Météo en bref. Stade de développement : pointe verte à boutons verts dégagés. Débourrement inégal en champ. Brûlure des dards répandue. Pourridié des racines sur les sites avec historique. Faible présence de punaises et de bytures. Présence variable d'anthonomes et de tétranyques. Savoir reconnaître les prédateurs des tétranyques.
MÉTÉO EN BREF
Les journées fraîches et nuageuses ont encore dominé cette semaine, mais elles ont été entrecoupées de quelques journées plus chaudes et ensoleillées. Les averses localisées ont laissé entre 10 et 25 mm de pluie. Les régions au sud du fleuve ont reçu un peu plus de précipitations ces derniers jours. Les températures de jour et de nuit ont été à la hausse, mais le soleil n'est pas encore très présent. Le mercure a frôlé le point de congélation dans la nuit du 10 au 11 mai et certaines régions plus au nord ont connu un gel au sol. Cependant, celui-ci a été sans conséquence. Le détail de la météo de la dernière semaine se trouve dans le
sommaire agrométéorologique du 8 au 14 mai 2024.
STADES DE DÉVELOPPEMENT
Régions |
'Killarney'
(été) |
'Pathfinder'
(automne) |
'Tulameen'
(longues cannes hors-sol sous abris) |
Stades |
Hauteur des nouveaux drageons |
Hauteur des nouveaux drageons |
Stades |
Montérégie
|
Bouton vert serré à bouton vert dégagé |
15 à 20 cm |
20 à 30 cm |
Débourrement à Fin de la pointe verte |
Laurentides
et Lanaudière
|
Bouton vert regroupé |
20 cm |
15 cm |
Fin de la pointe verte |
Estrie, Centre-du-Québec
et Mauricie
|
Pointe verte à bouton vert regroupé |
10 à 15 cm |
0 à 15 cm |
Bouton vert dégagé (sous grands tunnels) |
Chaudière-Appalaches et Capitale-Nationale
|
Fin de la pointe verte à bouton vert serré |
0 à 15 cm |
5 à 10 cm |
1re sortie :
Fin de la pointe verte
2e sortie :
Débourrement |
Bas-Saint-Laurent et Saguenay–Lac-Saint-Jean
|
Pointe verte (variété 'Nova') |
3 à 5 cm |
ND |
ND |
Stade de de la variété 'Killarney' au Centre-du-Québec, 14 mai 2024
William Laforge, agr. (Fertior)
DÉBOURREMENT INÉGAL EN CHAMP
Plusieurs collaborateurs nous rapportent un débourrement très inégal en champ, surtout pour la
variété 'Killarney'. Pour certains, les bourgeons non développés sont bruns lorsque coupés, alors que pour d'autres, les bourgeons sont verts, mais ont un très grand retard par rapport aux autres bourgeons sur la même canne (stade « débourrement » vs « bouton vert serré »). Comme pour les cannes en hors-sol, il est difficile de déterminer la cause exacte de ce phénomène. L'hiver particulièrement doux et sans neige dans plusieurs régions peut nous faire suspecter une
cause abiotique. L'accumulation insuffisante d'heures de froid (
chilling) est l'une des causes les plus souvent rapportées dans la littérature pour le débourrement inégal et erratique des cannes. Cela n'est généralement pas un problème en champ au Québec, mais les conditions de l'hiver dernier ont été inhabituelles. Il est également possible qu'une perte de dormance pendant l'hiver suivie d'un retour du froid puisse avoir endommagé les tissus vasculaires, sans causer la mort totale de la canne.
Avec l'été pluvieux de 2023, très favorable aux maladies, on ne peut pas écarter les
causes phytosanitaires, notamment la
brûlure des dards. Les bourgeons infectés restent petits, fanent ou ne débourrent pas. Ils sont également plus sensibles au gel hivernal. Cette maladie affecte l’écorce superficiellement et les tissus vasculaires sous-jacents restent intacts, d'où le débourrement possible des autres bourgeons non infectés sur la canne. À noter que les symptômes observés en ce moment proviennent d'une infection ayant eu lieu l'année précédente et en conditions très pluvieuses, cette maladie peut détruire une grande partie des bourgeons sur la tige. Il est donc important de rester vigilant pour protéger les nouvelles tiges cette année. D'autres maladies pourraient affecter le développement des tiges, notamment le
Botrytis sur tige et la
brûlure des tiges. Dans le cas de maladies de sol, dont le
pourridié des racines, le non-débourrement des bourgeons sera plus uniforme sur la tige et le système vasculaire serait affecté (couleur brune).
Dans tous les cas, faites le suivi de ces champs pour voir l'évolution dans les prochaines semaines. Pour en savoir plus, référez-vous à la fiche
Débourrement inégal des bourgeons.
Débourrement inégal de la variété 'Killarney' en champ, 14 mai 2024
Audrey Savard, agr. (Club Lavi-Eau-Champ)
BRÛLURE DES DARDS
Des symptômes de la
brûlure des dards ont été observés sur les tiges par plusieurs collaborateurs cette semaine, avec une pression allant de faible à élevée, selon les sites. Les symptômes observés à ce temps-ci de l'année se situent principalement au niveau des bourgeons et se caractérisent par des plages grisonnantes ponctuées de points noirs (pycnides). Ce sont les structures de survie du champignon. Les spores sont libérées d'avril à août, mais le pic d'éjection a lieu en ce moment (mai). Il est donc important de protéger les nouvelles tiges. Les spores se dispersent par l’eau (la pluie et les éclaboussures d’eau) et le vent. Les conditions favorables au développement du champignon sont une humidité élevée, des pluies fréquentes et une température chaude. Les conditions sont donc favorables en ce moment dans certaines régions.
Pour cette maladie, toutes les pratiques préventives favorisant l'aération et le séchage rapide des plants sont à préconiser. Si des traitements fongicides sont prévus, des stades de développement précis du framboisier doivent être respectés, soit : une première intervention au débourrement jusqu’à la pointe verte de la tige fructifère et une deuxième intervention lorsque les nouvelles tiges végétatives ont entre 25 et 30 cm de hauteur. Pour en savoir plus, consultez la fiche
Brûlure des dards.
Quelques symptômes de brûlure des dards sur les tiges fructifères observables au printemps
Photos à gauche et au centre : William Laforge, agr. (Fertior); Photo à droite : François Demers, agr. (Club Les Productions Écolo-Max)
POURRIDIÉ DES RACINES
Des cas de plants de faible vigueur causés par le
pourridié des racines sont rapportés cette semaine. Pour le moment, les symptômes sont localisés principalement dans les baissières et dans les sites avec historique. Compte tenu des conditions très favorables à sa dispersion en 2023 (présence d'eau libre due aux pluies répétées), cette maladie sera à surveiller dans les prochaines semaines. Les symptômes devraient s'accentuer lorsque la demande en eau des plants est plus élevée, généralement lors de grandes chaleurs ou de la mise à fruit.
PRÉSENCE D'ANTHONOMES
Des anthonomes ont été dépistés au Centre-du-Québec, en Estrie, dans les Laurentides et en Montérégie, mais aucun bouton coupé n'a été rapporté. Sur certains sites, le seuil a été atteint et un traitement au MALATHION a été recommandé. On rappelle que le seuil d'intervention disponible est emprunté à celui de la fraise (6 anthonomes par 100 hampes florales). Selon votre tolérance, il est possible de modifier le moment d'intervention en fonction des dommages observés, de la météo à venir ou du nombre de boutons présents. Le dépistage doit se poursuivre tant qu'il y a des boutons floraux. Pour en savoir plus sur la méthode de dépistage et les seuils d'intervention, consultez la fiche technique
Anthonome de la fleur du fraisier.
PUNAISE TERNE ET BYTURE
Des punaises ternes adultes ont été dépistées au Centre-du-Québec et en Montérégie. Leur présence demeure faible et aucune intervention n'a été recommandée. Les premiers adultes de
byture ont été observés cette semaine et des dommages aux boutons floraux (boutons percés) sont rapportés en Montérégie. Aucun traitement n'a été recommandé. On rappelle que la larve peut causer l’avortement et la chute des boutons floraux. L’évolution des populations est donc à suivre.
Différents stades de développement du byture et ses dommages sur un bouton floral
Source : LEDP (MAPAQ)
TÉTRANYQUES
Les premiers tétranyques à deux points
(adultes et larves) ont été rapportés cette semaine. Ils ont été observés dans le bas des plants en champ, en production hors-sol et sur les nouvelles repousses en framboise d'automne. Leur présence est généralement faible pour le moment, mais pour certains sites en production hors-sol, les populations étaient assez élevées pour recommander un traitement acaricide. Des acariens prédateurs indigènes ont été observés sur quelques sites. En production biologique, des introductions préventives d'acariens prédateurs (dont
Neoseiulus californicus) sont prévues la semaine prochaine en Capitale-Nationale. Pour plus de détails, consultez la fiche technique
Dépistage et contrôle des tétranyques dans les framboisières.
SAVEZ-VOUS RECONNAÎTRE VOS ALLIÉS CONTRE LES TÉTRANYQUES?
Certains ennemis naturels indigènes peuvent nous aider dans le contrôle des tétranyques. Il est important de pouvoir les reconnaître! C'est le cas de
Stethorus punctillum, une petite coccinelle noire d'environ 1,5 mm. Les larves et les adultes se nourrissent de tous les stades de plusieurs espèces de tétranyques, dont le tétranyque à deux points. L'adulte pourrait consommer entre 75 et 100 tétranyques par jour.
Les
acariens phytoséiides sont également de bons alliés. Ils sont en forme de poire, souvent de couleur beige et ont un aspect brillant. Ils sont de taille similaire aux tétranyques, mais se déplacent très rapidement en bougeant rapidement leurs pattes avant. Pour avoir une idée des acariens phytoséiides en action, vous pouvez regarder
cette vidéo. Il existe plusieurs espèces de phytoséiides, dont
N. fallacis et
Amblyseius andersoni, et celles-ci sont très similaires à l'oeil nu. Il est donc très difficile de différencier les différentes espèces. Certaines espèces sont indigènes et d'autres peuvent avoir survécu à l'hiver à la suite des introductions.
Pour les favoriser, il faut éviter d’utiliser des produits phytosanitaires toxiques pour les acariens phytoséiides. Une cote de toxicité sur les ennemis naturels des principaux insecticides, acaricides et fongicides est présente dans l’affiche Production fruitière intégrée Framboise - Édition 2024-2025 et peut vous aider dans le choix des produits.
Prédateurs de tétranyques : Stethorus punctillum et N. fallacis
Source : LEDP (MAPAQ)
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |
Cet avertissement a été rédigé par Stéphanie Patenaude, agr., M. Sc. (MAPAQ) et révisé par Stéphanie Tellier, agr., M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Framboise ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.