Météo : temps très chaud, avec peu ou pas de précipitations. Développement de la culture : conditions plutôt favorables malgré la chaleur; apparition de divers désordres. Insectes : hausse de l’activité de certains ravageurs, dont le doryphore et la cicadelle de la pomme de terre. Maladies : aucun cas de mildiou et météo moins favorable à la maladie; début de symptômes de la brûlure hâtive; faible présence d’autres maladies. Mauvaises herbes : poursuite d’interventions de postlevée; phytotoxicité. Journée pomme de terre : inscription.
Pour la période du 14 au 20 juin, la météo s’est déroulée en deux temps. Il y a eu une première partie, soit du 14 au 16 juin, avec du temps plus frais et parfois de basses températures la nuit les 15 et/ou 16 juin selon le secteur (ex. : 0 °C au Témiscamingue, 4-5 °C dans des secteurs du centre de la province). Par la suite, une masse d’air très chaud a subitement envahi toute la province à partir du 17 juin, avec plusieurs records battus, le mercure atteignant par moments 34-35 °C le jour dans plusieurs régions, avec également des nuits parfois tropicales (voir le sommaire agrométéorologique). Du côté des précipitations, des bandes d’averses orageuses sont passées par endroits du 18 au 20 juin, mais de manière hétérogène, laissant plus de 20 mm localement (voir la carte des précipitations cumulées au cours des sept derniers jours). Pour la période qui débute (21 au 27 juin), Environnement Canada prévoit des températures variables, mais à priori autour de la moyenne. Des précipitations significatives (avec plus de 40 mm par endroits) sont annoncées pour dimanche et lundi.
La chaleur intense (et subite) a affecté la culture surtout dans les parcelles à un stade plus avancé. Malgré cela, le développement demeure généralement bon, car il y a encore une bonne humidité dans le sol en plusieurs endroits. Cependant, des collaborateurs rapportent une apparition récente de désordres physiologiques ou abiotiques comme : insolation foliaire, brûlure de germes pour des semis plus tardifs, flétrissement de plants en journée, brûlure par des engrais appliqués. La pratique de l’irrigation est en cours par endroits (centre et sud de la province) principalement pour les parcelles plus avancées. Les opérations de sarclage et/ou de buttage se poursuivent à peu près partout. La tubérisation a débuté dans plusieurs parcelles et une bonne famille de tubercules semblait vouloir se former, selon des collaborateurs. La levée a finalement eu lieu dans les derniers semis, mais avec un développement parfois inégal dans certains cultivars. Le tableau ci-dessous présente le stade de développement de la primeur dans différentes régions de la province.
Régions | Stade de la culture (primeur) |
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest | Début floraison à floraison Tubercules 4-8 cm |
Outaouais | Début floraison |
Lanaudière et Laurentides | Floraison Tubercules 4-8 cm |
Centre-du-Québec et Mauricie | Floraison Tubercules 2-4 cm |
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches | Début floraison à floraison Tubercules 1-3 cm |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue | Plants 25-30 cm |
La chaleur intense des derniers jours (autant le jour que la nuit) a favorisé l’activité de certains insectes, dont le doryphore de la pomme de terre. Un suivi plus serré est donc nécessaire. Une hausse notable de l'éclosion des masses d’œufs est rapportée dans le sud et le centre de la province. Des interventions ont ou vont débuter sous peu pour le contrôle de foyers de larves (stades larvaires 1-2-3 présents, selon le secteur). Des traitements insecticides au semis sont rapportés encore efficaces par endroits, mais plusieurs ne le seraient plus. Plus au nord et à l’est, peu d’activité du doryphore est rapportée, pour le moment. Il faut éviter si possible de traiter lors de températures trop élevées afin de diminuer les risques de phytotoxicité à la culture et aussi pour obtenir une performance maximale du ou des produits utilisés.
Des adultes de la coccinelle maculée, consommant des œufs du doryphore, continuent à être observés plus que la normale cette année par des collaborateurs de certaines régions. Malheureusement, il peut arriver que ces alliés se retrouvent par hasard au mauvais endroit (voir photo), mais cela indique qu’une bonne population de ce prédateur est à l’œuvre dans la parcelle.
Les adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) sont maintenant plus actifs dans certains secteurs du sud et du centre de la province, alors que seulement quelques individus sont rapportés ailleurs en province. Des décomptes de 10 à 30 individus/piège/semaine sont mentionnés par des collaborateurs, avec une bonne variabilité selon la parcelle, d’où l’importance du piégeage dans plus d’un champ sur l’entreprise. C’est en avance sur la saison dernière. Des décomptes dépassent donc par endroits le seuil indicatif de 25 individus/piège/semaine (essais du CIEL). Des plants en santé supportent mieux de possibles attaques des CPT, autrement, le seuil proposé peut être ajusté en conséquence. Un début de symptômes foliaires associés à leur activité est mentionné par endroits, dans des parcelles sans utilisation d’insecticide au semis.
Avec des plants qui se développent rapidement par endroits, il faut ajuster la hauteur des pièges au niveau de la canopée, les changer au besoin, bien identifier les cicadelles présentes et surveiller plus particulièrement les parcelles de pommes de terre près de champs de luzerne, principalement, à proximité (migration possible lors de la coupe). On ne connaît pas ou peu de méthodes alternatives efficaces aux pesticides (ex. : prédateurs) pour lutter contre la CPT.
Concernant les autres ravageurs d’intérêt, voici quelques observations rapportées :
- un début d’activité, mais encore faible, de vers gris dans Lanaudière, au Centre-du-Québec et dans la région de Québec. Les chenilles coupent les tiges au ras du sol et/ou mangent le feuillage touchant le sol (voir photo) et sont actives la nuit. On doit donc creuser à la base des plants avec des dommages pour les voir. Il n’existe pas de seuil d’intervention. Un contrôle pourrait être nécessaire selon le stade de la culture, l’intensité des dommages, la météo en cours et le stade larvaire en présence;
- une activité localisée et sans impact des adultes et maintenant des nymphes de la punaise terne pour des parcelles sans insecticide à la plantation (région de Québec, Lanaudière);
- aucune activité de pucerons n’a encore été rapportée, avec un dépistage qui débute ou va débuter sous peu en zones semencières.
Aucun symptôme de mildiou de la pomme de terre n’a été observé au Québec depuis le début de la saison. Même si de hautes températures (plus de 30 °C) par temps plutôt sec ont eu lieu récemment (conditions adverses au développement de la maladie), il faut demeurer vigilant, principalement avec les conditions plus humides à venir et la présence de la maladie dans plusieurs secteurs de la province en 2023 (inoculum possiblement présent). L’application d’un fongicide est de mise pour les parcelles avec des plants plus avancés. Une bonne gestion des volontaires (ex. : repousses de plants de pomme de terre dans des parcelles en rotation) et des rebuts de tubercules doit être prise plus au sérieux cette année. Si vous observez des taches suspectes, il ne faut pas hésiter à contacter votre conseiller, au besoin, pour vérification.
Selon le site Web USA Blight (PlantAid), aucun nouveau cas de mildiou n’a été rapporté au cours de la dernière période en Amérique du Nord. C’est la même situation pour les autres sites consultés où un suivi de cette maladie est disponible (Canada, États-Unis).
Des conférences de la série de Webinaires sur le mildiou de la pomme de terre, qui se sont déroulées le printemps dernier, sont maintenant disponibles sur Agri-Réseau (cliquer sur les liens ci-dessous pour les voir et même les revoir) :
- Stratégies d’intervention contre le mildiou dans la tomate et dans la pomme de terre
(21 mars 2024. Nadia Surdek, agronome, B. Sc., Groupe PleineTerre) - Mildiou en régie biologique et les bonnes pratiques
(21 mars 2024. Denis Giroux, agronome, B. Sc., conseiller, Réseau de lutte intégrée Bellechasse inc.) - Lutte au mildiou de la pomme de terre : mieux connaître les fongicides homologués
(21 mars 2024. Sébastien Martinez, agronome, M. Sc., chercheur, Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière) - Tips for storing compromised potatoes (en anglais)
(28 mars 2024. Nora Olsen, Ph. D., professor, potato specialist, University of Idaho) - Astuces pour l'entreposage de pommes de terre potentiellement infectées
(28 mars 2024. Nora Olsen, Ph. D., professeure, spécialiste de la pomme de terre, Université de l'Idaho) - Règlementation appliquée par le MAPAQ relative au mildiou (Phytophthora infestans)
(4 avril 2024. Rosemarie Vallières, agronome, M. Sc., coordonnatrice, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec)
De tout premiers symptômes associés à l’activité de la tache alternarienne (brûlure hâtive) ont été signalés sur le feuillage de l’étage inférieur de plants de certains cultivars hâtifs (ex. : 'Envol', 'Norland'), dans des secteurs du sud, mais aussi du centre de la province, localement. Un suivi est en cours pour une possible intervention. Cette maladie en est souvent une de faiblesse, c’est-à-dire pour des plants plus avancés physiologiquement, subissant un stress (ex. : forte chaleur, sécheresse, attaques d’insectes) dans un sol avec une fertilité déséquilibrée.
Le contrôle préventif de la dartrose se poursuit dans des parcelles avec des plants plus avancés. Aucun symptôme n’a encore été observé, ce qui est conséquent avec la période. Les quelques cas de jambe noire mentionnés la semaine dernière n’ont pas évolué. Un peu plus de présence de plants virosés sont rapportés (cultivars 'Norland', 'Chieftain', 'Goldrush'), mais à un niveau encore faible. Concernant des cas de pourritures de plantons mentionnées dernièrement dans certaines parcelles, des organismes des genres Pectobacterium, Pythium et Geotrichum ont été identifiés en laboratoire.
Cette année, un peu plus de retouches seront ou ont été nécessaires à travers la province pour contrôler certaines « échappées ». Le choix du produit est en fonction des espèces de mauvaises herbes présentes. Quelques cas de phytotoxicité à la culture ont été associés à une application de métribuzine (ex. : sud de la province) ou de rimsulfuron (ex. : centre de la province), selon le cas (voir photo). Les écarts de température peuvent rendre des plants de pomme de terre plus sensibles à des applications de pesticides, principalement des herbicides.
Finalement, un document a été rédigé par le MAPAQ concernant, entre autres, l’usage de système fermé pour des pesticides, dont certains utilisés dans la pomme de terre.
JOURNÉE AU CHAMP - POMME DE TERRE
Une journée sur la production de la pomme de terre aura lieu le 11 juillet 2024, à Saint-Maurice en Mauricie, à la Ferme MALEFA. Plus d’informations sur le programme de la journée et l’inscription en ligne sont disponibles : Journée Pomme de terre.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agronome, M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.