Conditions climatiques : des températures très estivales avec de rares précipitations. Développement de la culture : semis accélérés et émergence graduelle de la culture. Insectes : activité encore limitée malgré la chaleur en cours. Maladies : conditions météorologiques peu ou non favorables à leur développement. Mauvaises herbes : poursuite de traitements herbicides dans des conditions difficiles.
CONDITIONS CLIMATIQUES
Pour la période du 22 au 28 mai 2020, les températures ont continué à grimper pour largement dépasser les moyennes de saison. Des 30
oC et plus ont été enregistrés dans plusieurs régions et sur plusieurs jours (22, 26, 27 et/ou 28 mai). À l’opposé, quelques nuits très fraîches ont eu lieu en début de période, avec des valeurs aussi basses que -2
oC dans certains secteurs de l’est et du nord (voir le
sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont continué à se faire rares et dispersées, sous la forme d’averses ou orages, plus notables dans des secteurs plus au nord (voir la
carte des précipitations). Pour les 7 prochains jours (29 mai au 4 juin), Environnement Canada annonce des précipitations pour vendredi et samedi, avec des accumulations plus ou moins significatives selon la région. Les températures devraient chuter à partir de samedi à des valeurs sous les moyennes de saison (avec même des risques de gel au sol à nouveau par endroits).
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Les semis ont progressé rapidement en cours de période à la faveur du temps chaud et sec. Cependant, on observe des écarts entre les producteurs d’une même région. Il reste encore de bonnes superficies à implanter dans les régions de l’est et du nord, mais les producteurs sont optimistes et pensent terminer le tout prochainement. La
température du sol (tôt le matin) a progressé rapidement, ayant augmenté de 5 à 7
oC depuis les sept derniers jours et elle atteint des valeurs élevées pour la date. Cependant, le manque d’humidité dans certains sols a un peu ralenti l’émergence et le développement de la culture par endroits, mais le tout demeure bon quand même. Les collaborateurs ne mentionnent pas vraiment de retard dans les plantations malgré la première moitié froide du mois de mai. La pratique de l’irrigation a déjà débuté dans certaines régions (ex. : Lanaudière) ayant comme objectif de diminuer le phénomène d’abrasion par le vent, sur de jeunes plantules, en terrain sableux, et de favoriser une levée plus égale.
État d'avancement des semis pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP (en date du 28 mai 2020)
Régions |
Superficies
ensemencées |
Stade de la culture
(primeur) |
Montérégie-ouest et Montérégie-est |
90 à 100 % |
5-15 cm |
Outaouais |
20 à 100 % |
Levée |
Lanaudière |
100 % |
5-15 cm |
Centre-du-Québec, Mauricie, Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches |
30 à 100 % |
0-10 cm |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Abitibi-Témiscamingue |
40 à 80 % |
Germination |
INSECTES
Malgré la forte chaleur en cours, les collaborateurs rapportent présentement qu’une faible activité des adultes du
doryphore dans les régions allant de Québec vers l’ouest, les observations étant limitées à quelques bordures de champs. Aucune ponte n’a été observée. Les conditions sèches du sol ne semblent pas favorables à la sortie des adultes de ce bio-agresseur, mais la venue de précipitations et/ou la pratique de l’irrigation les stimulera davantage. Le dépistage doit donc débuter au cours des prochains jours. Concernant la
cicadelle de la pomme de terre (CPT), les premières données en provenance du réseau provincial de piégeage étaient encore en compilation au moment de rédiger ce document et elles seront disponibles la semaine prochaine. On peut cependant mentionner un début de captures en Montérégie et en Capitale-Nationale, mais à une faible intensité pour le moment.
MALADIES
Aucun cas (anormal) de
pourritures de plantons n’a été signalé par les collaborateurs du RAP. C’est le même constat du côté du
rhizoctone brun sur des tiges ou des germes dans le sol. Cette situation peut s’expliquer par les conditions généralement sèches des sols et/ou en lien avec des semis plus tardifs par endroits. Du côté du
mildiou de la pomme de terre, la lutte préventive doit débuter dès maintenant, même si le temps est sec, par une bonne gestion des tas de déchets (rebuts) et des repousses (volontaires) de plants de pommes de terre. Cette gestion est obligatoire au Québec et cette pratique est encadrée par l’article 5 du
Règlement sur la culture de pommes de terre qui stipule que « entre le début de la levée et le défanage complet des plants de toute culture de pommes de terre, le propriétaire ou le gardien doit, de manière à éviter la propagation du mildiou, éliminer les rebuts de pommes de terre ou les garder dans un endroit fermé ou sous une bâche ». Un
bulletin d’information a récemment été publié sur le sujet, et vous pouvez le consulter pour en savoir davantage sur les pratiques recommandées pour la gestion des rebuts de pommes de terre.
Plantule de mauvaises herbes dans un champ en pommes de terre
Photo : Philippe-Antoine Taillon, agr. (MAPAQ)
Capitale-Nationale, 28 mai 2020
MAUVAISES HERBES
Des collaborateurs de plusieurs régions rapportent des populations élevées de plantules de différentes espèces d’adventives (voir photo). Les conditions climatiques sèches, ensoleillées et parfois venteuses compliquent leur contrôle en situation de prélevée de la culture, en raison de l’absence d’une humidité nécessaire à l’activation du ou des produits phytosanitaires utilisés. Les précipitations annoncées pour aujourd’hui et demain devraient cependant aider. Étannt donné la réévaluation en cours à Santé Canada concernant le maintien de l'homologation de la matière active linuron (particulièrement en lien avec les risques très élevés pour la santé), des essais d'autres matières actives peuvent être envisagés par des producteurs. Selon les types de mauvaises herbes dépistées dans les champs, la texture du sol, le cultivar et la régie de production, des alternatives peuvent être proposées par des conseillers agricoles, en plus des informations incluses dans des guides comme la
Publication 75F du MAAARO. Il est bon de rappeler qu'un bon sarclage mécanique, suivi d'un buttage bien fait, est aussi une bonne méthode de contrôle des mauvaises herbes.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.