Au rythme des saisons : Les semences
![Au rythme des saisons : Les semences](/documents/Image_113101.jpg)
La terre, c’était l’ambition, l’avenir, la vie. La culture de la terre s’apprenait dès le jeune âge et se transmettait de père en fils. D’abord, le jeune garçon doit non seulement aider son père dans les travaux de la ferme, mais il secondera aussi sa mère quand le mari devra s’absenter pour aller travailler dans les chantiers ou à la sucrerie. Vers l’âge de 13 ans, l’enfant se mettra au service d’un cultivateur âgé ou malade afin de l’aider à l’époque des foins, des récoltes, des labours ou autres durs travaux pour un salaire de 10 ¢ la journée, du levant au couchant du soleil.
Plus tard, lorsque le jeune homme possédera sa propre terre, il aura acquis d’expérience toutes les connaissances pour faire produire sa terre. Peut-être sera-t-il illettré, mais il sera maître dans l’art de la culture. Dans son humilité, l’amour de la terre lui suffit pour accomplir une œuvre de dur labeur, remplie d’exigences et de renonciations compensées par la satisfaction, la paix et l’honneur.
Les semences
Au printemps, dès que la terre sèche, c’est le temps des semences. Celui qui a arraché sa terre à la forêt en connaît les moindres recoins. Il la possède dans sa tête, dans son cœur et dans ses bras. Il connaît ses besoins; il exécutera donc les travaux appropriés. Un sol dur est labouré à l’automne pour que la gelée le rende moins compact. Au printemps, la charrue retourne la terre devenue légère et sablonneuse sous l’effet de la fonte des neiges et de l’engrais naturel (le fumier) déposé là en hiver.
Avant de semer, le cultivateur attelle son cheval ou son bœuf à une herse à manchons ayant plusieurs rangées de dents de bois. Avec cet instrument, il parcourt toute l’étendue du champ, dans les deux sens, afin de briser les sillons et d’égaliser la terre. Cependant, il ne hersera que la partie qui sera ensemencée la journée même. Ce travail exécuté, il procédera à la semence de l’avoine. Sous le bras gauche, le semeur presse sur lui un sac de grains dont le fond est attaché par une corde qu’il passe par-dessus la tête. Ainsi suspendu à son cou, le fardeau est moins pénible. De sa main gauche il maintient l’ouverture de la poche, alors que de sa main droite il puise une poignée de grains qu’il fait voler en demi-cercles.
De nouveau, le champ sera hersé pour enterrer l’avoine. Une fois les grains enterrés, on procède à l’égouttement du terrain en creusant à la pelle les raies et les rigoles. Ce travail doit être terminé vers 16 heures afin de semer les petites graines de mil et de trèfle avant la fin du jour.
Les minuscules graines de mil et de trèfle s’épandent par pincées lancées en demi-cercles. Le mélange de ces graines est contenu ordinairement dans un plat de cuisine. Or, cette dernière semence étant achetée, il faut autant que possible n’en prélever que la quantité requise pour ensemencer la dimension déterminée du champ de pâturage. La farinière du grenier recevra le précieux reste pour le printemps suivant. Le serin suffira pour enterrer cette légère semence.
Le lendemain, on ensemence une autre partie de terre labourée. Selon le temps, ces activités de préparation à la récolte requièrent de deux à trois semaines de travial.
Il est interdit de reproduire le texte ou l’image sans autorisation