Météo : temps plus frais et précipitations. Développement de la culture : poursuite de semis dans plusieurs régions, bonnes conditions de croissance. Insectes : hausse de l’activité du doryphore avec une ponte en cours, faible présence d'autres espèces. Maladies : quelques cas de pourriture de plantons, prévention du mildiou. Mauvaises herbes : poursuite des interventions.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 24 au 30 mai, un retour à la fraîcheur a été observé sur l’ensemble de la province. Le tout a été un peu moins marqué, dans des secteurs plus au sud avec un mercure à près de 25-26 ºC les 26 et 27 mai. Quelques nuits ont été fraîches, dont les 25, 29 et/ou 30 mai avec de 2 à 6 ºC par endroits, et descendant même au point de congélation comme au Témiscamingue (voir le sommaire agrométéorologique). Des cumuls de précipitations ont été enregistrés partout en province, parfois de manière significative (surtout les 27 et/ou 28 mai) avec de 20 à 30 mm, mais certains secteurs ont reçu moins de pluie, comme l’ouest du Bas-Saint-Laurent (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (soit du 31 mai au 6 juin), le site Web d’Environnement Canada mentionne une séquence de beau temps avec un mercure à la hausse pour l’ensemble des régions, atteignant des valeurs parfois élevées, et surtout sans précipitation, sauf pour des probabilités en toute fin de période pour des secteurs plus à l’ouest.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
La germination et la levée ont continué de progresser à la suite de la poussée de chaleur de la semaine précédente. On remarque un ralentissement avec les températures plus fraîches en cours, mais encore favorables à un bon développement de la biomasse foliaire. Des collaborateurs rapportent une levée inégale par endroits pour certains cultivars reconnus, dont 'Goldrush' et 'Colomba'. La levée peut varier, entre autres, selon le type de sol, la qualité de la semence et la profondeur du planton. Des semis se poursuivent dans plusieurs régions, même en Montérégie, mais le tout progresserait bien, malgré les précipitations reçues. La température du sol a fait plutôt du surplace en cours de période, affichant quand même des valeurs intéressantes pour la date. Les chantiers de sarclage et de renchaussage vont reprendre sous peu, considérant la météo collaboratrice à venir. Contrairement à la même période l’an passé, la pratique de l’irrigation n’a pas été nécessaire au sud, les précipitations du 27 mai ayant été suffisantes (et attendues!). Le tableau ci-dessous présente l’état d’avancement des plantations à travers la province ainsi que le stade de développement atteint de la primeur. La saison 2024 serait en avance sur l’année dernière (2023) pour certaines régions.
État d'avancement des semis et stade de développement de la primeur pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP (en date du 29 mai 2024)
| Régions | Superficies ensemencées | Stade de la culture (primeur) |
| Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | 75 à 100 % | Plants 20-30 cm |
| Outaouais | 30 à 100 % | Début émergence |
| Lanaudière et Laurentides | 100 % | Plants 20-30 cm à début boutons floraux |
| Centre-du-Québec et Mauricie | 95 à 100 % | Plants 10-25 cm |
| Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | 90 à 100 % | Plants 10-20 cm |
| Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | 25 à 85 %* | Germination à germination avancée |
INSECTES
Les températures plus modérées ont ralenti la migration des adultes du doryphore de la pomme de terre vers des bordures de champs, mais ne l’ont pas arrêtée. Leur présence est maintenant signalée dans plusieurs régions du sud et du centre de la province, mais aussi plus à l’est comme en Gaspésie. Des sols humides et réchauffés favorisent leur émergence du sol. De nombreux adultes morts sont observés à la base de plants de pomme de terre traités avec un insecticide au semis, mais d’autres individus demeurent actifs (voir photo 1) en grugeant du feuillage, entre autres. Les dommages demeurent largement acceptables présentement. Une ponte se poursuit (sud de la province) ou débute (centre de la province), mais aucune activité larvaire n’est signalée pour le moment. Avec les températures plus élevées prévues pour les prochains jours, les infestations de ce bioagresseur devraient connaître une hausse notable, surtout pour les parcelles sans traitement insecticide lors du semis.
Les captures de la cicadelle de la pomme de terre ont légèrement augmenté par endroits, où le piégeage est débuté, mais demeurent largement sous le seuil de nuisibilité retenu. Il est nécessaire de bien identifier le type de cicadelles en présence sur les pièges jaunes collants, car celle de la pomme de terre demeure beaucoup plus à risque que celle de l’aster pour les pommes de terre en production commerciale.
Un peu plus de présence de vers fil-de-fer (taupins) est rapportée par des collaborateurs en province, mais le tout demeure présentement sans conséquence (voir photo 2). Un suivi est en cours par endroits. Aucune méthode de contrôle n’est possible lors de leur observation en champ après la plantation.
Aucune activité de vers gris (noctuelles) et d’adultes de la punaise terne n'est rapportée pour le moment alors que les dommages mentionnés la semaine dernière reliés à une activité des altises n’ont pas progressé.
MALADIES
Du côté du mildiou de la pomme de terre, la prévention doit se poursuivre et l’avertissement Nº 2 du 17 mai 2024 peut être consulté pour des pratiques à mettre en place en ce début de saison. En l’absence de gel important du sol comme l’hiver dernier, les repousses issues des rebuts ou des volontaires de pomme de terre sont la première source de contamination par le mildiou (inoculum de départ). Également, il faut porter une attention plus spéciale aux parcelles qui ont présenté des symptômes de la maladie en 2022 et/ou 2023 et qui demeurent plus propices à une apparition plus précoce du champignon. Selon le site Web USA Blight (en lien maintenant avec celui de PlantAid), aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté au cours de la dernière période.
Plus de cas de pourriture de plantons ont été signalés récemment par des collaborateurs, mais le tout demeure présentement tolérable. Des sols maintenant plus humides en lien avec la qualité de la semence et/ou une gestion inadéquate des plantons lors de la plantation en seraient responsables. Le temps plus sec et plus chaud à venir devrait aider à limiter la progression dans les champs porteurs. De faibles infections de rhizoctone brun sur des germes sont mentionnées dans la région de Québec, mais pas ailleurs en province. Concernant la semence livrée aux producteurs cette année, des collaborateurs de plusieurs régions mentionnent au final une qualité bien variable de certains lots selon leur provenance et/ou le cultivar. Les problématiques soulevées touchaient plus souvent leur qualité générale (ex. : calibre inadéquat, germination avancée, défauts internes et/ou externes) que la présence de certaines maladies (ex. : pourriture fusarienne, pourriture bactérienne).
GESTION DES MAUVAISES HERBES
Les applications de désherbants en prélevée de la culture se poursuivent ou débutent selon la région et/ou la date de semis. Les précipitations reçues en cours de période ont aidé à activer des produits appliqués. Un bon contrôle des mauvaises herbes est rapporté, sauf pour certains champs où une intervention avec sarclage et/ou désherbants de postlevée est prévue. Pour diverses raisons (ex. : vent, pluie, levée trop rapide de la culture), des producteurs de certaines régions ont manqué la fenêtre d’application de certains herbicides. Cela a nécessité un changement de stratégie. Pour plus d’information, consulter l'avertissement Nº 3 du 24 mai 2024.
Finalement, on le mentionne à nouveau, mais la vigilance s’impose pour éviter les dérives hors de la zone ciblée, même avec l'utilisation de jets ou d’adjuvants antidérives. Pour en savoir plus sur le choix des buses et des solutions pour éviter la dérive :
- Choix des buses de pulvérisation en grandes cultures
- La dérive des pesticides : prudence et solutions
Il est également inscrit sur l’étiquette des produits (1res pages) le choix des buses, la pression de pulvérisation et le volume d’eau à utiliser selon chacun d’eux (information à lire).
| Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
