Pour la période du 6 au 12 août 2021, la chaleur et l’humidité ont surtout dominé, et ce, un peu partout en province, mais plus marqué dans les secteurs du sud de la province. Le mercure a atteint des valeurs élevées le jour par moments (dont du 10 au 12 août avec 29 à 33 ºC selon la région), et aussi avec des nuits souvent chaudes (sommaire agrométéorologique). Des averses ou orages ont donné des accumulations bien variables selon la région et la localité, avec un cumul de 0 à 35 mm environ (carte des précipitations des sept derniers jours). Pour les sept prochains jours (soit du 13 au 19 août), Environnement Canada annonce le passage d’une perturbation au cours de la nuit prochaine ou demain, ce qui apportera à priori des précipitations plutôt légères, sauf en cas d'orage. Le retour du beau temps est prévu par la suite, avec des températures qui fléchiront un peu les 14 et 15 août, mais remonteront rapidement par la suite pour dépasser à nouveau les valeurs de saison.
Les collaborateurs rapportent un développement bien variable en province selon le cultivar, la date de plantation, le fond du terrain (texture du sol) et la pratique ou non de l’irrigation, entre autres. Dans certaines régions, on mentionne une sénescence accélérée et même du dépérissement (échaudage) de plants. Le dessèchement du feuillage du bas est aussi signalé. Des plants qui étaient bien en santé la semaine dernière, avec une bonne biomasse foliaire, se sont affaissés plutôt subitement (voir les photos ci-dessous). Cela serait en lien avec la chaleur (nuit et jour) des derniers jours, combinée au manque de précipitations. Pour les cultivars de primeurs, les récoltes se poursuivent avec des rendements intéressants et une belle qualité générale. Pour les cultivars de mi-saison, une sénescence ou maturation est rapportée avec un calibre des tubercules mentionné comme bon. Pour les parcelles à maturité plus tardive, le grossissement des tubercules reste à compléter avec la présence de feuillage encore passablement vert et même une floraison par endroits (ex. : 'Russet Burbank' dans la Capitale-Nationale). La pratique de l’irrigation s’est poursuivie ou a débuté afin de réduire l’impact des hautes températures. L’évasement des plants de pomme de terre sous la chaleur a permis à plus de mauvaises herbes (graminées, feuilles larges) de percer le couvert végétatif de la culture. L’inventaire de ces adventices devrait être fait afin de bien les contrôler, au besoin, durant l’année de rotation.
INSECTES et ACARIENS
La saison avance et les principaux ravageurs sont rapportés comme étant sous contrôle un peu partout en province, sauf localement. La situation s’explique par des interventions menées avec succès plus tôt en saison et/ou des populations présentement sous les seuils d’intervention. Malgré cela, le dépistage devrait se poursuivre pour s'assurer du maintien d'une biomasse foliaire adéquate des plants, principalement pour les champs à maturité plus tardive.
Les adultes estivaux du doryphore de la pomme de terre continuent à être observés dans plusieurs régions, principalement en bordure des champs ou dans les secteurs où un contrôle déficient de la première génération de larves a eu lieu. Avec la photopériode en diminution, des adultes vont bientôt migrer vers des secteurs plus abrités, en bordure des champs, afin de s’enterrer dans le sol et d’y passer l’hiver. Ils émergeront par la suite le printemps suivant pour coloniser les champs voisins. Une méthode de lutte préventive et efficace, si cela est possible, est de pratiquer des blocs de rotations et de ne pas cultiver de pommes de terre à moins de 300-400 mètres d’un champ qui était en production en 2021.
Selon les données du Réseau de piégeage provincial du MAPAQ (tableau 1) et de celles en provenance de certains collaborateurs, l’activité des adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a diminué en cours de période, sauf localement. Cependant, des données sont incomplètes pour certaines régions. Il se peut que des champs moins attrayants expliquent la baisse de leur activité par endroits. Peu de symptômes foliaires associés à leur activité sont observés en production conventionnelle, et un peu plus en régie biologique, sans toutefois mettre en danger la culture. Le suivi par pièges collants, mais surtout par des observations visuelles au champ, devrait se poursuivre, particulièrement pour les parcelles à maturité plus tardive dont le feuillage est encore en santé.
Tableau 1 : Moyenne des adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) et de la cicadelle de l'aster (CA), par piège, en date du 12 août 2021
Moyenne/piège | Date de prélèvement | |||||||||||||||||||
2021-06-06 2021-06-12 |
2021-06-13 2021-06-19 |
2021-06-20 2021-06-26 |
2021-06-27 2021-07-03 |
2021-07-04 2021-07-10 |
2021-07-11 2021-07-17 |
2021-07-18 2021-07-24 |
2021-07-25 2021-07-31 |
2021-08-01 2021-08-07 |
2021-08-08 2021-08-14* |
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Région | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA |
Bas-Saint-Laurent | 0,5 | 10,3 | 7,8 | 10,5 | 6,5 | 57,3 | 2,0 | 36,5 | 10,5 | 7,8 | 3,5 | 8,5 | 3,5 | 4,3 | 2,8 | 9,3 | 11,7 | 7,0 | ||
Capitale-Nationale | 29,3 | 15,1 | 11,7 | 14,1 | 16,3 | 15,7 | 81,7 | 9,1 | 50,5 | 8,9 | 66,9 | 5,8 | 81,1 | 8,1 | 20,8 | 8,0 | 12,6 | 5,6 | 6,1 | 5,6 |
Chaudière-Appalaches | 23,3 | 5,3 | 12,0 | 25,8 | 10,3 | 7,5 | 17,0 | 12,3 | 17,3 | 9,7 | 1,8 | 4,8 | 19,8 | 11,3 | 13,0 | 17,8 | 5,0 | 41,8 | 4,8 | 23,5 |
Lanaudière | 6,5 | 4,0 | 21,4 | 5,0 | 21,5 | 3,4 | 21,5 | 2,4 | 23,8 | 0,5 | 19,7 | 1,6 | 10,5 | 1,5 | 35,1 | 0,3 | 21,1 | 0,6 | ||
Laurentides | 31,0 | 71,5 | 45,0 | 65,5 | 102,0 | 35,0 | 33,5 | 2,5 | 5,5 | 2,0 | 14,5 | 2,5 | 11,0 | 5,5 | ND | ND | ||||
Mauricie | 12,0 | 19,5 | 9,0 | 36,0 | 19,0 | 51,5 | 6,0 | 6,5 | 9,0 | 6,0 | 34,5 | 43,0 | 42,0 | 23,0 | 46,0 | 9,5 | 24,5 | 42,0 | ||
Montérégie-Est | 7,0 | 3,0 | 16,0 | 23,0 | 22,0 | 3,5 | 47,5 | 6,5 | 37,5 | 4,5 | 0,0 | 9,0 | 52,0 | 59,0 | 174,5 | 128,0 | 347,5 | 128,5 | ND | ND |
Montérégie-Ouest | 15,5 | 5,5 | 9,5 | 1,0 | 18,0 | 0,5 | 9,5 | 0,5 | 4,5 | 0,0 | 5,5 | 0,0 | 9,0 | 0,0 | ND | ND | ND | ND | ||
Outaouais | 87,0 | 2,0 | 16,5 | 1,0 | 3,0 | 1,0 | 18,0 | 2,5 | 4,5 | 0,5 | 6,0 | 1,5 | 3,0 | 0,5 | 3,0 | 0,0 | 2,5 | 0,5 | ||
Saguenay-Lac-Saint-Jean | 0,0 | 3,0 | 4,0 | 1,8 | 2,5 | 4,0 | 0,8 | 1,5 | 0,0 | 0,8 | 1,0 | 0,3 | 0,0 | 0,0 | 0,3 | 4,8 | ||||
Total général | 24,4 | 10,6 | 15,8 | 14,0 | 15,3 | 13,1 | 34,5 | 16,4 | 29,4 | 10,5 | 24,8 | 3,9 | 31,6 | 9,9 | 21,2 | 12,2 | 35,4 | 16,0 | 10,3 | 8,5 |
ND : données non disponibles
Collaboration : Jean-Philippe Légaré, biologiste-entomologiste (MAPAQ)
Remarque : Chaque champ est différent et les données présentées dans le tableau ci-dessus le sont à titre indicatif seulement. Elles ne doivent pas servir de justification pour intervenir contre les cicadelles dans votre région.
Un suivi des altises à tête rouge adultes est fait dans quelques secteurs de la province (ex. : Mauricie, Centre-du-Québec, Capitale-Nationale). Des interventions localisées pourraient être envisagées en vue de conserver le plus de feuillage sain, pour des champs avec une maturité plus tardive.
Malgré le temps chaud et plutôt sec depuis le début du mois d’août, l’activité des pucerons demeure plutôt légère selon les collaborateurs du RAP. C’est un bon contraste avec la saison dernière où les populations étaient très élevées à cette période-ci.
Du côté des autres ravageurs, on peut mentionner la présence d’un peu de tétranyques en bordure de quelques champs, localement (ex. : Capitale-Nationale), mais loin de causer des problèmes.
Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’est à signaler au Québec depuis le début de la présente saison. Le site Web du USA Blight mentionne un nouveau cas (en date du 9 août) dans l’État du Maine, près de la frontière avec le Nouveau-Brunswick, et un autre dans le sud de l’Ontario (en date du 10 août), mais celui-ci dans la tomate. On mentionne que la situation est sous contrôle avec les mesures nécessaires qui sont prises. Concernant des réseaux de capteurs de spores en opération au Canada, aucune nouvelle capture de mildiou dans la pomme de terre n’a eu lieu dernièrement en Ontario et au Manitoba, et aucune capture n’a été faite dans les provinces maritimes (Île-du-Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick) depuis le début de la saison. Pour le Québec, des producteurs-collaborateurs de quelques régions ne rapportent pas non plus de spores piégées. Des périodes favorables à la maladie ont été identifiées par endroits (modèle Miléos) pendant la semaine qui se termine. Même en condition de faibles précipitations, une hygrométrie élevée la nuit et le matin peut provoquer une sporulation du champignon. Il faut donc maintenir une protection fongicide raisonnée jusqu’au défanage complet de la culture. Les parcelles avec des plants encore bien verts et celles où un tassement de plants a eu lieu sont particulièrement attirantes pour le champignon.
Les symptômes associés à la brûlure hâtive ont augmenté en cours de période, et ce, à peu près partout en province, mais à des niveaux variables. Cela est le plus souvent en lien avec le dépérissement ou la sénescence des plants. Des taches associées à cette maladie sont observées sur l’étage central des plants dans des champs de certains cultivars, ce qui nécessite une attention particulière.
La dartrose et le flétrissement verticillien ont également profité de la sénescence de plants pour s’y développer. On en rapporte de plus en plus un peu partout en province, mais à des niveaux variables selon le cultivar, le fond du terrain et les pratiques culturales. Dans certains cas, il se peut qu’une irrigation inadéquate par temps chaud augmente les symptômes, en particulier du côté de la dartrose.
À l’opposé, des collaborateurs rapportent plutôt une stabilité dans le développement de maladies comme la jambe noire, la moisissure grise et la pourriture sclérotique. Cependant, avec des plants qui étaient bien végétatifs en juillet et qui s’écrasent maintenant dans des allées, des symptômes de ces maladies sont maintenant plus visibles dans des champs.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC) et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |