CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 4 au 10 juin 2021, les températures ont graduellement augmenté pour atteindre des valeurs très élevées partout en province, plus marquées dans les régions du sud et de l’ouest. La barre du 30 oC a été dépassée à quelques occasions, surtout les 7 et 8 juin, avec des records de températures maximales journalières qui ont été fracassés dans plusieurs localités. À partir du 9 ou du 10 juin, selon la région, le mercure est subitement redescendu à des valeurs plus saisonnières et même en dessous par endroits (sommaire agrométéorologique). Du côté des précipitations, quelques averses ou orages localisés ont eu lieu les 5 et 8 juin, laissant très peu de quantités sauf dans les secteurs des Laurentides et de Trois-Rivières, avec plus de 25 mm localement, le 8 juin (carte des précipitations). Pour les 7 prochains jours (soit du 11 au 17 juin), Environnement Canada nous annonce des températures variables, mais le plus souvent près de la moyenne saisonnière. Des précipitations pourraient survenir à partir de lundi 14 juin, avec des quantités variables en province, mais toujours sans intensité a priori.
Malgré le temps sec et parfois venteux qui perdure un peu partout, les collaborateurs rapportent une bonne croissance de la culture. La levée de derniers semis est rapide, sans problème particulier. Cependant, des signes de stress commencent à être plus visibles dans certaines parcelles plus avancées du sud de la province. La pratique de l’irrigation s’est intensifiée dans ces secteurs et débute localement dans le centre de la province. Par contre, des producteurs hésitent en ce début de saison, étant donné les réserves en eau qui sont plus basses que la normale. Depuis le 1er mai 2021, il est tombé peu de précipitations, en particulier dans les régions plus au sud. La figure 1 présente les écarts par rapport à la moyenne, toujours depuis le 1er mai. Les dommages par le gel rapportés la semaine dernière se sont résorbés graduellement dans les parcelles touchées, avec une bonne pousse végétative, mais cela causera un certain retard dans la maturité des plants. Les semis sont pratiquement terminés dans les régions plus au nord et à l’est. Des parcelles sont en fleurs dans la grande région de Montréal, avec une tubérisation en cours. Les chantiers pour le sarclage mécanique et le renchaussage se poursuivent ou débutent selon la région.
selon les collaborateurs du RAP (en date du 10 juin 2021)
Régions | Stade de la culture (primeur) |
Montérégie-Ouest et Montérégie-Est | Début floraison à floraison |
Outaouais | Plants 20 à 25 cm |
Lanaudière | Début floraison à floraison |
Centre-du-Québec, Mauricie, Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches | Début bouton floral |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Abitibi-Témiscamingue |
Plants 5 à 10 cm |
INSECTES
Du côté de la cicadelle de la pomme de terre (CPT), les premières données en provenance du Réseau de piégeage provincial supervisé par le MAPAQ ne seront finalement disponibles qu’à partir de la semaine prochaine. Un dépistage à la ferme réalisé par des collaborateurs des régions de Québec et de Montréal indique une progression des captures des adultes de la CPT pour cette semaine, avec de 0 à 24 individus/piège/semaine, selon la parcelle. Cela représente un début de saison hâtif pour la CPT. Même si aucune activité d’adultes ou de nymphes n’est encore rapportée sur des plants de pomme de terre, les producteurs sont invités à commencer dès maintenant le dépistage à la ferme de cet insecte, et ce, dès la levée de la culture (installation de pièges collants englués).
Des vers gris (larves de noctuelles) sont à nouveau présents cette semaine, principalement dans les secteurs de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches. Ils ne causent pas, présentement, de dommages quantifiables à la culture, et aucune intervention n’a été réalisée. Le suivi par des visites régulières au champ est toutefois nécessaire.
Pour les autres insectes d’intérêt, l’activité des altises (en bordure de champs sans application d’insecticide au semis) et des larves de fil-de-fer (localement) n’a pas progressé en cours de période. Des méloés cendrés (photo 2) sont observés dans quelques parcelles. Ce coléoptère, plus présent ces dernières années dans la culture de pomme de terre, peut provoquer une défoliation de plants en bordure de champs, mais cela justifie très rarement une intervention.
Le réchauffement du sol et les carences en précipitations n’ont pas favorisé le développement de pourritures de plantons (surtout bactérienne et fusarienne) et de nécroses sur des tiges (rhizoctone brun). Du côté du mildiou de la pomme de terre, selon le site du USA Blight, il n'y a toujours aucun cas signalé depuis le début de la saison 2021, en Amérique du Nord. Pour notre province, les conditions chaudes (températures de plus de 30 oC), ensoleillées et surtout sèches, avec une hygrométrie peu élevée la nuit, n’ont pas représenté des conditions favorables au développement du champignon. Il est bon de rappeler à nouveau que la lutte préventive contre le mildiou débute par une bonne gestion des tas de déchets (ou rebuts) et des repousses de plants de pommes de terre dans des champs en rotation.
MAUVAISES HERBES
En général, le contrôle des mauvaises herbes est rapporté comme bon, mais parfois variable selon la région. Il y a eu quelques échappées par endroits, mais cela resterait sous contrôle. Cependant, dans certains secteurs où des semis ont été réalisés plus tardivement, la levée rapide de la culture combinée à des conditions souvent venteuses et sèches ont compliqué le contrôle des adventices. On rapporte peu de phytotoxicité à la culture présentement, à la suite des interventions avec des désherbants. La présence du souchet comestible dans des champs en pomme de terre est de plus en plus rapportée, entre autres au centre de la province. Les nouvelles infestations débutent souvent en bordure d’un champ (photo 3), à la suite d'une introduction par de la machinerie qui avait préalablement opéré dans une parcelle infestée de souchet. Un bon moyen de lutte préventive consiste donc à bien nettoyer la machinerie qui travaille le sol, lors du passage d’un champ à un autre. Un dépistage adéquat permet également d’identifier les zones à risque et d’y appliquer des mesures de contrôle par la suite, pour en réduire la propagation à l’ensemble du champ.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC) et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |