dioxygénase [HPPD], intervenant dans la synthèse des plastoquinones), la résistance à la mésotrione est plus répandue qu’on ne le croyait au départ. En effet, les 10 populations testées ont été classées comme résistantes à la mésotrione. Comme observé avec l’atrazine, le degré de résistance varie selon la population, mais des populations hautement résistantes ont été identifiées, incluant deux populations dont 100 % des individus ont survécu à une fois la dose.
Une population a été testée au tolpyralate et elle a été classée résistante à cette matière active du groupe 27. En moyenne, 26 % et 11 % des individus testés ont survécu au traitement à une fois et deux fois la dose respectivement. Ceci est la première mention de la résistance au tolpyralate au Canada.
Une population a été testée avec le mélange atrazine + mésotrione, et elle a été classée résistante, avec 37 % des individus qui ont survécu à une fois la dose et 39 % à deux fois la dose. Cette population avait également été classée hautement résistante à l’atrazine et à la mésotrione (résistance multiple) ainsi que résistante au tolpyralate (résistance croisée). Ces résultats suggèrent que la résistance au groupe 27 pourrait inclure l’ensemble de matières actives appartenant à ce groupe. Des essais supplémentaires sont à prévoir afin de vérifier cette hypothèse.
La présence répandue de la résistance aux groupes 2, 5, 9, 14 et 27 chez les populations d'amarante tuberculée au Québec limite les options de contrôle pour cette espèce. La combinaison de différents moyens de lutte est donc à privilégier en tout temps avec cette mauvaise herbe.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |