1er septembre 2023
Récolte de miel d’été et pourcentage d’eau du miel
Cette année, les quantités de miel d’été récoltées ont été très variables selon les régions. Plusieurs apiculteurs ont aussi constaté des décalages dans les entrées de nectar par rapport à la moyenne. D’autres ont aussi pu remarquer que la couleur et le goût du miel étaient différents, le miel d’été étant plus foncé par rapport à ce qui est habituellement récolté.
Un des points communs sur à peu près tout le territoire est la très (trop!) grande présence de pluie, particulièrement pendant le mois de juillet. Cela fait en sorte que le miel dans les alvéoles, même operculé, peut avoir un pourcentage d’eau trop élevé pour permettre sa conservation. Dans ces circonstances, il est crucial de porter une attention particulière au conditionnement du miel pour éviter qu’il ne fermente. Les systèmes « maison » des plus petites entreprises peuvent ne pas être suffisamment efficaces pour déshydrater convenablement le miel operculé.
Le miel est stable lorsque sa concentration en eau se situe sous 17,5%. Le miel fermentera assurément à des concentrations supérieures à 20%. Entre les deux, le risque dépend de la quantité de levures présentes dans le miel.
Quelques conseils :
- Utiliser un réfractomètre pour mesurer le pourcentage d’eau du miel au moment de l’extraction. Si le pourcentage d’eau du miel n’est pas suffisamment bas dans les premiers cadres extraits, il faut arrêter l’extraction et déshydrater davantage. Il est presque impossible de déshydrater le miel une fois extrait et mis en pot.
- Il est possible de mélanger du miel « sec » et du miel « trop humide » afin d’obtenir un miel avec une concentration en eau adéquate.
- S’il n’a pas été possible de déshydrater suffisamment votre miel, conservez-le au congélateur. Dites à vos clients de le consommer rapidement, de le conserver au congélateur ou évitez de le vendre.
Récolte de miel d’automne et traitement du varroa
La nature n’a pas été généreuse en miel d’automne cette année et ce, pour une grande partie des régions du Québec. On remarque cependant une entrée en nectar depuis une ou deux semaines dans certaines régions. Certains apiculteurs seraient tentés d’étirer la miellée et de repousser le début des traitements contre le varroa et le nourrissage des colonies. C’est généralement une mauvaise idée! Les abeilles doivent avoir suffisamment de temps pour conditionner correctement le sirop de nourrissage, mais surtout, il faut que les niveaux de varroas à l’automne soient suffisamment bas afin de produire des abeilles d’hiver en santé. Il ne faut pas non plus oublier que la majorité des traitements disponibles sont dépendant de la température et deviennent moins efficaces à mesure que la température diminue.
Voici les fourchettes de température idéales pour certains traitements d’automne :
- Thymovar : Entre 12 et 30°C
- Acide formique 65% et Formic Pro : Entre 10 et 24°C
- Hopguard 3 : Entre 11 et 33°C
- ApiLifeVar : Entre 18 et 35°C
- Apivar : Pas de restriction. Cependant, ce traitement devrait être votre dernier choix, étant donné les soupçons de résistance qui y sont associés.
Nourrissage automnal et bonnes pratiques
En raison de la faible miellée automnale de cette année, plusieurs apiculteurs ont dû fournir un nourrissage d’appoint en plein mois d’août pour éviter que les colonies ne meurent de faim. Le début du nourrissage d’automne peut aussi être variable d’un apiculteur à l’autre, étant donné la récente entrée en miel d’automne. Dans ces circonstances, il est important de penser à ses voisins apiculteurs et de mettre en place quelques bonnes pratiques afin d’éviter que les abeilles du voisin n’aillent chercher du sirop chez nous pour l’entreposer dans leurs hausses à miel. On ne veut surtout pas récolter du miel contaminé par du sirop de nourrissage!
Préférer le nourrissage individuel plutôt que collectif.
Utiliser des nourrisseurs individuels permet de s’assurer que chaque colonie est suffisamment nourrie pour passer l’hiver. Cela permet aussi de limiter le pillage, ce qui éviter que le miel du voisin ne soit contaminé par du sirop de nourrissage, en plus de diminuer la dispersion des maladies. Un baril ouvert peut être détecté par les abeilles à plusieurs kilomètres de distance et l’emplacement des ruchers des voisins ne sont pas toujours connus.
Ne jamais nourrir en baril si vous devez traiter les colonies avec des antibiotiques. Suiviez les recommandations émises par votre vétérinaire.
Utiliser du matériel en bon état.
Un nourrisseur qui coule incite les abeilles au pillage. Il faut donc utiliser des nourrisseurs en bon état et les placer correctement sur les ruches pour éviter l’entrée d’abeilles ou de guêpes. Pensez à apporter du ruban adhésif avec vous pour colmater des fuites éventuelles.
Placer des réducteurs d’entrée.
Les nucléi et les colonies plus faibles sont plus susceptibles de se faire piller. Le fait de réduire l’entrée permet aux gardiennes de mieux se défendre contre les intrus.
Bulletin rédigé par Martine Bernier, responsable du transfert technologique et de la formation en apiculture | CRSAD