Le Guide des principaux arthropodes des vignobles de l’Est du Canada, publication d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), est disponible en version électronique en français et en anglais.
Malgré le réchauffement des derniers jours, le début de la saison 2019 demeure très en retard par rapport aux autres années en ce qui concerne l’accumulation de degrés-jours pour le développement de la vigne. Consultez ce tableau pour visualiser les différences annuelles qui, selon les années, sont plus du double.
Sur les sites les plus chauds de la Montérégie, le stade « boutons floraux » (EL17) est atteint pour quelques cépages (Frontenac rouge et Marquette).
Pour un aperçu de l’évolution régionale des degrés-jours, vous pouvez consulter le document disponible sur le site Web Vigne et vin d’Agri-Réseau.
Consultez Agrométéo Québec pour un visuel provincial de l'état d'avancement du développement des cépages à débourrement hâtif et semi-tardif ainsi que d'autres modèles bioclimatiques sur la vigne.
Quelques symptômes de maladies rapportés par les collaborateurs :
- Anthracnose : partout
- Excoriose : Laurentides, Montréal-Laval-Lanaudière, Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Pourriture noire : Laurentides, Montréal-Laval-Lanaudière, Mauricie, Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Mildiou : Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
La floraison (EL19 à EL21) débutera prochainement dans les secteurs les plus chauds. Il s’agit d’un stade critique où les traitements fongiques de protection sont souvent nécessaires pour protéger la récolte contre la majorité des maladies (anthracnose, mildiou , blanc, pourriture noire et pourriture grise).
Si vous avez un historique de dommages ou des cépages sensibles aux différentes maladies, la protection avant les périodes pluvieuses ou de croissance active est importante dès le stade pousse verte (EL06). Consultez le document Gestion raisonnée des principales maladies de la vigne au Québec pour savoir quand intervenir et le Guide d’identification des principales maladies de la vigne pour savoir comment dépister celles-ci.
Les traitements insecticides devraient toutefois être reportés après la floraison afin de protéger les travailleurs « bon marché » que sont les différents auxiliaires (insectes, acariens et parasitoïdes) à l’œuvre dans vos vignobles. Pour l’instant, les traitements insecticides sont rarement nécessaires pour maîtriser les insectes dans les vignobles du Québec. Il est important de justifier chaque intervention afin de préserver l’équilibre entre les ravageurs et les insectes utiles. Des traitements de bordures ou localisés sont possibles dans certains cas. Discutez-en avec votre conseiller afin de déterminer quelle sera la meilleure stratégie à adopter.
La floraison est le stade où il faut porter une attention particulière pour la prévention des maladies telles que le blanc et la pourriture grise (Botrytis). En effet, plusieurs produits systémiques (attention à la résistance!) peuvent être appliqués à partir de ce moment. Les produits protectants doivent être appliqués en prévention lorsque les conditions sont propices au développement de la maladie. Intervenez en fonction des conditions météo, de la sensibilité des cépages aux maladies présentes dans votre vignoble et de vos antécédents. Pour le blanc, les traitements faits tôt en saison le sont principalement sur les cépages très sensibles tels les Pinots, les Cabernets, le Seyval, etc. Ces cépages sont aussi considérés comme très sensibles à la pourriture grise.
Plusieurs fongicides utilisés dans les programmes pour la protection de la vigne présentent des risques élevés pour le développement de la résistance. Il faut donc travailler le plus possible en PRÉVENTION avec des produits de contact (protectants).
De plus, lors d’une période de développement foliaire intense, les traitements sont à renouveler fréquemment afin de protéger les nouvelles feuilles et pousses. Afin de prévenir la résistance aux fongicides, assurez-vous de faire une rotation des matières actives (groupes chimiques) utilisées. Pour vous aider à choisir, consultez votre conseiller et SAgE pesticides.
Si vous devez intervenir avec un insecticide, faites-le de préférence avec des produits dont les IRE sont faibles et lors de périodes pendant lesquelles les pollinisateurs, dont les abeilles, sont peu actifs : en soirée, par temps nuageux, etc.
Malgré les quelques mentions d'insectes présents, ceux-ci sont en très faible pression. Des rappels et des descriptions de ce qui a été observé par les collaborateuurs du RAP Vigne au cours de la dernière semaine :
- Acariose : Montérégie-Est, Montérégie-Ouest, Chaudière-Appalaches et Estrie
- Érinose : Capitale-Nationale, Laurentides, Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Altise de la vigne : Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches et Montérégie-Est
- Phylloxéra : partout
- Cécidomyie : Laurentides, Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Complexe des cicadelles : Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, Laurentides, Montréal-Laval-Lanaudière, Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
- Ptérophore de la vigne : Montérégie-Est et Montérégie-Ouest
Pour plus d’information sur l’acariose, l’érinose, l’altise de la vigne, le phylloxéra, le scarabée du rosier ainsi que la tordeuse de la vigne, consultez ou relisez l'avertissement N° 3 du 7 juin et l'avertissement N °4 du 13 juin.
Phylloxéra
Ce puceron produit environ 5 générations par année. Il forme des galles sur le feuillage à l’intérieur desquelles ses œufs sont protégés. Lorsqu’ils sont nécessaires, les traitements insecticides doivent viser les larves de la 2e génération, et ce, dès l’ouverture des galles. Sinon, les générations futures se chevaucheront et il sera plus difficile d’intervenir efficacement.
Voici un estimé du moment de l’ouverture des premières galles de phylloxéra :
- Montérégie-Ouest : 21 juin
- Montérégie-Est, secteur Rougemont : 21 juin
- Montérégie-Est, secteur de Missisquoi : 24 juin
- Laurentides : 24 juin
Nous vous recommandons de dépister régulièrement les parcelles de votre vignoble dans lesquelles vous avez eu des infestations de Phylloxera les années précédentes. L’insecticide CLUTCH peut être utilisé pour lutter contre le phylloxéra. Rappelez-vous que ce produit nécessite maintenant une justification et une prescription agronomiques pour pouvoir être acheté et appliqué. De plus, ces informations devront être inscrites dans votre registre.
Ptérophore de la vigne (Pterophorus periscelidactylus)
Les adultes de cet insecte pondent leurs œufs tôt au printemps, avant la floraison des vignes. Lorsque les œufs éclosent, les jeunes larves se nourrissent des feuilles terminales, mais n’affectent pas les fruits. Les dommages sont généralement marginaux, concentrés dans les pourtours des vignobles près des boisés et de faible importance économique. Il n’existe aucun seuil d’intervention contre cet insecte ni aucun insecticide homologué.
Cécidomyie gallicole de la vigne (Anetiella brevicauda)
Cette espèce produit d'une à trois générations par année. Au printemps, les femelles fécondées déposent leurs oeufs sur les jeunes pousses de vigne près du sol. Les oeufs éclosent environ une semaine plus tard et les jeunes larves commencent à s'alimenter rapidement, ce qui provoque la formation d'une galle.
La présence des galles causées par cet insecte est fréquemment observée dans les vignobles. La cécidomyie n'est cependant pas considérée comme étant un ravageur d'importance, puisque les populations n'atteignent généralement pas des niveaux suffisants pour engendrer des pertes de rendements. Vous pouvez consultez le bulletin d'information Les ravageurs gallicoles de la vigne au Québec.
Plusieurs espèces peuvent être présentes dans les vignobles à cette période : la cicadelle à trois bandes, la cicadelle de la vigne et la cicadelle du raisin. Ensemble, elles forment ce qu’on appelle le « complexe de cicadelles ». Les larves seront présentes de la mi-juin à la fin août (5 stades larvaires).
Les dommages causés par ces cicadelles sont principalement situés sur les feuilles basses alors que les piqûres sont visibles le long des nervures. Lors de fortes infestations, cet insecte peut causer une défoliation des plants de vigne et affecter la qualité et le calibre des fruits. Des symptômes de jaunissement en bordure du feuillage peuvent ressembler aux dommages causés par une autre espèce. Certaines espèces sont aussi connues pour être un vecteur connu de la flavescence dorée, un type de jaunisse de la vigne réglementé par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA).
En Ontario, le seuil d’intervention proposé pour le complexe de cicadelles est de 50 % des tiges avec des dommages sur les feuilles médianes.
Plusieurs produits sont homologués pour lutter contre les cicadelles, dont des produits biologiques. La plupart de ces produits (même les bios) sont très toxiques pour les abeilles. Il est important d’en tenir compte si vous avez atteint le seuil d’intervention et que vous souhaitez appliquer un traitement. Appliquez le produit en soirée. Ne l’appliquez pas durant la floraison des vignes ou d’autres fleurs présentes dans le vignoble. Pour connaître la liste des produits à utiliser, consultez SAgE pesticides.
Les insecticides CLUTCH et ADMIRE peuvent être utilisés pour lutter contre les cicadelles.
Rappelez-vous que ces produits nécessitent maintenant une justification et une prescription agronomiques pour pouvoir être achetés et appliqués. De plus, ces informations devront être inscrites dans votre registre.
La période qui entoure la floraison est également une période critique pour la nutrition des vignes. Le bore et le magnésium sont des éléments particulièrement importants qui peuvent nécessiter des applications d’engrais foliaire dans plusieurs situations.
L'analyse foliaire effectuée durant la floraison est un excellent moyen pour détecter les carences en éléments nutritifs. Vous pouvez ensuite consulter votre conseiller viticole pour savoir comment les interpréter et corriger la situation au besoin. Pour savoir comment prélever vos échantillons, vous pouvez consulter le bulletin d'information L'ABC des analyses foliaires.
Les collaborateurs du réseau (Montérégie-Est, Montérégie-Ouest, Montréal-Laval-Lanaudière et Chaudière-Appalaches) mentionnent que certaines carences sont déjà visibles, dont celle en magnésium (sur le cépage Frontenac rouge principalement) qui se manifeste par un rougissement sur les cépages rouges et par un jaunissement entre les nervures des feuilles sur les cépages blancs. Les surfaces atteintes se nécrosent par la suite.
Les symptômes apparaissent d'abord sur les feuilles les plus âgées et s'étendent vers le sommet des rameaux. Le cépage Frontenac est particulièrement sensible à cette carence. Lorsque les symptômes apparaissent avant la floraison, on peut soupçonner une carence sévère qui pourrait engendrer des baisses de rendement.
Toutefois, la carence en magnésium n'affecte pas toujours le rendement, mais peut réduire la qualité de fruits. En effet, le magnésium est l’élément central de la molécule de chlorophylle qui joue un rôle important dans la photosynthèse. Une carence sévère et persistante réduit la formation de la chlorophylle et nuit à la synthèse des sucres et des protéines.
Le bore favorise pour sa part la fécondation des fleurs et la nouaison. Une bonne alimentation en bore réduit les risques de coulure et de millerandage. Étant donné que le bore est peu mobile dans les plantes, on recommande généralement 2 à 3 applications foliaires avant la nouaison.
Il existe de nombreux fertilisants foliaires, dont plusieurs sont acceptés en agriculture biologique.
Pour plus d’information sur la façon de prélever et envoyer les échantillons, revoyez l’avertissement N° 4 du 13 juin 2019.
Pour la vigne, si une carence est suspectée, il est recommandé de faire une analyse foliaire (feuilles et pétioles) généralement de la fin de la floraison au début de la nouaison.
La plantation des nouvelles parcelles de vigne serait à terminer d’ici la fin juin.
La conduite des vignes (taillées et attachées) est à vérifier régulièrement afin de maintenir une bonne aération des plants. Ces simples actions contribueront à diminuer l’humidité qui est une condition favorable au développement de plusieurs maladies et pourront vous faire épargner des applications de fongicides.
L’adoption de bonnes pratiques culturales dès les premières années suivant la plantation de la vigne rendra les travaux d’autant plus faciles lors des saisons subséquentes.
Consultez le chapitre 2 du Guide de bonnes pratiques en viticulture pour en savoir plus sur ces opérations culturales.
La semaine dernière, nous avons eu la chance d’accueillir Richard Smart, Ph. D., qui a donné des conférences et des ateliers très inspirants sur la conduite des vignes. En tournée avec lui dans plusieurs vignobles du Québec, nous avons repéré plusieurs vignes qui souffraient de dépérissement et présentaient des symptômes de maladies de bois. Des échantillons de bois ont été prélevés et envoyés au Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) pour la détection de maladies de bois. Ces symptômes sont souvent confondus avec des stress abiotiques, dont le gel hivernal.
Bien que ces stress affaiblissent les vignes, la véritable cause de la mort des ceps pourrait être les maladies de bois. Le Dr Smart a donné plusieurs conseils pour prévenir la propagation des maladies de bois et limiter leurs impacts dans nos vignobles. Le renouvellement des troncs et la protection des plaies de taille sont les principales mesures à mettre en place.
Un résumé de ses conférences sera publié prochainement dans un bulletin d'information et ses présentations seront déposées sur le site Agri-Réseau Vigne et Vin.
Dr Smart en compagnie des organisateurs de l’événement (de gauche à droite) : Daniel Lalande, Caroline Provost, Evelyne Barriault, Richard Smart, Gaëlle Dubé et Yvan Quirion
Evelyne Barriault (MAPAQ)
Pour plus d'information
- Affiche de production fruitière intégrée pour la vigne
- Bien préparer votre pulvérisateur
- Bulletin d'information Spécial phytoprotection bio
- Formulaire pour une demande d’analyse au laboratoire
- Webinaire Protégez vos cultures, protégez votre santé
Cet avertissement a été rédigé par Karine Bergeron, agronome, et Evelyne Barriault, agronome (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du réseau Vigne ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.