CONDITIONS CLIMATIQUES
Pour la période du 13 au 19 août 2021, le temps chaud et surtout humide s’est poursuivi avec une séquence de températures plus saisonnières en milieu de période. Cela a conduit à des nuits plus fraîches les 15 et 16 août, mais elles sont redevenues anormalement chaudes par la suite. Le mercure a atteint des valeurs élevées le jour, surtout les 13, 18 et 19 août, avec de 30 à 33 ºC en plusieurs endroits (sommaire agrométéorologique). Le cumul des précipitations a été généralement faible durant la période, avec de 0 à 10 mm en moyenne, mais jusqu’à 20 mm localement (extrême sud et est de la province), le tout tombant surtout le 13 ou 14 août (carte des précipitations des sept derniers jours). Pour les sept prochains jours (soit du 20 au 26 août), Environnement Canada annonce la poursuite du temps chaud avec un mercure dépassant largement les valeurs de saison par moments. Des risques d’averses sont possibles, mais sans grande intensité.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Le temps anormalement chaud et sec continue de mettre de la pression sur la culture. La sénescence, le dessèchement de la base de plants et/ou même du dépérissement graduel se poursuivent. Le tout demeure cependant variable selon le cultivar, la date de plantation, le fond du terrain (texture du sol), la rotation et la pratique ou non de l’irrigation. Cette dernière se poursuit partout en province où les systèmes sont disponibles et l’eau en quantité suffisante, ce qui n’est pas le cas pour tous les producteurs. Des collaborateurs rapportent que ces apports en eau ne donnent pas nécessairement les résultats escomptés. Des cultivars de maturité plus tardive ou semés plus tard présentent encore une belle apparence par endroits (ex. : 'Russet Burbank', 'Pomerelle', 'Caribou Russet', 'Campagna', 'CalWhite'), mais on commence à observer du jaunissement du bas de plants. Le remplissage des tubercules se poursuit, mais moins rapidement sous ces conditions. Les récoltes dans la primeur se déroulent à un rythme plutôt normal avec un rendement meilleur dans les régions plus au sud et une belle qualité en général, si ce n’est d’un peu de gale par endroits, le plus souvent en lien avec le cultivar. Quelques cas de cœur creux ont été rapportés dernièrement, pour de plus gros tubercules (voir la photo 1) et pour certains cultivars. Les opérations de défanage pour les récoltes visant l’entreposage à plus long terme devraient débuter au courant de la semaine prochaine dans les régions du sud de la province.
Avec l'avancement de la saison de production (principalement pour les régions plus au sud), la sénescence en cours et le défanage prochain de certains champs, les besoins d'interventions contre les insectes peuvent devenir moins nécessaires, sauf pour des champs à maturité plus tardive. En général, les interventions contre les différents ravageurs ne sont plus nécessaires dans les 10 à 12 jours précédant le défanage.
Le doryphore de la pomme de terre demeure sous contrôle à peu près partout. C'est principalement l'activité des adultes estivaux qui est rapportée. Localement, quelques interventions pourraient être nécessaires dans des champs à maturité plus tardive, le plus souvent en bordure seulement, afin de préserver le plus de feuillage sain possible avec le temps chaud et sec en cours (voir les photos 2 et 3).
La présence d’autres insectes et acariens dans des champs (altise à tête rouge, tétranyques, punaise terne, pyrale du maïs) est signalée par les collaborateurs, mais ils ne menacent pas la culture présentement.
Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’est à signaler au Québec depuis le début de la présente saison. Le site Web du USA Blight ne mentionne pas de nouveau cas en date du 19 août, ce qui limite le tout à 5 cas déclarés et seulement 2 dans la pomme de terre (les autres étant dans la tomate). Le génotype US-23 est identifié, soit celui qui est sensible au métalaxyl-M. Concernant des réseaux de capteurs de spores en opération au Canada, des spores de mildiou ont été capturées le 13 août au Nouveau-Brunswick, mais toujours rien ou rien de récent ailleurs (Ontario, Manitoba, Île-du-Prince-Édouard). Pour le Québec, des producteurs-collaborateurs de quelques régions ne rapportent pas non plus de spores détectées. Malgré le temps chaud et plutôt sec qui perdure, des conditions parfois propices au champignon peuvent survenir par endroits, comme l’a démontré le modèle prévisionnel Miléos en cours de période. Une hygrométrie élevée la nuit et le matin peut provoquer une sporulation du champignon, en combinaison ou non avec une irrigation. Il faut donc maintenir une protection fongicide jusqu'au défanage complet, en particulier où l’on retrouve des plants de pomme de terre avec encore du feuillage sain.
La majorité des collaborateurs rapportent une progression des symptômes associés à la brûlure hâtive (tache alternarienne), et ce, dans plusieurs parcelles, à des niveaux variables. La sénescence des plants n’est pas étrangère à cela. Une intervention pourrait être justifiable dans le cas d’un défanage plus tardif, mais cela relève du cas par cas (dépistage nécessaire).
Le dépérissement ou la sénescence rapide de plants rend le dépistage de maladies, comme la dartrose (voir la photo 4) et le flétrissement verticillien, plus difficile à réaliser. Leur présence est rapportée à la hausse dans plusieurs champs de plusieurs régions, contribuant ainsi à accélérer le dépérissement.
À nouveau cette semaine, l’écrasement ou l’évasement de plants a conduit à l’observation de plus de symptômes associés à des maladies comme la jambe noire, la moisissure grise, le rhizoctone et la pourriture sclérotique. Dans certains cas, les attaques sur des tiges sont bien notables et remontent parfois à plusieurs semaines.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC) et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |