31 mars 2023
Déballer ou ne pas déballer, telle est la question!
À chaque printemps, c’est inévitable, avec le début de la fonte des neiges vient l’envie irrépressible de démarrer la saison apicole. Après un repos apicole de plusieurs mois, l’apiculteur canadien (lire ici avec la voix de Charles Tisseyre) ressent l’excitation de la première piqûre, l’impatience du premier envol, la chaleur de la première gorgée de miel, bref, il veut déballer ses ruches! Il faut cependant résister à cette envie pressante (du moins, quelques temps encore!) et attendre le bon moment pour déballer les ruches (ou les sortir du caveau), mais SURTOUT, attendre le bon moment pour les ouvrir!
Les conditions de déballage ou de sortie du caveau
Les printemps nord-américains sont comme le lapin de Pâques : pleins de rebondissements. Il peut annoncer plusieurs jours de beau temps, puis une vague de froid et une nouvelle bordée de neige. Il est donc judicieux d’attendre que la température soit plus stable avant de déballer les ruches ou de les sortir du caveau. Un refroidissement soudain après leur sortie pourrait entraîner un arrêt de ponte et un ralentissement du développement de la colonie, surtout dans des conditions où les ressources florales extérieures sont peu abondantes. On peut donc commencer à déballer les ruches lorsque la météo annonce plusieurs jours consécutifs de températures au-dessus de 5 à 10°C pendant le jour, avec des températures de nuit au-dessus de 0°C. On veut également que la neige soit majoritairement fondue autour des ruches. Il est aussi possible d’enlever une partie de la neige pour accélérer la fonte. Enfin, si on doit se rendre au rucher avec des véhicules, on veut que le sol soit complètement sec ou encore gelé, afin d’éviter de s’enliser.
En général, le bon moment pour déballer ou pour sortir les ruches est environ vers la fin mars pour les régions le plus au sud du Québec (Montérégie et Montréal), vers la mi-avril pour la région de Québec et les latitudes similaires (Centre-du-Québec, Mauricie) et vers la fin avril/début mai (voir plus tard, selon la météo) pour les régions plus au nord. L’idéal est de rédiger un journal des dates de sortie des ruches ou de leur déballage et des températures de notre région et s’y référer en cas de doute.
Ouvrir sa ruche pour la sauver?
Au printemps, chaque apiculteur est impatient de savoir si sa colonie a survécu à l’hiver. Il est donc tenté de l’ouvrir pour aller voir. C’est vraiment ici que c’est important d’attendre le moment propice. L’objectif est de permettre à la grappe d’abeilles de restée formée et de conserver sa chaleur. Il existe quelques façons d’observer s’il y a encore de l’activité dans les hausses, et ce, sans déranger les abeilles :
- Approcher son oreille de l’entrée et écouter attentivement s’il y a un bourdonnement;
- Toucher l’extérieur des hausses à main nue pour sentir la chaleur dégagée par les abeilles;
- Pour les ruches hivernées à l’extérieur, observer si la neige a fondu tout autour des ruches (ce n’est pas nécessairement un indicateur fiable à lui seul, étant donné que les abeilles peuvent avoir fait fondre la neige par leur chaleur plus tôt dans l’hiver, mais ne pas être vivantes au moment de l’observation);
- Observer s’il y a de l’activité à l’entrée (abeilles qui sortent des cadavres, butineuses qui reviennent avec des pelotes de pollen, etc.)
Apport d'un nourrissage d'appoint au besoin
Par contre, avec l’automne tardif et chaud de la saison 2022 (voir chronique No 21 du 11 novembre 2022), il est possible que la colonie ait consommé davantage de sucre qu’à l’habitude pendant l’automne et l’hiver et qu’un nourrissage d’appoint soit nécessaire bientôt. Pour évaluer rapidement si les réserves sont suffisantes, il suffit de soupeser la ruche en la soulevant par l’un des côté (ça peut être difficile à faire si les ruches sont emballées en groupe) et d’évaluer si elle est légère ou lourde. (Une ruche à une hausse est légère sous 18kg, une ruche à deux hausses, sous 25kg.) Il n’est pas nécessaire d’avoir une balance pour effectuer cette opération, en soulevant plusieurs ruches et en comparant les poids (et avec l’expérience!) il sera plus facile de juger s’il faut nourrir ou non. À ce moment de l’année, la meilleure option de nourrissage sera l’ajout d’un sac de fondant sur le dessus de la hausse à couvain. L’opération se fera rapidement, en ouvrant le couvercle le moins longtemps possible. Lorsque les ruches seront déballées et que la température journalière sera supérieure à 10 ou 12°C, il sera possible de donner à ces colonies légères 1 à 2 litres de sirop de sucre 1 :1 (1 kg de sucre pour 1 kg d’eau).
Bulletin rédigé par Martine Bernier, responsable du transfert technologique et de la formation en apiculture | CRSAD