Le virus du fruit rugueux brun de la tomate (ToBRFV), communément appelé la rugose, peut causer des pertes très importantes dans la tomate et est difficile à éliminer. De nombreux projets de recherche s'y sont intéressés au cours des dernières années, et il a fait l’objet de plusieurs conférences partout dans le monde, dont une série de webinaires au Québec.
Tout récemment, AGDIA a commercialisé des bandelettes appelées ‘Immuno-Strip’ permettant de détecter en quelques minutes la présence de particules virales de la rugose. Ces bandelettes peuvent vous être utiles et sont actuellement en vente au Québec, chez Plant Products.
Le MAPAQ a aussi permis la mise en place d’un projet d’envergure dans le but d’outiller l’industrie à faire face à cette nouvelle menace. En plus d'une enquête provinciale sur la prévalence de la maladie, le projet vise à valider des tests de dépistage ainsi qu'à établir les méthodes de désinfection des semences et des terreaux. Ce projet, pris en charge par le CRAM (Centre de recherche agroalimentaire de Mirabel), sera réalisé avec la collaboration des Producteurs en serre du Québec (PSQ), d'agronomes des secteurs public et privé, des chercheurs et virologistes d’Agriculture et agroalimentaire Canada (AAC) et de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
Si vous observez des symptômes de ToBRFV dans vos serres, contactez votre agronome ou votre conseiller régional du MAPAQ qui pourra effectuer un suivi dans le cadre de ce projet provincial débutant sous peu.
Pour plus d'information
- Série de 4 webinaires sur ToBRFV
- Fiche technique Le virus du fruit rugueux brun de la tomate
Le concombre est sensible aux attaques de Pythium, causant notamment la pourriture des racines, et ce, dès que les plants sont tout jeunes.
Causes
Différentes espèces de Pythium, seules ou combinées (ex. : P. aphanidermatum, P. irregulare, P. sylvaticum, P. ultimum et autres), peuvent s'attaquer aux racines et aux collets des plants. Chaque espèce a ses préférences en termes de température, d’humidité et de milieu de culture, mais les approches préventives ou curatives demeurent les mêmes.
Dans des cas sévères, on a pu identifier le Pythium aphanidermatum, une espèce plus virulente. On a également observé qu’il sévit lorsque deux conditions sont combinées : une salinité (CE : conductivité électrique) et une température élevées dans le terreau (30 °C et +). Les dommages sont encore plus fulgurants si le pH est un peu trop élevé ou alcalin (source : Jean Brunet, Organonatura-Ecotech). La maladie peut évoluer rapidement et causer des pertes économiques importantes. De la pourriture au niveau du collet et des racines des plants infectés peuvent aussi être observés, même en conditions humides, dans un sol froid, lorsqu'il y a présence d’autres espèces telles que Pythium ultimum.
Méthodes de lutte
L’application préventive de Trichoderma harzianum seul (ROOTSHIELD, TRIANUM, BORA) ou d'une combinaison de deux espèces de Trichoderma (T. harzianum et T. virens : ROOTSHIELD PLUS) dès la plantation, à répéter 2 mois plus tard, est une pratique qui offre une bonne protection. Pour limiter le développement de ces champignons de sol, il faut aussi éviter les chocs de température (terreau froid, eau froide, etc.), de salinité, réduire la densité des plants et favoriser l’aération, réduire l'apport d’azote (qui a pour effet de ramollir les tissus fragilisés). Étant donné que les larves de mouches noires se nourrissent sur les pourritures de racines et que les adultes transmettent ensuite ces champignons, il est préférable de se débarrasser des plants pourris.
Si vous devez stopper la progression de la maladie, une autre solution s’offre peut-être à vous : la chaux hydratée.
Mode d’action
La chaux hydratée contient de l’hydroxyde de calcium (Ca(OH)2). Elle agit par réaction ionique dans le terreau. Les ions calcium (Ca), plus disponibles à pH acide qu'à pH élevé, sont utilisés par les microorganismes du substrat pour constituer leurs parois cellulaires. Ces microorganismes dégradent la matière organique en protéines, en acides aminés et… en ions ammonium. À pH inférieur à 7, la forme prédominante est l’ammonium (NH4+), tandis qu’à pH supérieur à 7, l'ammonium se transforme en ammoniac (NH3), un composé toxique aux zoospores de Pythium (source : Gérard Gilbert, agronome-phytopathologiste). Le pH peut varier légèrement à la hausse de quelques dixièmes d’unité, mais il faudra plus que 2 ou 3 applications échelonnées aux 2 à 3 semaines pour le modifier.
Méthode d'application
Le type de chaux hydratée (type Bulldog) revêt une grande importance. Dans l'expérience citée précédemment, ils ont constaté qu’il est préférable de l’utiliser sur des plants encore sains, même s’il est possible de stopper un début d’infection. Il faut éviter de la mélanger avec d’autres produits et il est recommandé d’appliquer la solution en pulvérisant la base des plants, jamais au goutteur (risque de colmatage).
Mélangez 1 gramme de chaux hydratée par litre d’eau, puis appliquez 400 à 500 ml de cette solution à la base de chaque plant, en évitant de mouiller le feuillage autant que possible. On peut répéter ce traitement en prévention, et particulièrement à l’approche d’une période de chaleur intense qui stimule le développement du Pythium spp. et favorise l’infection. On peut refaire l’application après 3 à 5 jours en période critique, ou à 2 à 3 semaines d’intervalle.
Si vous avez un début d’infection et redoutez le pire, faites-en l’essai sur quelques plants en prenant soin de conserver des plants témoins non traités pour en valider l’efficacité sous vos conditions. Les résultats peuvent varier en fonction des substrats et des conditions ambiantes.
Le miellat laissé par une colonie importante de pucerons permet le développement d’un champignon nommé fumagine qui noircit les feuilles et les fruits, laissant des résidus indésirables qui bloquent la photosynthèse. La fumagine peut aussi être liée à un taux d’humidité trop élevé. Pour y remédier, vous pouvez d’abord enlever les feuilles trop affectées, puis appliquer l’un des deux produits suivants qui agissent en délogeant le champignon rapidement : peroxyde d’hydrogène (ex.: ZEROTOL ou STOROX) qui tue la fumagine ou encore un savon insecticide avec une solution de 1 %. Dans les 2 cas, il faut terminer le traitement par un bon rinçage à l’eau afin d’éliminer les résidus de fumagine. D’autres font d’abord une application de MILSTOP (bicarbonate de potassium) suivie d’une application nettoyante au STROTOX.
Une punaise miride, Microtechnites bractatus (syn. Halticus bractatus), garden fleahopper en anglais, est de plus en plus présente dans le concombre et l’aubergine, deux cultures qu’elle affectionne particulièrement. On la retrouve aussi sur des cultures mineures comme le navet, la rabiole, le radis et d'autres crucifères en serre. On en connaît encore bien peu sur cet insecte ravageur, mais il semble capable d’hiverner en serre ou dans les tunnels froids, puisqu’on rapporte sa présence de plus en plus tôt, dès le mois de mai.
Il est facile de confondre Microtechnites bractatus avec l’altise, puisqu’elle saute dès qu’elle est dérangée. Sinon, au stade larvaire, elle ressemble à une punaise terne.
Symptômes et dommages
Les dégâts s’apparentent à ceux des thrips, mais en plus gros. On peut aussi les confondre avec des dégâts de tétranyques en début d’infestation ou à ceux des cicadelles, plus rarement présentes en serre. Parce qu’il s’alimente de la sève des feuilles, cet insecte suceur provoque des zones de petits points blancs accompagnés d’excréments noirs bien visibles sur la face supérieure des feuilles. En présence de dommages importants sur les feuilles, ils peuvent affecter le rendement sans toutefois s’attaquer directement aux fruits.
Le dépistage s'effectue en observant le feuillage des plants à la recherche de symptômes d'infestation. Les dommages sont souvent plus importants lors d’attaques sur les jeunes plants. Par contre, sur les plants matures, il est rare qu’une intervention soit requise. Sinon, un savon ou une huile agira rapidement par contact, spécialement sur les jeunes larves moins mobiles. En traitement conventionnel, seul le BELEAF (flonicamide) est homologué pour une intervention contre les punaises.
Pour plus d'information
- Fiche technique IRIIS sur le Microtechnites bractatus
- Avertissement No 10, 30 juin 2020, RAP - Réseau Solanacées
La punaise terne cause des dommages aux fruits et aux points de croissance (arrêt) dans plusieurs cultures, notamment dans le poivron et l'aubergine où ils sont plus importants que dans le concombre. Malgré les travaux de recherche qui se poursuivent, on ne connaît encore aucun prédateur capable d’établir un contrôle satisfaisant contre cet insecte piqueur-suceur. C’est pourquoi les moustiquaires et l’application de produits restent vos seules options. BIO-CERES (Beauvaria bassiana souche ANT-03), souche isolée d’une punaise terne au Québec, a montré une bonne efficacité, particulièrement sur les adultes qui ont hiverné, soit la 1re génération. D’autres produits biologiques comme les savons, les huiles ou le TROUNCE (pyréthrines et sel de potassium d'acide gras) peuvent aussi être utilisés. Sinon, en conventionnel, RIMON (novaluron) empêche la mue d’un stade larvaire à l’autre sans affecter les adultes, tandis que BELEAF (flonicamide) empêche les punaises de se nourrir en agissant plus lentement, tout en étant très doux sur les insectes auxiliaires.
Pour plus d'information
- Fiche technique Punaise terne (MAAARO)
- Fiche technique Punaise terne (IRIIS)
- Fiche technique sur la punaise terne dans le poivron en serre
Cette mouche, qui ressemble à s’y méprendre à une mouche domestique, a la capacité de tuer des sciarides (Bradysia spp.) adultes en plein vol comme pas une. C’est pourquoi on la surnomme la mouche tueuse ou chasseuse (Killer fly ou Hunter fly). Elle est si efficace que vous apercevrez des cadavres de sciarides sur les feuilles sans avoir effectué de traitement, ce qui est souvent un indice de sa présence. Elle est en soi un cadeau, car elle ne colonise pas naturellement toutes les serres et ne se vend pas commercialement, puisqu’il est impossible d’en faire un élevage commercial en raison de son comportement cannibale et territorial. Elles se tiennent généralement à bonne distance l’une de l’autre, et gare à celles qui s’approchent trop de son territoire! Elle n’en ferait qu’une bouchée!
Pour plus d'information
- Bulletin d’information No 1, 28 février 2006, Coenosia attenuata - Découverte d’une mouche prédatrice de sciarides.
- Fiche technique du Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |