Croissance : le développement de la vigne progresse à la vitesse grand V. Météo : chaleur accablante et humidité, attention à la phytotoxicité! Maladies présentes et à surveiller avant la pluie. Insectes présents et ceux à venir. Mauvaises herbes : excellentes conditions pour le désherbage mécanique.
Le développement foliaire a explosé avec des accumulations semblables à certaines semaines de l'été dernier. Sur les sites les plus chauds de la Montérégie, le stade EL09 (4 à 5 feuilles déployées) a été vu sur les cépages Frontenac rouge, Maréchal Foch et Marquette. Les belles conditions météo annoncées devraient encore permettre l'accélération du développement des vignes, mais aussi celle des mauvaises herbes et autres indésirables.
Pour un aperçu de l’évolution régionale des degrés-jours, vous pouvez consulter le document disponible sur la page Vigne et vin du site Web Agri-Réseau. De plus, nous vous invitons à consulter le site Web Agrométéo Québec pour un visuel provincial de l'état du développement des cépages à débourrement hâtif et semi-tardif, ainsi que d'autres modèles bioclimatiques sur la vigne.
MALADIES
Avec les conditions estivales des derniers jours, les symptômes de maladies pourraient apparaître rapidement sur le feuillage si les conditions pour leur développement sont présentes. Voici les observations rapportées par les collaborateurs du réseau :
- Anthracnose (bois) : Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Excoriose (bois) : Lanaudière, Mauricie, Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Blanc (bois) : Montérégie-Est
Mildiou
Pour les cépages sensibles ou les parcelles avec un historique de mildiou, les traitements devraient être faits en prévention avant le développement de la maladie, ou lorsque des conditions favorables sont prévues :
- Température entre 18 et 25 °C
- Pluie
- Du débourrement jusqu’à la nouaison (EL03 à EL27)
Les champignons qui causent le mildiou ont le potentiel de produire plusieurs cycles d’infection-sporulation. La stratégie de lutte optimale vise donc à bien maîtriser les infections primaires du printemps, à partir du débourrement des vignes, de façon à éviter leur propagation, et ensuite réduire les traitements après la nouaison.
Les premiers symptômes du mildiou sont souvent observés sur des pampres près du sol. On observe aussi des décolorations jaunâtres plus ou moins circulaires sur les feuilles, qu’on appelle « taches d’huile ». Si l’infection n’est pas contrôlée, un duvet blanc (fructification du champignon) se développe ensuite sur la face inférieure des feuilles.
Blanc
Les stades à risque vont de 4 à 5 feuilles déployées (EL12) jusqu’à la véraison (EL35). Les traitements contre le blanc peuvent être faits en prévention dès les premiers signes de la maladie, en pré et postfloraison. La maladie peut toucher toutes les parties des plants : feuilles, tiges, vrilles et fruits. Les premiers symptômes pourraient être visibles dès la floraison, principalement dans les secteurs ombragés du vignoble.
Si aucun traitement préventif n’a été fait, surveillez vos vignes pour détecter les premiers symptômes (décolorations jaunes sur les feuilles suivies de taches blanc grisâtre et poudreuses très fines) sur les cépages moyennement sensibles (Seyval, Vandal-Cliche et De Chaunac) et très sensibles (Chancelor, Chardonnay, Riesling et Geisenhein 318), et pour pouvoir intervenir au bon moment.
INSECTES
Les collaborateurs du réseau mentionnent la présence de quelques insectes et acariens :
- Calepitrimerus vitis (acarien causant l'acariose de la vigne) : Montérégie-Est
- Ériophyide de la vigne (acarien causant l'érinose) : Montérégie-Est
- Altise de la vigne : Capitale-Nationale, Lanaudière, Montérégie-Est, Montérégie-Ouest
- Phylloxéra : apparition des 1res galles en Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Ptérophore de la vigne : Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
L’installation de pièges à phéromone à partir de la fin mai permet de surveiller la sortie des adultes et de bien cibler le pic des captures des différentes générations.
La confusion sexuelle pour lutter contre la tordeuse de la vigne est peu ou pas utilisée au Québec, mais présente en Ontario, avec la phéromone ISOMATE GBM. Cette méthode de lutte est une alternative aux applications d’insecticides. Toutefois, plusieurs conditions doivent être présentes pour une bonne efficacité de l'intervention. Par exemple, les diffuseurs doivent être installés avant l’émergence des papillons au printemps, soit vers le 1er juin sur les sites les plus chauds de la province.
Pour plus d’information, parlez-en à votre conseiller, car cette technique demande certaines conditions (pression du ravageur, superficie, etc.) pour assurer son succès.
MISES EN GARDE
Avant d'appliquer différents produits antiparasitaires, qu'ils soient biologiques ou conventionnels, relire les mises en garde de l'avertissement de la semaine dernière.
OPÉRATIONS CULTURALES
Certaines opérations culturales, tels l'épamprage et l'ébourgeonnage, pratiquées au stade « 1 à 2 feuilles déployées » optimiseront l’aération des plants et diminueront ainsi l'incidence des maladies.
FERTILISATION AU SOL et FOLIAIRE
Avec le développement accéléré de la végétation, surveillez les symptômes associés à la carence en Mg qui se manifeste par un rougissement sur les cépages rouges et par un jaunissement entre les nervures des feuilles sur les cépages blancs. Les surfaces atteintes se nécrosent par la suite.
Les symptômes apparaissent d'abord sur les feuilles les plus âgées et s'étendent vers le sommet des rameaux. Le cépage Frontenac est particulièrement sensible à cette carence. Lorsque les symptômes apparaissent avant la floraison, on peut soupçonner une carence sévère qui pourrait engendrer des baisses de rendement.
Le bore favorise pour sa part la fécondation des fleurs et la nouaison. Une bonne alimentation en bore réduit les risques de coulure et de millerandage. Étant donné que le bore est peu mobile dans les plantes, on recommande généralement 2 à 3 applications foliaires avant la nouaison.
C’est le moment d'appliquer les engrais au sol ou en foliaire, selon les besoins de la vigne et l’analyse de sol. Il existe de nombreux fertilisants foliaires, dont plusieurs sont acceptés en agriculture biologique.
Pour plus d'information, cliquer sur ces références.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Karine Bergeron, agronome, et Evelyne Barriault, agronome (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du réseau Vigne ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.