COMMENT ÉVALUER LA SCLÉROTINIOSE DANS LE SOYA EN FIN DE SAISON ET QUOI FAIRE EN CAS D'INFECTION
T. Copley1, Y. Faucher2, V. Samson2 et B. Duval2
1. Chercheuse (CÉROM) 2. Agronome (MAPAQ)
Les symptômes de la sclérotiniose sont observés actuellement dans certains champs de soya. Bien que cette maladie puisse causer des pertes de rendement, ce n’est pas toujours le cas, même quand elle est répandue au champ. Il est donc pertinent de bien évaluer la sévérité de la maladie dans un champ, soit de calculer le « DSI » (Disease severity index ou indice de sévérité de la maladie) afin de mieux comprendre si les seuils de dommages économiques ont été atteints. L’évaluation du DSI permet également de planifier les méthodes préventives à implanter pour des années subséquentes afin de réduire de futures pertes.
Voici comment calculer le DSI :
- Choisir 5 à 10 stations de façon aléatoire au champ. Les stations devraient être représentatives de l’état général du champ et ne devraient pas se trouver uniquement dans des foyers symptomatiques.
- Évaluer la sévérité de la maladie sur un minimum de 50 plantes par station, soit 25 plantes par rang. Compter le nombre de plantes dans chaque catégorie suivante :
- 0- Aucun symptôme de la sclérotiniose;
- 1- Maladie présente sur les branches latérales;
- 2- Maladie présente sur la tige principale, mais les gousses sont saines et ne présentent pas de symptômes;
- 3- Maladie présente sur la tige principale et les gousses sont atteintes ou plante symptomatique et flétrie ou plante morte.
- Calculer le DSI selon la formule suivante :
Voici quelques pratiques à considérer si des pertes sont observées à cause de la sclérotiniose du soya :
- Faire une rotation de deux ou trois ans avec des cultures non-hôtes, comme le maïs ou, préférablement, les céréales. La densité de la canopée des céréales favorise la fructification des sclérotes, réduisant davantage la quantité d’inoculum au champ comparé aux rotations uniquement avec du maïs.
- Semer un cultivar résistant. Le guide RGCQ permet de comparer les cultivars dans des tests standardisés. Autrement, certaines compagnies fournissent également leurs propres cotes.
- Semer à 30 pouces ou au minimum 15 pouces et réduire les taux de semis (populations) pour permettre au sol de sécher. Une canopée dense (ou la fermeture de la canopée) favorise un sol humide et encourage le développement d’apothécies (champignons produisant les spores infectieuses). En augmentant l’écartement des rangs et en réduisant le taux de semis, le sol sèche davantage entre les averses, ce qui réduit les risques d’apparition des apothécies.
- Éviter de surfertiliser le soya avec des engrais organiques. La surfertilisation crée souvent une canopée plus dense, favorisant un sol humide et l’apparition des apothécies.
- L’efficacité du traitement fongicide dépend du moment d’application et de la qualité de l’application. Une application aux stades à risques (R1 à R3) et une bonne couverture du plant, celle qui atteint toutes les parties de la plante, surtout les fleurs, assure une meilleure efficacité de lutte.
- Les champs de soya en semis direct sont aussi souvent moins affectés par la pourriture à sclérotes. Les sclérotes laissés au sol sont plus susceptibles d’être détruites par le gel, les insectes ou les maladies. Aussi, le soya en semis direct démontre souvent un développement de biomasse aérienne inférieur au soya en champ travaillé. Cela permet de diminuer l’humidité entre les rangs de soya et de réduire les risques de développement de la maladie.
Afin de répertorier la présence de moisissure blanche et des dommages aux grandes cultures dans toutes les régions du Québec, le RAP invite les entreprises agricoles et leurs conseillers à signaler la présence de la maladie et si une application de fongicide a été faite à rapcerom@cerom.qc.ca.
JAUNISSEMENT DU SOYA EN FIN DE SAISON : NORMAL OU PAS?
Auteurs 2022 : M. Neau1, S. Brousseau-Trudel2, B. Duval2 et V. Samson2
1. CÉROM 2. Agronome (MAPAQ)
Le jaunissement des feuilles peut toutefois être causé par un problème phytosanitaire. Si les feuilles du haut jaunissent en premier, il est probable qu’un phénomène autre que la sénescence soit en cause, comme une carence en potassium, une maladie, un coup de soleil ou un dommage d’ozone.
Pour en savoir davantage sur ces différents problèmes, consultez la fiche technique Jaunissement du soya en fin de saison : sénescence normale ou problème phytosanitaire?
PLUSIEURS CAS DE MAUVAISES HERBES RÉSISTANTES AU GLYPHOSATE
RAPPORTÉS DANS LES DERNIÈRES SEMAINES
S. Mathieu1 S. Flores-Mejia2 et A. Picard1
1. Agronome (MAPAQ) 2. Chercheuse (CÉROM)
À cette période de l’année, les mauvaises herbes dépassent la canopée du soya, ce qui facilite leur dépistage. Leur identification et le diagnostic des résistances sont primordiaux afin de planifier une stratégie de lutte adéquate pour les contrôler. Pour savoir comment établir un diagnostic de résistance des mauvaises herbes et en apprendre davantage sur les méthodes diagnostic de résistance, consultez l’avertissement Dépistage des mauvaises herbes et détection de la résistance ainsi que votre trousse Résistance des mauvaises herbes pour 2023.
DÉSHERBAGE DE FIN DE SAISON
S. Mathieu1, V. Samson1 et B. Duval1
1. Agronome (MAPAQ)
La fin de la saison culturale est une bonne période pour réprimer efficacement les mauvaises herbes vivaces (pissenlit, plantain, etc.), les annuelles hivernantes (bourse-à-pasteur, vergerette du Canada, etc.) et les bisannuelles (armoise bisannuelle, petite bardane, etc.). Un dépistage doit d’abord être réalisé afin d’établir la ou les meilleures stratégies de lutte intégrée. Il permet de déterminer la nécessité d’intervenir ou non en prérécolte ou en postrécolte. Il permet aussi de déceler d’éventuelles résistances aux herbicides. En cas de doute, des échantillons peuvent être acheminés au LEDP.
Stratégies de lutte
Travail de sol
Régie
Herbicides
- Fiche technique Le dépistage des mauvaises herbes et le désherbage de fin de saison.
- Quelques informations sur des mauvaises herbes problématiques dans les fiches techniques Morelle noire de l’Est, Armoise bisannuelle et Amarante tuberculée.
- Service de détection de la résistance des mauvaises herbes du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ.
PENSEZ AUX CÉRÉALES D'AUTOMNE
1. Agronome (MAPAQ)
Les prochaines semaines pourraient également être propices au développement de certains ravageurs des céréales d’automne, dont la tipule des prairies et la noctuelle fiancée. Une attention particulière doit donc être portée dans les champs en semis direct et dans ceux ayant déjà eu un historique d’infestation.
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. |