Le tarissement: certains producteurs préfèrent le 60 jours conventionnel, d'autres ont opté pour le 35 jours pour presque tout le troupeau, et d'autres encore se promènent un peu entre les deux. Qu'en est-il pour la moyenne au Québec présentement? Le graphique ci-dessous nous démontre que la durée moyenne de tarissement a diminué en moyenne d'une journée par année depuis 2008.
Mais là…tarissement court, tarissement long, tarissement intermédiaire… quelle stratégie est la meilleure? En fait la réponse très plate est que "Ça dépend"! Ça dépend des vaches, ça dépend des installations, ça dépend du quota, et finalement ça dépend du producteur.
Voici donc quelques points importants pour vous aider à vous orienter.
- Une régie adaptée aux vaches
Certaines vaches produisent encore 25, 30 ou même 35 kg de lait 2 mois avant le vêlage. Ces vaches vont certainement être difficiles à tarir. Ce sont celles qui bénéficient le plus d'un tarissement plus court, et ce sont celles qui rapportent le plus de lait supplémentaire. À l'inverse, une vache qui produit 12-15 kg/j 60 jours avant le vêlage peut être tarie rapidement.
- Une régie adaptée aux installations
Tarir les vaches moins longtemps implique automatiquement plus de vaches en lactation. Il faut donc que les installations permettent de traire un plus grand pourcentage du troupeau. De la même façon, les groupes de vaches taries et en préparation au vêlage vont aussi être différents en nombre: Par exemple avec un tarissement de 35 jours les vaches vont toutes aller directement dans le groupe de préparation au vêlage. Il faut donc que ce groupe puisse accueillir un plus grand nombre de vaches tout en offrant le confort et l'espace à la mangeoire que ces grosses vaches nécessitent.
- Selon le quota disponible
Bien entendu, si on est déjà en hors quota il n'est peut-être pas stratégique de songer à réduire la durée du tarissement pour aller chercher encore plus de lait additionnel à court terme (ou alors vendre quelques vaches). À l'inverse, lors des journées d'automne ou dans les périodes de non-reportable ça pourrait être une pratique très avantageuse.
- Comment les alimenter selon la durée du tarissement?
60 jours: Habituellement on préfère le système à 2 rations. L'important dans ce cas-ci est d'éviter les excès d'énergie durant la première partie du tarissement, qui pourraient prédisposer la vache à faire de l'acétonémie en début de lactation. Puis, il faut bien entendu préparer le rumen pour la ration des vaches en lactation, pour optimiser la performance.
35 jours: En 35 jours, on a pas le temps de faire 2 rations différentes. On passe donc directement de la ration de fin de lactation à la ration de préparation au vêlage. Au besoin, 3-4 jours de foin sec MAXIMUM, mais le foin devrait être donné avant le tarissement (jours -40 à -35) pour aider à tarir. Le fait de donner 35 jours d'une même ration réduit l'adaptation nécessaire du rumen, favorise la consommation, et permet que le rumen soit bien adapté en début de lactation.
45-50 jours: Le fameux tarissement intermédiaire. Super pour certains, désastreux pour d'autres. Si on peut faire une seule ration, diluée avec de la paille pour que l'énergie ne soit pas trop élevée en début de tarissement, ça semble bien fonctionner à la condition que la marche ne soit pas trop haute quand on arrive avec la ration de lactation (notamment pour l'amidon). S'il faut faire 2 rations, il faut s'assurer de garder autant que possible les mêmes aliments et simplement ajuster les proportions entre les 2 groupes, pour que l'impact sur le rumen soit aussi petit que possible. Sinon, on va avoir un tas de problèmes en début de lactation (acétonémie et acidose) en plus d'une production sous-optimale et des effets négatifs sur la reproduction.
- Est-ce que c'est bon pour tous les troupeaux?
Non, car ça dépend d'un tas de facteurs comme discuté plus haut. Par contre, les troupeaux qui ont des moyennes de tarissement sous 60 jours sont les plus performants, comme le démontrent les graphiques ci-dessous. Et à l'opposé, une moyenne de tarissement de plus de 70 jours suggère un taux de réforme plus élevé.