Activité des insectes ravageurs. Maladies et poursuite des traitements. Phytotoxicité des savons insecticides. Verticilliose de l’aubergine. Carences en calcium : Que penser des applications additionnelles de calcium? Phytophthora capsici : Dommages rapportés dans le concombre et la courge. Surveillez vos champs pour l’apparition de cette maladie.
Les premières récoltes d’aubergine sont en cours et celles de tomate et de poivron vont commencer prochainement. Les plantations ont été réalisées dans de bonnes conditions et la saison annonce pour l’instant de belles récoltes.
L’activité des punaises pentatomides, de la punaise terne (tomate, poivron, aubergine) et des tétranyques (aubergine) est en hausse, ce qui peut nécessiter des traitements dans certains cas.
Pour un contrôle adéquat des tétranyques, l’application d’acaricide doit débuter à l’observation des premiers foyers d’infestation avant l’établissement d’une population élevée. Attendez de 4 à 10 jours après l’application d’un produit pour évaluer l’efficacité du traitement sur les acariens.
En régie biologique, les savons insecticides peuvent causer de la phytotoxicité lorsqu’ils sont appliqués en plein jour et par temps chaud. Faites les applications le matin ou en fin de journée.
Tous les stades du doryphore se retrouvent encore dans plusieurs champs d’aubergine et l’efficacité des traitements est variable. La cicadelle demeure à surveiller et on observe l’apparition de pourtour de feuilles jaunies sur des plants de poivron et d’aubergine. Les pucerons et les altises sont observés, mais ne nécessitent pas d’intervention pour le moment, car les seuils d’intervention ne sont pas atteints.
Pyrale du maïs : Aucune capture dans les champs de poivron. Dans le réseau maïs sucré, seulement quelques captures en Chaudière-Appalaches, à Île d’Orléans, au Lac-Saint-Jean et dans le Bas-Saint-Laurent, mais pas de dépassement des seuils d’intervention.
Les maladies bactériennes ont progressé légèrement dans la tomate et le poivron ainsi qu’Alternaria dans la tomate et l’aubergine. De façon générale, la pression des maladies est faible cette année. Dans la tomate, les traitements contre les maladies bactériennes peuvent être combinés ou alternés avec les traitements contre les maladies fongiques. Assurez-vous de vérifier la compatibilité des mélanges.
Mildiou (Phytophthora infestans) : La maladie n’a pas encore été déclarée chez nos voisins du sud et en Ontario, et il n’y a aucun cas de signalé au Québec dans la pomme de terre ou dans la tomate.
Fréquence des traitements
- 5 à 7 jours : Pression élevée de la maladie, temps pluvieux, rosées abondantes
- 7 à 10 jours : Pression modérée de la maladie, temps mitoyen
- 10 à 14 jours : Pression faible de la maladie, temps sec
On commence à observer des cas de verticilliose en champ alors que la maladie s’est manifestée plus tôt dans les abris froids. Cette maladie vasculaire est causée par un champignon de sol, le Verticillium dahliae. Les symptômes vont s’exprimer lorsque les plants sont chargés de jeunes fruits en grossissement, alors que les systèmes vasculaires et racinaires sont fortement sollicités.
Au début, les feuilles du bas du plant prennent une coloration anormalement pâle pour graduellement jaunir et brunir. Les feuilles fanent et le plant entier peut dépérir. Souvent, le jaunissement de la feuille est apparent uniquement sur une des deux moitiés de la feuille, qui est délimitée par la nervure principale. En général, la maladie est concentrée par foyers.
Une gestion optimale de la conduite de la culture peut contribuer à diminuer la pression de la maladie (sol bien irrigué, non compacté et sans zones d’accumulation d’eau, fertilisation adéquate). La seule façon de lutter à long terme contre cette maladie est de favoriser des rotations de 4 ans sans solanacées, cucurbitacées et petits fruits. Toutes ces plantes permettent au champignon de se multiplier, bien que plusieurs d’entre elles soient tolérantes et ne démontrent aucun symptôme apparent d’infection. L’aubergine est la plante la plus sensible au Verticillium, mais il existe des différences de sensibilité variétale.
On rapporte des cas de carence en calcium sur des fruits de poivron et de tomate. Les conditions chaudes et sèches des dernières semaines combinées à des sensibilités variétales et à des lacunes au niveau de l’irrigation ont été favorables à ce désordre. Les symptômes de carence en calcium sont bien visibles environ 2 semaines après que le fruit ait manqué de cet élément.
Au risque de se répéter, l’apport régulier en eau est le facteur clé pour limiter le problème. Les plants ne devraient jamais faner. En règle générale, mieux vaut irriguer plus souvent et moins longtemps que de fournir de grandes quantités d’eau à intervalles espacés. À ce temps-ci de l’année, beaucoup de fruits grossissent en même temps. En l’absence de précipitations, selon le type de sol et la météo, les plantations devraient être irriguées plus ou moins à chaque jour.
Il pourrait s’avérer bénéfique pour votre entreprise de réévaluer la performance du système d’irrigation sur la ferme. Au fil des ans, les épisodes caniculaires et de sécheresse sont de plus en plus marqués et la bonne gestion de l’eau est prioritaire. Consultez un conseiller agricole pour bénéficier du programme Prime-Vert du MAPAQ – Gestion optimale de l’eau d’irrigation.
Que penser des applications additionnelles de calcium? Pour la tomate et le poivron cultivés en plein sol, l’efficacité des apports de calcium par épandage au sol, dans le goutte-à-goutte ou par pulvérisation foliaire pour prévenir la pourriture apicale n’a pas été démontrée. Le calcium pulvérisé sur le feuillage est absorbé par les feuilles où il se fixe et de très petites quantités seulement atteignent le fruit.
La photo suivante illustre des différences de sensibilité variétale à la carence en calcium pour des tomates cultivées dans le même champ avec une gestion comparable : mêmes dates de plantation, fertilisation et irrigation identiques. À noter que l’exploitant de cette entreprise assure un suivi assez optimal de l’irrigation et que très peu de fruits sont affectés par les carences en calcium dans les variétés les plus sensibles.
Pour plus d'information
- Nécrose apicale, OMAFRA : http://www.omafra.gov.on.ca/IPM/french/tomatoes/diseases-and-disorders/blossom-end-rot.html
- Avoiding blossom end rot, Université du Delaware : https://sites.udel.edu/weeklycropupdate/?p=15082
- Carence en calcium, IRIIS phytoprotection : https://www.iriisphytoprotection.qc.ca/Fiche/ProblemeNonParasitaire?imageId=8291
Des dommages de Phytophthora capsici ont été signalés dans des cultures de concombre et de courge en Montérégie, mais aucun collaborateur n’en a observé dans les solanacées. Avec les fortes pluies et la chaleur, la présence d’eau stagnante (en surface ou sol saturé) pendant 24 h est favorable à l’apparition de cette maladie. Lors d’averses abondantes, il est important de faire évacuer l’eau stagnante le plus rapidement possible avec des rigoles d’évacuation de l’eau de pluie vers les fossés et voir à les entretenir, particulièrement dans les champs qui ont un historique de Phytophthora capsici.
Surveillez cette maladie lors de vos dépistages, particulièrement dans les champs avec un historique de Phytophthora capsici et les champs avec des zones ou l’eau à tendance à stagner. Le poivron est particulièrement sensible, mais les tomates et les aubergines peuvent aussi être affectées.
Pour les produits homologués contre Phytophthora capsici dans le poivron, consultez le bulletin d’information Nº 3 du RAP Solanacées.
Dépistage
Dépendamment de la plante-hôte, Phytophthora capsici peut s’attaquer aux racines, au collet, aux tiges, aux feuilles et aux fruits. La maladie se développe en foyer circulaire, ou en rangée dans les champs en plasticulture.
Dans le poivron, deux phases de la maladie sont possibles. Dans la phase vasculaire, les plants matures dans des zones basses ou inondées dépérissent rapidement via les racines. Un noircissement peut être visible à la base des plants.
Dans la phase foliaire, toutes les parties de la plante peuvent développer des zones molles et aqueuses. Les parties de la plante pourront se recouvrir d’un duvet blanc de mycélium. Dans certains cas, le plant peut ne montrer aucun symptôme et les fruits seront contaminés par des éclaboussures d’eau et de sol lors de fortes pluies. L’apparition des symptômes sur le fruit peut prendre de 3 à 6 jours, les fruits pourraient donc montrer des symptômes seulement après la récolte.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |