Nouveaux cas de mildiou dans le cantaloup en Montérégie. Pourriture sclérotique sur les plants et fruits de cucurbitacées. Un peu de melons d’eau avec le cœur creux. Tache alternarienne et tache à Ulocladium sur feuilles de concombre. Quelques fruits avec Erwinia tracheiphila, bactérie responsable du flétrissement bactérien.
ÉTAT DES CULTURES
Les températures chaudes se sont poursuivies durant la période du 11 au 17 août. Les précipitations sont très variables d'un secteur à l'autre et dans bien des cas, les sols sont plutôt secs. On observe du stress hydrique dans les champs non irrigués, principalement en sol léger.
La récolte de melon brodé et de melon d’eau se poursuit. Les premiers champs semés ou plantés de courges spaghetti et de courges Delicata sont en cours de récolte. On commence à voir de grosses citrouilles qui prennent leur coloration orange. Dans les champs où le murissement des fruits est avancé, le feuillage a amorcé sa sénescence et le blanc est souvent très présent.
RECOMMANDATION DE TRAITEMENT CONTRE LE MILDIOU
Les anciens foyers de
mildiou présents dans plusieurs champs de concombre en production conventionnelle sont sous contrôle. De nouveaux foyers de mildiou ont cependant été dépistés cette semaine dans du melon brodé (cantaloup) en Montérégie.
Les champs de concombre et de melon brodé, dont la récolte est terminée ou sur le point de l’être, doivent être détruits dès la récolte complétée, afin de ne pas laisser de plants sans protection fongique, car ceux-ci pourraient servir de source de contamination pour les autres champs.
Lésions de mildiou (Pseudoperonospora cubensis) de formes irrégulières, d'abord jaunâtres, puis nécrotiques au fur et à mesure que l'infection se développe, à la face supérieure d'une feuille de cantaloup
Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)
Lésions de mildiou (Pseudoperonospora cubensis) de formes irrégulières, dont les contours sont d'apparence huileuse à la face inférieure d'une feuille de cantaloup
Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)
POURRITURE SCLÉROTIQUE DANS QUELQUES CHAMPS
Depuis quelques semaines, des symptômes de pourriture sclérotique (ou moisissure blanche) sont observés dans certains champs de cucurbitacées au Québec. Si les conditions sont favorables à la maladie, les dommages dans les champs infectés pourraient s’intensifier. À l’inverse, si le climat est chaud et sec, le développement de la maladie est ralenti.
Si la maladie est constatée, il est important de mettre en place des mesures préventives dans les prochaines années, car les plants infectés produiront des sclérotes qui permettent à la maladie de survivre à l’hiver :
- Éviter d’enfouir les sclérotes. Le labour enfouit les sclérotes, lesquels demeureront dormants et pourront ensuite germer et infecter les cultures sensibles lorsqu’ils seront remis en surface.
- Choisir, pour la culture subséquente, une culture non sensible, comme du maïs ou de préférence, une céréale, sans travail ou en travail minimal du sol, ce qui favorisera la germination des sclérotes au printemps suivant.
Courge Buttercup avec moisissure blanche; notez la présence de gros sclérotes noirs à la surface du fruit, 9 août 2021
Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)
QUELQUES CAS DE « COEUR CREUX » DANS LE MELON D’EAU
Le cœur creux dans le melon d’eau a longtemps été associé à de rapides variations de la température ou de l’humidité du sol. Cependant, une
recherche récente menée à l’Université du Delaware démontre que la cause première du cœur creux serait plutôt reliée à une mauvaise pollinisation et que les melons triploïdes sont particulièrement à risque.
En effet, les melons sans pépins ne produisent pas de pollen viable. Seul le pollen des melons diploïdes peut féconder les melons triploïdes. Les chercheurs ont constaté que plus la distance entre les melons diploïdes et les melons triploïdes est grande, plus l’incidence du cœur creux augmente (autour de 74 % d’incidence de cœur creux lorsque la distance est de 2,4 mètres et 56 % lorsque la distance est de 1,5 m). Un plus grand nombre de visites de pollinisateurs est nécessaire pour s’assurer d’avoir la quantité de pollen viable nécessaire à une bonne pollinisation. Par ailleurs, les conditions climatiques peuvent aussi affecter le travail des abeilles et la viabilité du pollen des melons diploïdes, comme par exemple, des conditions plus fraîches en début de saison. Ce n’est donc pas un hasard que le cœur creux soit présent davantage dans les premières récoltes de melon d’eau que plus tard en saison.
Coeur creux, dans le melon d'eau, causé par une mauvaise pollinisation
Yveline Martin, agr. (Bio-Action)
TACHE ALTERNARIENNE et TACHE À L'ULOCLADIUM DANS LE CONCOMBRE
Cette année,
la tache angulaire est relativement peu présente dans le concombre frais et de transformation. Par contre, les températures chaudes et humides semblent avoir favorisé la
tache alternarienne (
Alternaria alternata) et celle causée par
Ulocladium cucurbitae. Lorsque la pression de la maladie est très forte et que les foyers sont nombreux, il est parfois nécessaire de traiter. Les fongicides efficaces contre la tache alternarienne vont aussi toucher la tache à l'
Ulocladium, car les 2 pathogènes sont très proches morphologiquement.
Tache alternarienne et tache à l'Ulocladium dans le concombre frais
Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)
ERWINIA TRACHEIPHILA DANS LES FRUITS
Avec le murissement des fruits et la sénescence du feuillage, on voit davantage de fruits avec des symptômes de flétrissement bactérien, maladie causée par la bactérie Erwinia tracheiphila qui est transmise au plant par la chrysomèle rayée du concombre. Les fruits atteints ne sont pas commercialisables.
Erwinia tracheiphila dans une courge de type Cucurbita maxima
Catherine Thireau, agronome
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Couture, agronome, M. Sc. (MAPAQ) et révisé par Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du réseau Cucurbitacées ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.