Premier signalement de mildiou en Ontario : dépistage et stratégie fongicide. Les maladies fongiques plus préoccupantes cette semaine. Les insectes préoccupants par endroits : tétranyques, pucerons et punaises ternes.
Le ministère de l’Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAARO) a annoncé un cas de mildiou (Phytophthora infestans) sur des pommes de terre dans le comté de Norfolk, au sud-ouest de Toronto, en date du 26 août. Aucun cas n’a encore été rapporté au Québec. Une alerte sera publiée sur le réseau si des cas de mildiou sont rapportés dans les pommes de terre ou les tomates dans la province.
Un dépistage serré de 2 à 3 fois par semaine va permettre d’identifier rapidement les premiers foyers d’infection, le cas échéant.
Les champs les plus à risques sont :
- Les champs qui ont été moins protégés par des fongicides visant les maladies causées par Alternaria, Septoria ou Colletotrichum (anthracnose).
- Les zones plus susceptibles à l’humidité, par exemple les baissières, les zones à l’abri du vent, le feuillage dense.
- Les champs situés près d’autres champs de tomate, de pomme de terre ou de jardins domestiques.
L’infection est favorisée par une forte humidité (pluie, rosée, brouillard). Les températures optimales pour le développement de la maladie se situent entre 18 et 25 °C. Par contre, selon l'Université Cornell, le pathogène peut aussi se propager dans des conditions sèches et chaudes si l’humidité relative est élevée.
Symptômes
Au début de l’infection, les feuilles présentent un symptôme caractéristique de la maladie : présence de taches noir verdâtre, huileuses et irrégulières à l’apex ou à la marge des vieilles feuilles, avec un mycélium blanc grisâtre sous la feuille par temps humide ou en présence de rosée. Dans des conditions humides, les taches s’agrandissent rapidement pour former des plages brunes aux contours irréguliers. Elles sont parfois entourées d’un halo vert pâle. Des lésions sur les tiges peuvent aussi être visibles, parfois avec une sporulation blanche. Pour d’autres images à différents stades de l’infection, voir le blogue de l’Université Cornell.
Sur le fruit, on notera la présence d’une zone brun marbré qui s’agrandit rapidement pour contaminer tout le fruit, avec une texture de « pelure d’orange ».
Attention de ne pas confondre les symptômes foliaires avec la brûlure alternarienne, aussi appelée alternariose (Alternaria solani), ou la moisissure grise (Botrytis cinerea), et les symptômes sur fruit avec le Phytophthora capsici. Sur les fruits, le mildiou ne produit pas de poudre blanche alors que ceci est caractéristique du Phytophthora capsici.
Pour confirmer votre diagnostic
Vous pouvez prélever des feuilles affectées, les vaporiser d’eau, puis les mettre dans un sac de plastique transparent à une température se situant entre 15 et
Pour plus d'images de maladies et de problèmes abiotiques pouvant être confondus avec le mildiou, vous pouvez consulter les sites Web suivants :
- http://blogs.cornell.edu/livegpath/gallery/tomato/late-blight-imitators/
- https://onvegetables.com/2010/07/13/late-blight-look-alikes/
Stratégie d'intervention
Des pulvérisations préventives sont recommandées aux 7 jours avec des fongicides ayant de courts délais avant la récolte. Alterner les fongicides de contact (chlorothalonil BRAVO 500, ECHO 720 [24 hrs]) avec les fongicides pénétrants qui possèdent aussi une action antisporulante légère (ZAMPRO [4 jrs], TORRENT 400SC [24 hrs], TANOS [3 jrs], REVUS [24 hrs]). Faites un mélange si ceci est recommandé sur l’étiquette du produit.
Lorsque le mildiou sera présent dans la région ou dans vos champs, d'autres produits qui ont de meilleures propriétés antisporulantes pourront être appliqués.
Consulter l’avertissement Nº 7 du 9 juillet 2020 pour plus d'information sur l’efficacité et les modes d’action des fongicides.
Contrôle du mildiou en production biologique
Les produits à base de cuivre sont peu efficaces pour lutter contre le mildiou, mais ils demeurent les seuls produits recommandés.
Les pluies de la dernière semaine et la rosée du matin et du soir augmentent les périodes d’humidité prolongées, favorables aux maladies fongiques.
Maladies fongiques
Dans le poivron
Le Phytophthora capsici est difficile à contrôler dans les champs où il est présent, mais il n’y a pas de nouveaux cas rapportés. Un cas de moisissure grise dans le poivron est rapporté dans la région de Québec.
Dans la tomate
La brûlure alternarienne (Alternaria solani) affecte dans certains cas les feuilles médianes et les fruits, et les foyers de moisissure grise (Botrytis cinerea) sont en progression, avec des traitements recommandés dans certains cas. De nouveaux foyers de tache septorienne (Septoria lycopersici) ont fait leur apparition dans certaines régions.
Dans la tomate en tunnel
La moisissure olive, causée par le champignon Fulvia fulva, et la moisissure grise nécessitent parfois des traitements.
Dans l’aubergine
La brûlure alternarienne est aussi en légère augmentation alors que la verticilliose se stabilise dans toutes les régions.
Maladies bactériennes
Les maladies bactériennes sont stables et sous contrôle dans la plupart des régions, mais les symptômes de chancre et de moucheture sur fruit continuent d’être assez importants dans certains cas.
Quelques insectes demeurent problématiques et nécessitent des traitements dans certains champs et certaines régions, mais les températures plus froides vont ralentir l’activité des insectes dans les prochains jours.
Le tétranyque demeure problématique surtout dans l’aubergine et nécessite des traitements localisés. Les foyers se déplacent parfois vers les jeunes feuilles, mais les températures fraîches vont ralentir l’activité de cet insecte.
Pour les pucerons, certains traitements sont nécessaires localement (région de Québec).
La punaise terne est en augmentation et nécessite des traitements localement dans certains secteurs (Montérégie, région de Québec), mais en contrôle dans la plupart des régions.
Les traitements contre les doryphores dans les derniers jours ont permis de contrôler les populations dans les aubergines.
La punaise Microtechnites bractatus continue d’être active dans certains tunnels. Selon l’avertissement Nº 10 du 3 août 2020 du réseau Cultures maraîchères en serre, les interventions sont rarement nécessaires sur les plants matures, mais si un traitement s’avérait approprié, les savons ou les huiles agissent par contact particulièrement sur les larves.
Il y a eu très peu de captures de pyrales encore cette semaine :
- Dans le réseau Maïs sucré, 3 papillons ont été capturés sur deux sites dans les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches.
- Dans le réseau poivron, il y a eu seulement 2 captures en Estrie. Aucun site de piégeage ne dépasse le seuil de 7 papillons au cours de la dernière semaine.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |