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Pomme de terre, Avertissement No 9, 14 juillet 2023

Bon développement de la culture, mais excès de pluie par endroits. Taches foliaires abiotiques. Insectes : doryphore bien actif en plusieurs endroits; cicadelle de la pomme de terre stable. Maladies : aucun cas de mildiou, mais les conditions demeurent très favorables; progression de la brûlure hâtive dans le sud de la province; cas de jambe noire en hausse, mais moins que prévu; un peu de dartrose et de virus. Journée au champ dans la pomme de terre.

 
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES

Pour la période du 7 au 13 juillet, la météo n’a pas été de tout repos. Les températures ont continué à être le plus souvent chaudes et humides, mais sous les 30 ºC (sauf les 8 et/ou 11 juillet par endroits). Les nuits ont été également chaudes la plupart de temps, un peu moins en allant vers l’est (voir le sommaire agrométéorologique). Des précipitations sont tombées partout en province, de manière régulière et/ou intense selon le secteur. Les cumuls ont été plus élevés dans les régions du sud et particulièrement du centre de la province. Des quantités de plus de 150 mm ont été enregistrées, survenant entre autres sur deux journées par endroits (ex. : région de Québec, avec 100 à 140 mm les 10 et 11 juillet) (voir la carte des précipitations des sept derniers jours). Des épisodes de grêle ont été rapportés localement. Pour la période du 14 au 20 juillet, Environnement Canada prévoit des températures estivales avec des risques de précipitations sur plusieurs journées, et davantage de quantité pour dimanche. 

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE

La croissance végétative de la culture varie selon la région, de bonne à très bonne en général, selon les quantités en précipitations reçues au cours des deux dernières semaines. Mais les conditions demeurent difficiles par endroits, particulièrement dans Lanaudière, encore plus avec les orages du 13 juillet. Entre autres, les sols sont rendus durcis causant de l’asphyxie racinaire et des épisodes de grêle ont conduit au développement de pourriture de tiges par endroits. Dans les autres régions où de fortes pluies ont eu lieu, causant de l’érosion et de l’eau stagnante, il est encore trop tôt pour statuer sur d'éventuels dommages. Plusieurs désordres d’origine abiotique sont rapportés, conséquence des températures élevées survenues les 5 et 6 juillet, suivies de précipitations parfois importantes. Ces symptômes sont : taches ou nécroses d’insolation foliaires en lien ou non avec des polluants atmosphériques (ex. : ozone), chlorose ou marbrure du jeune feuillage du haut ou du bas de plants, brûlure de la pointe ou de la marge de folioles, etc. Le cultivar 'Goldrush' ne semble pas avoir bien supporté les températures élevées, ce qui est souvent le cas pour cette variété. Les précipitations récurrentes ont conduit à du retard parfois notable pour le renchaussage dans le centre et le sud de la province, avec des plants qui commencent à être très développés. On se demande même si le tout pourra être complété par endroits. L’irrigation est en mode pause partout. Le tableau ci-dessous présente le stade de développement moyen de la primeur ou des parcelles les plus avancées à travers la province.
 
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Exemple de nécroses foliaires du jeune feuillage d'un plant de pomme de terre (associées à une possible carence induite en bore et/ou calcium, des éléments peu mobiles dans la plante)

Amélie Laporte (Pr'Eau maraîcher conseil inc.), 7 juillet 2023

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Nécroses foliaires (insolation et/ou polluants dans l'air) sur un plant de pomme de terre

Amélie Laporte (Pr'Eau maraîcher conseil inc.), 7 juillet 2023

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Nécroses foliaires (insolation et/ou polluants dans l'air), qui ont séché, sur des plants de pomme de terre

Patrice Thibault, agr. (RLIO), 11 juillet 2023

 

Stade de développement moyen de la culture de primeurs pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP (en date du 12 juillet 2023)

Régions Stades de la culture (primeur)
Montérégie-Est et Montérégie-Ouest Postfloraison
Début récolte
Outaouais Floraison
Lanaudière et Laurentides Début récolte à postfloraison
Tubercules 6 à 10 cm
Centre-du-Québec et Mauricie Floraison à fin floraison
Tubercules 4 à 8 cm
Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches Floraison à fin floraison
Tubercules 3 à 7 cm
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean et Abitibi-Témiscamingue Début floraison à floraison
Tubercules 2 à 4 cm

Note : Le tableau ci-dessus indique les stades les plus avancés (pour la primeur) selon l'information reçue des collaborateurs. Selon votre emplacement, les stades atteints peuvent différer et être plus ou moins avancés.
ND : non disponible

 
INSECTES

La pression du doryphore de la pomme de terre est variable en province, mais elle demeure élevée en plusieurs endroits à la suite du temps chaud et humide. Une 2e vague de larves est présente dans des parcelles où la dernière intervention a été moins efficace à la suite des conditions pluvieuses. La bonne biomasse foliaire permet de diluer les dommages de nutrition subis par endroits. Avec les produits appliqués au semis qui ont grandement perdu de leur efficacité un peu partout, la vigilance s’impose. Il demeure important de dépister toutes les parcelles pour n'intervenir que dans celles qui le nécessitent. On ne rapporte pas encore d’activité des adultes estivaux dans le sud de la province.  

L’activité de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) n’a pas augmenté en cours de période selon le piégeage effectué par des collaborateurs. Les captures dans les pièges demeurent sous 10 adultes/piège/semaine, ce qui est donc encore plutôt faible. On ne rapporte pas d’activité de nymphes ou de dommages foliaires associés à leur activité, sauf localement en régie biologique. Un feuillage plus luxuriant permet une meilleure tolérance de cet insecte. Les cultivars de pomme de terre à peau rouge et ceux de type « rond blanc » seraient plus sensibles aux attaques de la CPT. Plus d’informations sur ce bioagresseur sont disponibles dans ce bulletin d'information.

La présence d’autres ravageurs potentiellement nuisibles à la culture et sous surveillance par le RAP est signalée par des collaborateurs, mais leur pression ne justifiait pas d’intervention en particulier, sauf pour les pucerons en zones semencières et la pyrale du maïs dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, où il y a une présence notable de larves dans certaines parcelles, nécessitant une intervention imminente.

 
MALADIES

Aucun symptôme ou cas de mildiou de la pomme de terre n’a été observé au Québec, et ce, depuis le début de la saison. Les risques de développement et de sporulation du champignon ont été, et se maintiennent, élevés dans plusieurs régions de la province, surtout dans les secteurs du sud et du centre. Par exemple, dans la région de Québec, des périodes à risque ont été identifiées à peu près tous les jours depuis le 25 juin (modèle prévisionnel MILÉOS), en lien avec les précipitations reçues, mais également avec une hygrométrie élevée (90 % et plus) sur une longue période durant la nuit. En périodes de risques élevés de la maladie et/ou de la difficulté à rentrer dans les champs (ex. : sols trop humides), l’usage de produits de protection à action pénétrante ou systémique est justifié présentement. Le dépistage au champ devrait s’intensifier partout, en particulier dans les secteurs où du mildiou a été identifié en 2022. Le site Web USABlight ne rapporte pas d’activité du champignon depuis le début de la présente saison de production en Amérique du Nord, de même que les autres sites où un suivi de cette maladie est disponible. Cependant, des captures de spores ont été rapportées dans le secteur du nord-ouest du Nouveau-Brunswick. Si vous suspectez la présence du mildiou dans votre région, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller agricole ou l’avertisseur du RAP Pomme de terre.

Les symptômes reliés à l’activité de la brûlure hâtive (tache alternarienne) ont progressé dans certains secteurs du sud de la province qui ont été affectés par des facteurs météo extrêmes, mais de manière bien variable selon le cultivar et la parcelle. Les infections ont même atteint l’étage supérieur des plants par endroits (voir photo). Certains cultivars de primeurs sont ceux plus touchés présentement (car plus sénescents). Ailleurs en province, les collaborateurs ne rapportent pas encore d’activité ou une faible présence sur l’étage du bas de plants. Une intervention avec un produit plus spécifique contre cette maladie est le plus souvent nécessaire dès l’observation d’un premier symptôme dans l’étage médian des plants.
 
Image Agri-Réseau

Forte infection foliaire par la brûlure hâtive (Alternaria) sur des plants de pomme de terre

Patricia Masse, agr. (Les Fermes MVG inc.), 7 juillet 2023



Quelques nouveaux cas de dartrose sont signalés dans le secteur de Lanaudière, à la suite de conditions favorables au développement du champignon responsable, mais toujours rien ailleurs en province. Un peu comme pour la brûlure hâtive, des plants stressés et plus avancés en âge physiologique sont plus sensibles à la dartrose (qui est une maladie en grande partie de faiblesse ou de fin de cycle de la culture).

Quelques nouveaux cas de jambe noire sont rapportés par des collaborateurs, mais quand même moins que prévu pour le moment, à la suite de conditions considérées comme très propices à son développement.

Les cas de plants virosés mentionnés dans les précédents avertissements ont peu évolué en cours de période. Il est plus facile de les observer (symptômes souvent sous la forme de feuillage marbré ou en mosaïque et feuilles plus petites que les plants en santé) lors de journées nuageuses et calmes.

 
JOURNÉE AU CHAMP DANS LA POMME DE TERRE

Une autre journée d’information technique sur la pomme de terre aura lieu le jeudi 20 juillet 2023, chez une entreprise de la région de Lanaudière cette fois-ci. Pour connaître la programmation de cette journée (inscription gratuite, mais obligatoire) et les sujets qui y seront abordés, veuillez cliquer sur le lien suivant : Journée Pomme de terre Lanaudière. Cette activité est une initiative du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), du Carrefour industriel et expérimental de Lanaudière (CIEL) et des Producteurs de pommes de terre du Québec (PPTQ).

 
Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques. 

 

Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du sous-réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.

Organisation : Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ)
Auteur(s) : RAP - Pomme de terre
Date de publication : 14 juillet 2023

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