J. Saguez1 et S. Mathieu2
1. Chercheur (CÉROM); Agronome (MAPAQ)
Le dépistage des larves s’effectue en épluchant les épis sur au moins 100 plants, répartis dans 10 stations (10 plants consécutifs dans 10 stations ou 5 plants consécutifs dans 20 stations) afin d’obtenir une estimation du pourcentage de plants infestés dans le champ.
Attention, les larves de VGOH peuvent être parfois confondues avec les larves d’autres papillons ravageurs qui s’attaquent également aux épis en fin de saison, comme le ver de l’épi, la légionnaire d’automne et la pyrale du maïs.
Ce dépistage permet également d’observer l’ampleur des dommages aux épis causés par le VGOH ainsi que l’incidence des maladies comme la fusariose. Dans plus de 70 % des cas, les larves entrent au niveau des soies et restent au niveau de l’apex de l’épi. Elles peuvent aussi faire des trous dans les spathes (feuilles entourant l’épi) ainsi qu’à d’autres emplacements sur les épis et creuser des galeries dans certains épis. Des excréments en forme de petites boules, facilement visibles au moment du dépistage, restent souvent à l’intérieur de l’épi. Leur présence peut laisser croire que les dommages aux épis sont importants, mais en général, très peu de grains sont mangés.
Des dommages indirects
Le VGOH peut favoriser le développement de certains pathogènes tels que Fusarium graminearum, le champignon responsable de la fusariose de l’épi. Compte tenu des conditions météorologiques de cette année, il est possible que vous observiez un développement de maladie sur les épis. Toutefois, les épis non infestés par le VGOH peuvent aussi être infestés par la fusariose.
Le dépistage des larves et l’évaluation des dommages pourront vous aider à choisir vos hybrides pour la prochaine saison. Les observations faites au cours des dernières années semblent indiquer que des hybrides, dont les spathes emprisonnent bien les épis, pourraient mieux protéger contre le VGOH. Les hybrides Bt VIPTERA protègent également contre le VGOH, mais ils doivent judicieusement être utilisés pour éviter le développement de résistance.
J. Saguez (CÉROM)
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheuse (CÉROM)
La saison 2023 a été caractérisée par une météo instable et des conditions extrêmes (sécheresse, pluie abondante, vents forts, températures fraîches ou chaudes). Ces conditions peuvent avoir des répercussions sur la solidité des tiges du maïs et sur la présence de maladies. À l’automne, il est donc opportun de procéder à l’évaluation de la verse et des maladies affectant les tiges et au dépistage des maladies foliaires et des épis du maïs. Ces évaluations sont normalement réalisées dans le maïs aux stades R5 (grains généralement dentés) à R6 (formation d’un point noir à la base des grains). Advenant que des champs présentent de la verse des tiges ou des maladies, il est préférable de prioriser la récolte de ces derniers. Ces évaluations permettent aussi de mesurer la tolérance à la verse et aux maladies des différents hybrides utilisés sur la ferme et l’efficacité d’un traitement fongicide effectué plus tôt en saison, s’il y a lieu, ainsi que d’établir un plan de rotation optimal pour la prochaine saison. Pour de l’information sur la façon de procéder à l’évaluation de la santé des tiges et au dépistage des maladies, veuillez consulter la fiche technique intitulée Maïs : Évaluation de la santé des tiges à l’automne et dépistage des maladies.
Les cas de vergerette du Canada résistante au glyphosate sont en hausse dans le sud-ouest de la province. En 2023, 16 nouvelles populations résistantes ont été découvertes, dont huit d’entre elles sont résistantes entre autres au glyphosate (groupe 9).
Régions administratives | MRC | Résistance par groupe d'herbicides | Nombre de populations de vergerette du Canada |
Centre-du-Québec | Arthabaska | 2 | 1 |
Lanaudière | L'Assomption | 2 et 9 | 1 |
Laurentides | Montcalm | 2 | 1 |
Montérégie | Beauharnois-Salaberry | 9 | 5 |
2 et 9 | 1 | ||
Le Haut-Saint-Laurent | 2 | 8 | |
9 | 3 | ||
2 et 9 | 10 | ||
Les Jardins-de-Napierville | 9 | 2 | |
Le Haut-Richelieu | 9 | 1 | |
Vallée-du-Richelieu | 2 | 1 | |
Les Maskoutains | 2 | 1 | |
Vaudreuil-Soulanges | 2 | 2 | |
Total | 37 |
Un dépistage est recommandé, entre autres dans les champs en semis direct, pour détecter la présence de la vergerette du Canada dans vos champs. Afin d’aider au contrôle de cette mauvaise herbe, des actions peuvent être mises en place dès cet automne :
En prérécolte
- Un traitement herbicide peut être effectué avant la récolte, comme dans le soya, si la population de vergerette du Canada est importante et seulement si vous craignez qu’elle nuise à la récolte, puisque les plants de vergerette ayant produit des graines ont déjà complété leur cycle vital et mourront. Plus d’informations sur les traitements en prérécolte sont détaillées dans cette fiche technique. Pour rappel, le glyphosate ne sera pas efficace si la mauvaise herbe a été confirmée résistante au groupe 9. Par ailleurs, si vous suspectez de la résistance, il est important de faire une demande d’analyse auprès du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP). Pour plus d’information sur les méthodes d’échantillonnage et les procédures à suivre pour les tests de détection de la résistance, consultez Votre trousse « Résistance des mauvaises herbes » pour 2023.
- Travailler le sol : la vergerette du Canada étant adaptée aux systèmes sans travail de sol, la population de rosettes de vergerette nouvellement établies pourrait être diminuée en travaillant le sol quelques semaines après la récolte. Il est toutefois possible qu’en cas de forte densité, le contrôle ne soit pas optimal, puisque le système racinaire de la plante peut retenir du sol et lui permettre de survivre. L’incorporation des graines à plus de 6 cm de profondeur par un travail de sol les empêchera de germer, mais leur survie sera prolongée. Cependant, il faut rester vigilant si un second travail de sol en profondeur est effectué, puisque les graines seront remontées à la surface et pourront alors germer.
- Semer une culture de couverture : elle permet de compétitionner la mauvaise herbe. Un essai en Ontario a démontré qu’un travail du sol réalisé quelques semaines après la récolte suivi de l’implantation d’une culture de couverture de seigle d’automne a permis de diminuer la vigueur et la population de vergerette du Canada grâce au phénomène d’allélopathie, ce qui a facilité le contrôle de la mauvaise herbe l’année suivante. L’implantation d’une céréale d’automne, comme le blé, aidera également au contrôle puisque la plante ne tolère pas l’ombre.
- Appliquer un traitement herbicide : il doit être appliqué seulement lorsque la plante est toujours en croissance active. Les matières actives comme le dicamba, le 2,4-D, le saflufenacil et le diflufenzopyr offrent un bon contrôle. On doit toutefois s’assurer de faire une rotation des groupes d’herbicides, en tenant compte des herbicides ayant été appliqués dans le passé, pendant la saison et ceux qui sont prévus à la saison prochaine, tout en tenant compte de la culture qui sera ensemencée.
D’autres méthodes de lutte peuvent être appliquées telles qu’une fauche si la vergerette du Canada n’a pas encore produit de graines. L’arrachage manuel suivi d’une disposition adéquate des plants en dehors du champ peut aussi être une option dans le cas où la mauvaise herbe est localisée en foyer.
En prévision de la prochaine saison, si la culture prévue est du soya transgénique, les variétés de soya tolérant différents herbicides tels que le 2,4-D, le dicamba, le glufosinate, le glyphosate, connues sous différentes marques de commerce (p. ex. : LIBERTYLINK, ROUNDUP READY 2 XTEND, XTENDFLEX ET ENLIST E3), offrent des options de désherbage qui peuvent aider au contrôle de la vergerette du Canada.
Pour plus d’information sur la biologie de cette mauvaise herbe, consultez la fiche technique Vergerette du Canada.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |