Dommages atypiques sur fruits de poivron. Baisse de l'activité de la plupart des insectes. Stratégie d'intervention contre les maladies bactériennes et fongiques d'ici la fin de saison. Aucun cas de mildiou (P. infestans) au Québec. Marbrure physiologique (gray wall).
Dans un tunnel froid, un collaborateur de l’Outaouais rapporte des dommages qui s’apparentent à ceux causés par le charançon du poivron. Cet insecte est présent depuis plusieurs années en Ontario et dans le Nord-Est américain, où il cause des dommages sporadiques sur les fruits de poivron en plein champ et en serre. Il ne serait pas étonnant que la présence de cet insecte soit passée inaperçue jusqu’à présent au Québec.
Sur la photo en haut à gauche, il pourrait s’agir d’un dommage léger causé par la larve avant qu’elle ne se pupifie pour ensuite émerger en adulte et creuser un trou pour sortir du fruit. Sur la photo du bas à gauche, il pourrait s’agir d’un trou de sortie de l’adulte qui a été fait il y a un certain temps, car la lésion est cicatrisée. La photo de droite provient de l’Ontario et correspond à des dommages sévères. Le charançon du poivron n’est pas connu pour hiberner au Canada.
Si vous remarquez des dommages similaires, veuillez svp contacter les avertisseures du RAP Solanacées, Karine Fortier-Brunelle ou Christine Villeneuve.
AUTRES INSECTES
Avec les températures plus froides, l’activité des insectes qui s’attaquent au feuillage se maintient à des niveaux tolérables et, dans la plupart des cas, les traitements ne sont plus nécessaires.
La punaise terne et les punaises pentatomides peuvent encore causer des dégâts directement sur les fruits de poivron et de tomate et le seuil de tolérance est très faible pour ce type de dommage. Certaines zones de champ ont encore fait l’objet d’avis de traitement dans la région de la Capitale-Nationale.
Les réseaux de dépistage du maïs et du poivron n'ont réalisé aucune capture de pyrale cette semaine. Le piégeage se poursuit jusqu’à la semaine prochaine.
Anthracnose sur fruits
On rapporte une augmentation de cas d’anthracnose sur fruits de tomate et de poivron. Cette maladie se développe sur les fruits mûrs. Les zones atteintes sont circulaires et déprimées. Les symptômes vont évoluer vers l’apparition de cercles bruns concentriques, puis le développement de microsclérotes noirs. Lorsque l’humidité relative est élevée, une sporulation de couleur saumon peut se manifester.
Les fongicides ci-dessous ont démontré de bons résultats selon diverses sources américaines (voir tableau de l'avertissement Nº 7 du 9 juillet 2020). Le délai d’application avant la récolte (DAAR) pour le poivron et la tomate est indiqué entre parenthèses.
- BRAVO 500 sur tomate seulement (1 jour)
- QUADRIS (tomate seulement) et QUADRIS TOP (1 jour)
- CABRIO EG (0 jour)
- APROVIA (1 jour)
Vous pouvez cesser les traitements avec les fongicides dans les champs qui seront en fin de récolte d’ici deux semaines. Par contre, dans les champs destinés à l’autocueillette où la tomate et le poivron sont récoltés mûrs, il est préférable de continuer les protections fongiques contre la pourriture du fruit causée par l’anthracnose.
Dans les champs qui seront encore en récolte après la mi-septembre, les traitements contre les maladies fongiques peuvent se poursuivre aux 7 à 10 jours.
Dans la tomate, on rapporte une augmentation de la tache septorienne, de la moisissure grise en champ et de la moisissure olive sous tunnel. Le tableau « efficacité des fongicides » de l'avertissement Nº 7 du 9 juillet 2020 rapporte les résultats d’essais d’efficacité de fongicides sur l’alternaria, la tache septorienne et l’anthracnose dans la tomate.
Les nuits fraîches, sous la barre des 13 °C, ne sont pas favorables aux maladies bactériennes et il devient alors non pertinent de poursuivre les applications de cuivre ou d’autres bactéricides.
Mildiou (P. infestans)
Il n’y a pas de nouveau cas de mildiou rapporté en Ontario depuis la semaine dernière, et aucun cas rapporté au Québec, ni dans les pommes de terre ni dans les tomates.
Aux États-Unis, les cas les plus au nord se trouvent dans l’État de New York, juste au sud de Toronto. Il s’agit du génotype US23, reconnu pour être plus agressif sur la tomate. Consultez l’avertissement Nº 14 du 28 août 2020 pour un rappel de la stratégie recommandée actuellement.
La pourriture apicale est moins présente qu’en début de saison. Les collaborateurs rapportent des pertes de qualité des fruits dues au temps plus frais et plus humide : fendillements, lésions horizontales, parfois colonisées par des champignons secondaires comme l’alternaria.
Marbrure physiologique des fruits de tomate
On rapporte un cas de marbrure physiologique (blotchy ripening ou gray wall) sur des fruits de tomate. Il s’agit d’une section de champ en bordure d’un boisé, avec une ventilation réduite et une luminosité moindre que dans le reste du champ.
Les fruits atteints non matures présentent des zones fermes de coloration plus foncées, brunâtres. À l’intérieur du fruit, on peut apercevoir des veines brunâtres. En mûrissant, les lésions des fruits affectés vont prendre une teinte grisâtre et jaune. Les symptômes pourraient être confondus avec ceux causés par certains virus comme celui de la mosaïque de la tomate ou le mildiou.
Il s’agit d’un désordre non parasitaire associé, dans ce cas-ci, à une humidité ambiante (air et sol) plus élevée ainsi qu’à une luminosité réduite par l’ombrage des arbres. Un ratio azote/potassium élevé, un sol compacté ainsi que des fluctuations importantes de températures vont aussi contribuer à favoriser la marbrure physiologique des fruits.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |