SAISON TRÈS HÂTIVE
Le début de la saison est particulièrement hâtif cette année, avec près de 3 semaines d’avance dans certaines régions. Nous observons des températures de jour comme de nuit au-dessus des normales de saison. Par contre, les chances sont très élevées qu’il y ait du gel ces prochaines semaines. Les choses se précipitent, mais gardez en tête ce risque.
DÉPAILLAGE
Le dépaillage s’est poursuivi dans plusieurs régions, au cours de la dernière semaine. C’est le grand dilemme pour plusieurs actuellement : dépailler ou ne pas dépailler. Consultez la fiche technique Le dépaillage des fraisières, qui pourra répondre à certaines de vos questions et vous aiguiller dans votre prise de décision.
Sous les bâches, certains cultivars hâtifs tels que la CLERY sont au stade bouton vert avancé et, dans certaines zones plus chaudes, la SEASCAPE 2e année est au stade début floraison.
GEL PRINTANIER
Avec le départ hâtif de cette saison et la possibilité encore présente de gels printaniers, cela augmente le risque que de futurs gels arrivent à des stades sensibles du fraisier. Si des gels surviennent, selon le stade des plants, il peut arriver que vous ayez à protéger vos fraisiers en les irriguant par aspersion, en repaillant ou en remettant les bâches. Soyez prêts à intervenir si certains de vos champs sont à des stades critiques et que la situation se présente. Voici les stades sensibles au gel pour la fraise.
Température critique pour le fraisier |
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Stade | °C |
Début du bouton vert | - 5,5 |
Bouton vert avancé | - 2,2 |
Floraison | - 0,5 à - 1,0 |
Fruit vert | - 2,2 |
Source : Martsof and Gerber, Ohio Strawberry Manual | |
Bulletin No 436, Cooperative Extension Service, Ohio |
DÉPISTAGE DES ŒUFS DE PUCERONS DU FRAISIER
Des œufs de pucerons du fraisier ont commencé à être observés dans des champs qui venaient d’être dépaillés. En fait, tout de suite après le dépaillage, vous pouvez vérifier la présence des œufs de pucerons du fraisier qui ont hiverné dans vos champs. Ces œufs sont noirs et luisants, et localisés en dessous des vieilles feuilles qui touchent le sol. Le puceron du fraisier (Chaetosiphon fragaefolii) est le principal insecte vecteur des virus identifiés au Québec. Bien que ces œufs soient visibles à l’œil nu, une loupe 20x est utile pour mieux les observer.
ÉVALUEZ SI VOS CHAMPS ET LES FRAISIERS SAUVAGES SONT PORTEURS DE VIRUS
Afin de mieux déterminer si des interventions contre les insectes vecteurs de virus seront nécessaires chez vous, au cours de la saison, il serait important de savoir si vos champs sont porteurs de virus et si les plants de fraisiers sauvages peuvent constituer une banque de virus. N’hésitez pas à prendre des échantillons de feuilles et à les faire analyser au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ.
SURVEILLEZ LES TÉTRANYQUES
Certains conseillers nous ont rapporté avoir observé des femelles hivernantes de tétranyques actives. Avec le temps qui se réchauffe, les femelles de tétranyques qui ont hiverné sous la litière se déplacent sur les plants et commenceront la ponte sous les plus vieilles feuilles. Portez une attention particulière aux fraisiers sous bâche. Examinez bien vos champs afin de repérer les premiers foyers d’infestation ainsi que la présence de prédateurs naturels. Pour les diverses stratégies, veuillez consulter la fiche technique Dépistage et contrôle des tétranyques à 2 points dans les fraisières.
STRATÉGIES CONTRE LES TARSONÈMES
Certains conseillers nous ont rapporté des débuts d’activités du tarsonème dans certains champs. Il est encore trop tôt pour intervenir, mais vous pouvez commencer à marquer les foyers. Vous pouvez consulter la fiche Tarsonème du fraisier afin de connaître les diverses stratégies contre cet acarien.
TACHE ANGULAIRE
Un début d’activité de cette maladie a été observé sur le vieux feuillage des plants et sur quelques jeunes folioles de plants sous bâches. Les infections sont favorisées par des températures fraîches et des nuits froides près du point de congélation. Attention si vous avez à utiliser votre système d’irrigation par aspersion contre le gel, car ceci pourrait contribuer à propager la maladie dans votre champ! Pour plus de détails, consultez la fiche technique Tache angulaire chez le fraisier.
STÈLE ROUGE
Des conseillers nous ont rapporté des observations de symptômes de stèle rouge sur certains sites ayant un historique de la maladie. Le champignon responsable de la stèle rouge (Phytophthora fragariae var. fragariae) est très actif en sol humide. Ce champignon produit des zoospores (spores mobiles) qui se déplacent pour aller infecter les racines saines et causer l’affaiblissement des plants. Pour les producteurs qui cultivent la fraise sur des sites possédant un drainage déficient, des sites avec des baissières ou des sites ayant un historique de stèle rouge, il est possible d’appliquer le fongicide ALIETTE avant l’apparition des symptômes de la maladie. Notez que ce fongicide a un délai avant récolte de 30 jours.
CONTRÔLE DU CHIENDENT
Surveillez le développement du chiendent, puisque c’est au stade 2 à 5 feuilles qu’il est le plus sensible aux herbicides anti-graminées, comme le POAST ULTRA et le VENTURE. Actuellement, certains conseillers ont observé du chiendent au stade 2 feuilles.
Après avoir dépaillé ou avant l’implantation d’une fraisière, il est important de réaliser un contrôle des mauvaises herbes. Puisque les fraisières en rangs nattés sont établies pour 2 à 3 ans, il est essentiel avant la plantation, de débarrasser les terrains des mauvaises herbes vivaces et des problématiques (souchet, prêle, chiendent, jargeau, linaire, pensée sauvage, potentille, etc.). Des traitements mécaniques (reigi, stérilisation de la paille) et des méthodes culturales (rotations, engrais verts, etc.) vont aider à réprimer les mauvaises herbes ou à diminuer l’introduction de mauvaises herbes sur les futurs sites d’implantation des fraisières. Une présentation réalisée lors de nos journées régionales à l’hiver 2020 a abordé plusieurs techniques permettant de lutter contre les mauvaises herbes, sans recours aux herbicides. Vous pourrez la consulter en cliquant sur Étapes de ma transition biologique dans la fraise d'été et à jours neutres. En complément des interventions culturales et mécaniques réalisées, des herbicides peuvent être appliqués tôt au printemps, avant la levée des mauvaises herbes. Pour obtenir plus de détails sur les herbicides pouvant être utilisés au printemps dans les fraisières, consultez le bulletin Les applications printanières d’herbicides dans les fraisières. À noter que certains des herbicides listés dans la fiche ne pourront pas être utilisés ce printemps, car la végétation ou les mauvaises sont déjà à un stade trop avancé.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Stéphanie Tellier, agr., M. Sc. et révisé par Mathieu Côté, agronome (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du réseau Fraise ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.