PRÉSENCE DE CICADELLES DANS LES SITES SUIVIS PAR LE RAP
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM) et Julien Saguez, entomologiste (CÉROM)
Compte tenu de la présence accrue de la cicadelle de la pomme de terre et de l’impact que cet insecte peut avoir sur le rendement et la qualité du fourrage, le dépistage de ce ravageur a été rajouté, en 2021, aux suivis réalisés par le RAP Grandes cultures. Cette semaine, la cicadelle est présente dans 11 des 14 champs dépistés au Québec. Ces 11 champs sont situés dans les régions suivantes : Centre-du-Québec, Estrie, Laurentides, Mauricie, Montérégie et Outaouais. Les populations sont faibles, bien en dessous du seuil, mais comme plusieurs de ces champs ont récemment été fauchés, ce faible niveau pourrait être attribuable à l’effet de cette coupe. Deux luzernières en implantation en Estrie présentent des niveaux plus élevés et s’approchaient du seuil d’intervention.
Un dépistage est donc recommandé, en particulier dans leurs luzernières en implantation, et ce, avant de voir des symptômes apparaître. Le dépistage des insectes devrait se faire tous les cinq à sept jours. Le suivi pourrait être nécessaire jusqu’à la mi-août, moment où les cicadelles réduisent leurs activités.
Dépendamment du niveau des populations de l’insecte (déterminé par un dépistage avec un filet fauchoir), du stade et de la hauteur de la luzerne, la meilleure stratégie pourrait être de devancer la coupe et de surveiller les populations par la suite, par d’autres dépistages. Pour en savoir plus sur la biologie de l’insecte, comment le dépister et les stratégies d’intervention, référez-vous à la fiche technique La cicadelle de la pomme de terre dans la luzerne.
Certaines variétés de luzerne offrent une certaine tolérance face à l’insecte grâce à la présence de poils sur les feuilles. Ces poils sont moins développés lors de l’année de l’implantation. De plus, en cas de fortes infestations, ces variétés peuvent tout de même subir des pertes de rendement. Toutefois, les luzernières tolérantes pourraient supporter jusqu’à quatre fois plus de cicadelles.
PUNAISE BRUNE : CAS RAPPORTÉS DANS DES CHAMPS DE MAÏS
Brigitte Duval, agr. (MAPAQ)
Des plants de maïs endommagés par la punaise brune ont été observés, cette semaine, dans certains champs, notamment au Centre-du-Québec et en Montérégie. Dans la majorité des cas, le pourcentage de plants affectés dans les champs est faible. En se nourrissant, cet insecte provoque des trous et des anomalies de croissance par les enzymes digestives qu’il injecte à la culture. Les risques de dommages au maïs sont plus élevés lorsque les conditions ont été favorables à la survie hivernale de l’insecte : hiver doux, semis direct et utilisation de cultures de couverture d’hiver. Les risques sont aussi plus élevés si le semis n’était pas assez profond ou que le sillon de semis est resté ouvert. Pour plus d’information, consultez la fiche technique Punaise brune.
Brigitte Duval, agr. (MAPAQ) et Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)
La mouche de Hesse est un ravageur occasionnel du blé au Québec qui peut, dans certains cas, causer des dommages importants. Tant le blé d’automne que le blé de printemps peuvent être atteints. Il est possible d’observer la mouche de Hesse (larves et pupes) ainsi que ses dommages sur le blé à différents stades, mais les stades « fin tallage » et « montaison » sont idéaux. Les symptômes sont : plants de couleur foncée (vert bleuté), feuilles plus épaisses, absence de montaison (voir la photo ci-dessous), peuplement clairsemé, etc. (Photo 1). Pour confirmer qu’il s’agit bien d’un dommage de mouche de Hesse, soulevez délicatement les plants de blé à l’aide d’une pelle et séparez les gaines foliaires des tiges afin de trouver les larves (blanches; très peu mobiles) ou les pupes (qui ressemblent à des graines de lin) à la base des plants (Figure 2A). Notez que les larves et les pupes de mouche de Hesse ne seront pas observées à l’intérieur de la tige, mais bien à l’extérieur de celle-ci.
Jusqu’à maintenant, 29 champs de blé suivis par le Réseau ont fait l’objet d’un dépistage de la mouche de Hesse. Cette dernière était présente dans 9 champs, mais c’est surtout la présence d’un autre insecte, Chaetocnema hortensis, qui a été observée par les dépisteurs. Des larves de C. hortensis ont été trouvées en grand nombre dans des champs situés en Mauricie, dans les Laurentides et en Estrie. Des plants affectés par cet insecte présentaient les mêmes symptômes que ceux attribués à la mouche de Hesse. L'année 2020 était la première année où C. hortensis a été remarqué par les dépisteurs du réseau. Présente dans plusieurs régions du Québec, elle avait même grandement affecté un champ en Estrie. Les larves peuvent s’alimenter à l’intérieur des tiges, et les adultes se nourrissent des feuilles de plusieurs céréales et autres graminées. Pour l’instant, il existe très peu d’informations sur cet insecte en tant que ravageur des céréales, et encore moins sur les stratégies d’intervention.
Un autre insecte ravageur du blé, l’oscinie des céréales, peut aussi causer des peuplements inégaux et clairsemés de céréales. Les larves seront observées à l’intérieur des tiges de blé. Jusqu’à maintenant, en 2021, cet insecte n’a pas été observé, mais le dépistage se poursuit, et le RAP vous tiendra informé(e). En 2020, deux champs endommagés par ce ravageur, un situé à La Pocatière (Bas-Saint-Laurent) et l’autre à Saint-Charles-de-Bellechasse, avaient été signalés en juillet.
L’oscinie des céréales hiverne sous forme de larve presque mature. Les adultes émergent en mai ou juin et, une dizaine de jours plus tard, les femelles pondent sur des graminées, de préférence le blé ou l’orge. Les larves se développent dans la tige de la céréale et aux points de croissance, provoquant le jaunissement et le flétrissement des tiges (Photo 6). Une seconde génération d’adultes est présente de la fin du mois de juillet jusqu’en septembre. Comme l'oscinie des céréales est rarement rapportée au Québec, on en connaît peu sur les moyens de prévention et de lutte.
ROUILLE JAUNE : PREMIÈRE OBSERVATION RAPPORTÉE
Groupe de travail du RAP sur les maladies des grandes cultures
Des taches de rouille jaune dans du blé d’automne ont été observées le 8 juin, à Saint-Anicet, lors du dépistage d’un champ suivi par le RAP Grandes cultures. Il s’agissait de symptômes de faible intensité et associés au début du développement de la maladie. Les symptômes ont été observés seulement dans une section du champ. Pour le moment, il s’agit du seul cas rapporté au RAP Grandes cultures parmi les champs de céréales dépistés. Compte tenu de ce premier cas et du fait que la rouille jaune est actuellement observée aux États-Unis, les producteurs sont invités à commencer une surveillance de cette maladie dans leurs champs de blé. À partir du moment où la rouille jaune est détectée dans un champ, la fréquence de dépistage devrait être soutenue, au moins deux fois par semaine, afin de pouvoir intervenir rapidement si le seuil d’intervention est atteint. Des températures entre 10 et 15 °C, souvent observées à ce moment-ci de l’année la nuit, sont optimales pour le développement de la maladie.
Pour en savoir plus, veuillez consulter le bulletin d’information Nº 2 du 12 juin 2018 sur la rouille jaune.
Deux cas de charbon ont été rapportés dans des champs en céréales d’automne, un cas en régie biologique, en Montérégie-Est, et l’autre en culture conventionnelle, au Centre-du-Québec. Le champignon produit une masse de spores noires très visible qui prend la place des fleurs et des grains (Photo 8). Cette maladie fongique provient généralement de semences infectées et apparaît à la floraison de la céréale. Les spores présentes pourront infecter les fleurs des épis voisins et, conséquemment, les grains qui seront récoltés. La maladie n’affecte cependant pas la qualité ni l’innocuité alimentaire des grains. Par contre, la présence de charbon peut causer un problème si les grains contaminés sont utilisés comme semences. Référez-vous à la fiche Iriis phytoprotection pour plus de détails.
CÉCIDOMYIE DU CHOU-FLEUR DANS LE CANOLA : ÉTAT DE LA SITUATION
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Hélène Brassard, agr. (MAPAQ) et Sébastien Boquel, entomologiste (CÉROM)
En cas d’infestation sévère, la cécidomyie du chou-fleur peut causer l’arrêt de l’élongation de la tige risquant ainsi d’augmenter le délai de maturité avant la récolte. Ce sont surtout les champs semés tardivement qui sont les plus à risque. Toutefois, la grande capacité de compensation du canola peut réduire l’impact sur le rendement, même en présence de populations abondantes.
Cette année, 30 champs de canola, à travers la province, font l’objet du suivi de la cécidomyie du chou-fleur (9 en Abitibi-Témiscamingue, 9 au Saguenay–Lac-Saint-Jean, 7 au Bas-Saint-Laurent, 3 en Chaudière-Appalaches et 2 en Capitale-Nationale). Les premiers résultats de captures sont maintenant disponibles pour la plupart de ces sites. De façon générale, les sites suivis en Abitibi-Témiscamingue présentent les populations les plus élevées, suivis des champs au Saguenay–Lac-Saint-Jean, puis de ceux en Chaudière-Appalaches. Les captures jusqu’à maintenant sont plutôt faibles au Bas-Saint-Laurent et en Capitale-Nationale. Le quart des sites présentant des captures élevées seraient à surveiller plus attentivement. Par ailleurs, comme les stades « fin rosette » et « élongation » sont les plus sensibles aux dommages causés par les larves de cécidomyie et que la majorité des champs sont à ces stades, il est recommandé d’être vigilant et de suivre attentivement les populations.
Depuis le début du suivi de cet insecte par le RAP, on constate que les captures peuvent être très variables d’un champ à l’autre, même au sein d’une même municipalité. La meilleure façon d’évaluer le risque pour un champ donné est de dépister l’insecte à l’aide de pièges à phéromone. Pour limiter les coûts associés au dépistage, il est possible de limiter le piégeage à la période où le canola est le plus à risque, c’est-à-dire du stade « 3 à 4 feuilles » (stades BBCH 13-14) jusqu’à la fin de l’élongation de la tige principale (stade BBCH 59). Il peut y avoir jusqu’à 4 pics de captures d’adultes par année, et les dommages peuvent être observés de 5 à 10 jours après ces pics.
Pour en savoir davantage sur l’installation des pièges à phéromone, l’identification et les stratégies à adopter pour surveiller ce ravageur, consultez la fiche technique La cécidomyie du chou-fleur.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |